Italie: La crise du pouvoir d’achat freine l’industrie

L’Institut national des statistiques (ISTAT) a confirmé récemment une nouvelle contraction tendancielle de la production industrielle en Italie ayant atteint 7,2 % en avril, une valeur jamais enregistrée depuis 2020. Liée à la « dégradation » du pouvoir d’achat, la situation suscite les incertitudes face aux perspectives de croissance de l’économie transalpine, déjà mises à rudes épreuves.

Pour le quatrième mois consécutif, l’ISTAT a enregistré une baisse de l’indice désaisonnalisé de 1,9% par rapport à mars, « avec un recul dans tous les principaux secteurs« , notant que la dégradation dépasse 7% sur une base annuelle.

« En avril, la production a enregistré la quatrième baisse consécutive, un chiffre qui n’est plus seulement un signal alarmant, mais une preuve tangible des difficultés qui affectent le secteur industriel« , a averti le président de la Coordination nationale des associations des droits des usagers et des consommateurs et de défense de l’environnement, Carlo Rienzi.

Selon lui, « la situation des biens de consommation est particulièrement préoccupante en raison de la tendance baissière continue, qui atteint des pics de -8,3% pour les biens durables ». « L’effondrement des biens de consommation nécessite une intervention d’urgence pour soutenir le pouvoir d’achat des familles”, a appelé M. Rienzi.

Pour relancer l’industrie, « il faut redonner aux ménages la capacité de dépenser. Si la consommation décolle les entreprises peuvent revenir à la pleine production« , a commenté, de son coté, le président de l’Union nationale des consommateurs, Massimiliano Dona, rappelant que la consommation constitue 60% du PIB du pays.

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Le nouveau gouvernement a consacré, dans le cadre de la loi de finances 2023, plus de 21 milliards d’euros aux mesures de soutien aux ménages et entreprises face à la flambée des prix de l’énergie, sur un total de 35 milliards d’euros de dépenses.

Cependant, l’inflation galopante menace de freiner davantage la consommation, ce qui limite les marges de manœuvres, d’après un rapport de la banque d’investissement Mediobanca.

Le pouvoir d’achat des ménages est « lourdement frappé« , a assuré récemment la confédération agricole Coldiretti, évoquant la flambée des achats de produits alimentaires, dont les ventes ont enregistré une hausse de 10,3% en 2022. Un chiffre qui, selon l’organisation, met en lumière la difficulté dans laquelle se trouvent les familles italiennes, ayant dépensé près de 13 milliards dans la nourriture l’année dernière.

Parmi les catégories particulièrement touchées figurent les fonctionnaires dont les salaires ont progressé de 6,7% entre 2013 et fin de septembre 2022 contre une hausse des prix de 13,8% sur la même période.

Moteur de la croissance, la consommation des ménages « devrait diminuer dans les premiers mois de 2023, subissant l’impact de la forte hausse des prix sur le revenu disponible« , avait prédit la Banque d’Italie, notant que la consommation devrait « rester faible jusqu’à la fin de l’année« .

La croissance italienne se poursuit à un rythme modéré au deuxième trimestre 2023, marqué par une baisse du rendement industriel et une augmentation des taux d’intérêt, d’après le centre d’études de la confédération industrielle italienne (Confindustria).

Dans son analyse mensuelle de la situation économique publiée récemment, la Confindustria fait savoir que le deuxième semestre a démarré avec « certains signaux faibles pour l’Italie malgré la bonne tenue du PIB en début d’année« .

Dans un scénario « défavorable« , le PIB italien pourrait « reculer d’environ 1% » en 2023 et 2024, selon la Banque d’Italie. Des craintes partagées par le gouvernement qui redoute un recul du PIB en raison de la baisse de la production industrielle.

Avec MAP

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