La Chine de nouveau face au spectre du Covid-19

Par Abdelghani AOUIFIA

Les réseaux sociaux chinois ont été inondés ces derniers jours par des commentaires d’internautes, craignant un retour proche de la redoutable pandémie du Covid-19, qui a foudroyé le pays en particulier en 2022, poussant cette vaste nation au point mort.

Officiellement, aucune réaction n’a été publiée confirmant ou infirmant les informations partagées à grande échelle par les internautes de ce pays de plus de 1,4 milliard d’habitants. Cependant, des épidémiologistes du gouvernement sont montés au créneau pour dissiper les craintes de l’opinion publique. Premier pays où la pandémie s’est déclenchée fin 2019 début 2020, la Chine avait mis en place une rigoureuse politique de lutte contre le virus redoutable, prévoyant notamment des tests nucléiques obligatoires de toute la population, une fermeture des frontières du pays et des mises en quarantaine obligatoires allant jusqu’à trois semaines de tous les arrivants de l’étranger.

Ces mesures, qui ont conduit à la fermeture pure et simple de villes entières, ont eu pour effet de freiner l’expansion de l’économie de cette deuxième puissance économique mondiale. En 2022, l’économie chinois n’a pu faire mieux qu’un taux modeste de croissance de 3 %. En décembre 2022, le pays a démantelé cette politique dit de « zéro covid », balisant le chemin pour la réouverture des frontières et un retour à la normale de l’activité économique.

Dans leur réaction aux informations diffusées sur les réseaux sociaux, les épidémiologistes ont indiqué que la plupart des gens infectés actuellement par le Covid-19 en Chine étaient des personnes « qui n’avaient pas contracté le virus auparavant ». Des internautes ont publié des photos de tests antigéniques positifs sur les réseaux sociaux, affirmant qu’ils avaient été « réinfectés » par le virus. Une internaute de Nanjing, Est de la Chine, a indiqué sur la plateforme chinoise Xiaohongshu que cinq personnes de sa famille ont été testées positives au Covid-19 ces derniers jours, près de quatre mois après avoir été testées positives pour la première fois en décembre de l’année dernière.

Par ailleurs, les médias rapportent qu’une entreprise de Beijing a ouvert dimanche une enquête pour savoir si ses employés avaient été infectés par le Covid-19 récemment, et a demandé à ceux qui avaient contracté le virus de rester chez eux. D’autres institutions, notamment du secteur de l’enseignement, ont opté pour la même démarche. Le Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies (CDC), qui surveille les infections au Covid-19 et l’évolution des nouveaux variants du virus, a indiqué dimanche que les services de santé ont signalé jeudi dernier quelque 2.661 cas positifs de Covid-19 dans tout le pays.

Les épidémiologistes chinois assurent que les cas de personnes infectées à deux reprises demeurent « rares ». Au stade actuel, la plupart des infections au Covid-19 en Chine concernent des personnes qui ont échappé à la première vague d’infection massive de la fin de l’année dernière, indiquent-ils. Les épidémiologistes assurent qu’il n’y aura pas de pression énorme sur les hôpitaux et le système de santé du pays. Ils soulignent, par contre, qu’il faut attendre le mois de septembre prochain pour voir si une nouvelle vague de Covid-19 pourrait avoir lieu en Chine. Li Tongzeng, médecin en chef du département des maladies respiratoires et infectieuses de l’hôpital You’an de Beijing, a fait état de risque grandissant de réinfection par le Covid-19.

Il a, toutefois, concédé que la plupart des personnes infectées une deuxième fois auront des symptômes relativement plus légers, ce qui signifie que la deuxième vague aura un impact moins sévère sur le système médical. Zhang Wenhong, chef du département des maladies infectieuses de l’hôpital Huashan de Shanghai et également directeur du Centre national des maladies infectieuses, a indiqué que l’ampleur des réinfections « ne sera pas énorme ». Cependant, si la mutation du virus parvient à briser la barrière immunitaire formée lors de la vague précédente, un pic d’infection pourrait survenir, a-t-il indiqué. Le CDC a affirmé avoir détecté 12 nouveaux variants dans le pays. Le centre a trouvé 42 cas de XBB.1.16 – baptisé « arcturus » – qui est le variant dominant en Inde depuis mars.

Le CDC a rassuré le public, affirmant qu’il existe un nombre très réduit de transporteurs XBB.1.16, qui n’ont pas encore formé de tendance de transmission. Par ailleurs, les Chinois semblent inquiets quant à une hausse des infections à l’occasion des prochaines vacances du 1er mai, qui seront marquées par des rassemblements à grande échelle. Les épidémiologistes n’écartent pas une hausse des infections lors de ces vacances.

Pourtant, la majorité des habitants de la Chine sont vaccinés et beaucoup ont déjà été infectés, ce qui signifie une immunité de haut niveau parmi le public, soulignent-ils. « Une infection à grande échelle est peu probable », rassurent-ils.

Avec MAP

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