Tanger: meurtre délibéré, loi violée…
De combien de manifestations a-t-on besoin pour exprimer son indignation et sa révolte devant des comportements et des faits devenus monnaie courante dans un Maroc censé être le plus beau pays du monde ? Comment faire face à cette anarchie qui déploie ses ailes pour répandre l’opacité et l’atrocité humaine ? La pire illustration est le drame qui a secoué la ville de Tanger et le pays tout entier, le mercredi 9 juillet, ce spectacle affreux du policier écrasé et tué, cruellement, par un chauffard irresponsable, sans scrupules, est simplement abject et inqualifiable. Ce pauvre policier qui a eu le malheur de vouloir s’acquitter de son devoir a fini par le payer de sa vie. Scandalisés, on l’est face à ces vidéos et photos circulant sur facebook et se passant de tout commentaire comme pour accentuer davantage l’insécurité qui est devenue le lot de tout un chacun.
Qu’un conducteur refuse de s’arrêter au signal d’un agent de police et le percute même en le traînant le long de plusieurs mètres est grave dans la mesure où cela dénote une grande négligence et une inconcevable transgression de la loi ajoutées à un non-respect au symbole sécuritaire du pays. Ce genre d’agissements indignes peut compromettre l’Etat de droit qu’on cherche à préserver. Il s’agit bien d’un assassinat intentionnel à l’encontre d’un agent de police alors qu’il exerçait ses fonctions, avec délit de fuite sans égards au fonctionnaire qui se vidait de son sang.
Si les autorités qui sont habilitées à protéger les citoyens ne sont plus, elles-mêmes, en sécurité c’est que la société bascule dans l’anarchie totale. Mais force est de constater, avec amertume, que tous les manquements et dépassements se font désormais au nom des droits de l’homme. En effet et depuis quelque temps, quiconque peut justifier ses actes impardonnables en y faisant appel. Or à partir du moment où la loi qu’on qualifiait de raide est devenue élastique et flexible, les négociations battent leur plein aux dépens d’honnêtes et innocentes gens.
Ce meurtre abominable est le miroir grossissant des travers d’une société où l’impunité sévit et où la vie humaine n’a plus de valeur cédant la place à un voyeurisme ambiant de la part d’un écraseur sans conscience et d’une foule qui a préféré filmer la scène dans sa monstruosité au lieu de procurer les premiers soins à un accidenté en besoin d’assistance. En outre, il est judicieux de se poser la question sur le comportement du policier lui-même. Pour intercepter un conducteur, fallait-il se mettre au travers du véhicule et s’y agripper au risque de mettre sa vie en danger ? Si c’est le cas, la Direction générale de la police devrait revoir les dispositifs et les programmes de formation dont elle dote ses agents de sécurité.
Un banal contrôle de papiers qui vire au drame où un policier est fauché et traîné par les roues d’un chauffard qui refuse d’obtempérer, est un crime contre la patrie et contre les emblèmes de la sécurité.
Trop de liberté tue la liberté !