Femmes marocaines et politique
Dossier du mois
Récits d’expériences vécues
Meryem Jbara
Membre du Conseil national à l’Organisation féminine du PAM, membre du Conseil national à l’Organisation démocratique du travail (ODT)
Membre du Conseil national du Mouvement Vigilance citoyenne
Ce qui m’a poussée à intégrer le champ politique, c’est le sentiment d’urgence. Tout simplement, j’étais arrivée à un niveau où je ne pouvais plus me complaire dans le rôle de spectatrice surtout en assistant à toutes les difficultés auxquelles les associations et organisations féminines doivent faire face et sous un gouvernement qui avait pourtant nourri de grandes aspirations et beaucoup d’espoir quant au statut de la femme marocaine et grâce à la nouvelle Constitution. Et c’est là qu’a commencé mon histoire avec la politique au sein du PAM (Parti authenticité et modernité) que j’ai intégré depuis 2012.
En ce qui concerne les élections du 4 septembre, et malgré les quelques infractions que l’opération a connues, on peut tout de même saluer la participation des électeurs qui a marqué un taux plus élevé par rapport à ce qui a précédé. En plus, le PAM a su s’imposer en se positionnant au premier rang faisant preuve d’engagement vis-à-vis de la population qui croit en lui et en ses idéaux.
Quant à ma première expérience en tant que candidate tête de liste régionale du parti à Sidi Slimane, je n’étais pas la seule à vivre cette aventure pour la première fois mais c’était le cas de plusieurs noms des listes aussi bien locale que régionale. Toutefois, je peux vous assurer que je n’appréhendais pas le contact direct avec le peuple surtout que nous avions tracé au préalable une stratégie de travail. En plus, nous avions élaboré un programme national, régional et local qui permettrait au citoyen d’avoir une vision globale des objectifs du parti sur tous les plans. Lors de ma campagne électorale, j’ai été agréablement surprise de voir la réaction positive, l’écoute et l’implication même des citoyens qui se sont montrés attentifs aux plans de chaque parti.
C’est une expérience enrichissante que je referai volontiers lors du prochain scrutin.
La nouvelle Constitution, en stipulant l’égalité entre les femmes et les hommes, a ravivé l’espoir. Nous nous attendions à une nouvelle ère où les droits de la femme allaient être protégés. Or, le gouvernement nous a plutôt surpris par ses tendances masculines, et ce, dès sa constitution où ne figurait qu’un seul nom de femme. Cela a été souligné et de manière flagrante quand le chef de gouvernement a brandi la liste des gouverneurs et walis préparée par le ministre de l’Intérieur, et qui, contre toute attente, ne comportait aucun nom de femme ! Ces faits montraient à quel point Abdelilah Benkirane et ses ministres ne trouvaient dans la marginalisation de la femme des postes de décision aucune violation des textes constitutionnels pourtant clairs dans ce sens. Désormais, il faut savoir que la femme en réclamant ses droits ne demande pas de faveur et c’est pourquoi elle est de plus en plus consciente qu’elle doit les arracher.
D’ailleurs, tout le monde s’accorde à dire que la source du problème est que les partis politiques ne supportent pas ses femmes. Or, on ne demande pas que les partis nous poussent ou nous appuient, on veut des partis où la femme est une composante incontournable et où elle est côte à côte avec l’homme tout comme à l’école ou au travail. Le PAM a dépassé justement ces considérations insensées. Seule la compétence est de mise peu importe le sexe. Malheureusement, le candidat de l’Istiqlal a été élu président de la région Dakhla-Oued Eddahab avec 18 voix contre 15 pour notre candidate. Ainsi, si tous les partis traitaient leurs militants de la même manière sans discriminations de genre, nombreuses seraient les femmes présidentes de régions.