El Othmani a-t-il franchi le Rubicon ?
Le 1er avril dernier n’a pas constitué un poisson d’avril pour ce qui est du projet de liste de gouvernement. Car en effet, le chef de gouvernement désigné Saad Eddine El Othmani a bel et bien remis une liste de noms au Cabinet Royal. Cependant, rien ni personne ne laisse en filtrer la teneur !
Pourtant on doit s’en féliciter et lui rendre hommage d’avoir respecté le délai imparti . D’avoir surtout réussi à franchir cette première et difficile manche, là où son prédécesseur a échoué clairement ! Il se trouve encore quelques commentateurs fielleux de l’entourage de l’ancien chef de gouvernement pour manier le petit canif et les piques et, comme qui dirait pour mettre en doute les capacités de Saad Eddine El Othmani à former un gouvernement à la hauteur des enjeux !
Ils n’ont pas compris encore que la page Benkirane est , ou devrait être tournée ! Le choix royal porté sur El Othmani est constitutionnel, d’autant plus qu’il incarne à la fois la sagesse et une volonté d’alternance.
Que Saad Eddine El Othmani doive être confronté à des difficultés de gouvernance et soit appelé à trouver des solutions aux problèmes que connaît le pays, est un postulat qui n’est pas exclusif au Maroc. Le chef de gouvernement n’est pas seulement le pompier qui éteint les feux, il les prévient et les maîtrise!
Son rôle est aussi l’inspirateur et l’animateur d’une politique consensuelle et non partisane. Aujourd’hui, à la lumiere des derniers rebondissements dans cette dure étape de formation du gouvernement, El Othmani n’a pas eu la tâche facile, parce que le carré des responsables du PJD resté fidèle au secrétaire général, c’est-à-dire Benkirane, ne lui fournit aucun soutien. Ceux qui le composent s’esquivent et récusent toute proposition à s’associer au futur gouvernement !
Donc ils expriment une hostilité à peine voilée mais se solidarisent avec Benkirane !
Cette semaine, demain ou après demain, nous serons au fait de cette liste soumise par El Othmani au Cabinet royal et connaîtrons sans doute les noms des nouveaux ministres! D’ores et déjà l’on apprend que plus de 10 anciens de la majorité précédente ne feront pas partie de la nouvelle coalition!
Et parmi eux certains poids lourds dont on se gardera de dire les noms tout de suite.
Ces partants du navire appartiennent aussi bien au PJD qu’au RNI et qu’au Mouvement populaire ou au PPS !
De même pour ceux et celles qui , ils feront l’objet d’un casting nouveau pour occuper d’autres postes, et illustrer cette image qu’on appelle » chaises musicales » !
Ainsi l’exige le nouveau contexte, ainsi l’imposent les négociations menées tout au long des derniers quinze jours! On avance que l’actuel ministre de la justice changera de casquette de la même manière que celui de l’intérieur! Et que bon nombre d’éléphants du PJD renoncent à se représenter !
La nouvelle configuration qui sera annoncée entre ce lundi et les prochains jours comprendra donc une nouvelle formation, à savoir l’Union socialiste des forces populaires ( USFP) qui fait son entrée après avoir constitué la pomme de discorde et le motif du blocage en question pendant 6 mois ! La ligne rouge tracée par les instances du PJD au nouveau chef de gouvernement a été néanmoins franchie, et la volonté d’aller de l’avant affirmée contre le sectarisme ! El Othmani a donc franchi le Rubicon, tout à son mérite.
Entre 35 et 40 ministres pourraient être annoncés avec cette particularité que le nouveau gouvernement comprendrait aussi , en vertu de l’article 87 de la Constitution, des ministres délégués et des secrétaires d’Etat, l’équation étant de faire figurer tous les partis consultés !
Ce qui ressort de cette équation est l’échafaudage d’un gouvernent multipoles avec des grands ministères coiffant sous l’autorité d’un ministre, vrai patron, les ministres délégués et les secrétaires d’Etat ! Il nous reste à savoir la place des femmes dans ce gouvernement ? Il semble que le nouveau chef de gouvernement ait pris soin de lui accorder la place qui lui sied !