L’Algérie ou la haine en héritage des généraux (1)

Par Souad MEKKAOUI

« Un homme sage est celui qui vient toujours chercher des conseils d’abord, des armes on en trouve partout », c’est ainsi que répondait feu Hassan II à une question qui lui avait été posée par un journaliste : « L’Algérie réagit sévèrement à votre visite en France, ils disent que vous êtes venus chercher des conseils et des armes pour poursuivre la lutte, qu’en pensez-vous ? »

Bien évidemment, le défunt Roi avait l’art de mettre du sens dans tout ce qu’il disait et surtout d’utiliser les mots justes. D’ailleurs sa phrase « Nous ne voulons pas du monde qu’il reconnaisse la marocanité du Sahara parce que nous sommes dans notre Sahara. Mais nous voulons qu’il sache qui sont nos voisins que le bon Dieu nous a imposé » est toujours d’actualité vu les hostilités qui nous viennent toujours de notre voisin qui se nourrit de son animosité. Or une autre expression de feu Hassan II me vient à l’esprit : « Si je devais adorer un autre qu’Allah, ce ne pourrait être que mon pays ». Et les Marocains, pour ne pas changer, ont cela d’inébranlable : leur amour pour leur pays et leur Roi. Deux points intouchables qui ne tolèrent aucune concession.

Deux pays que tout rapproche mais que la malveillance sépare

Que les amalgames soient levés! Les peuples marocain et algérien ne peuvent et ne veulent, certainement pas, se défaire des liens qui les unissent à savoir la géographie, l’Histoire, la religion, la langue, la culture et même les liens du sang. Or le régime algérien n’a eu de cesse de faire montre de rancœur vis-à-vis du Maroc et des Marocains. On ne peut comprendre le pourquoi de ces tensions entre les deux pays si on ne remonte pas dans le temps pour dépoussiérer le dossier du Sahara qui a donné un autre tournant aux relations maroco-algériennes. Un conflit factice créé par l’Algérie qui depuis ne cesse d’afficher son anti-marocanisme. C’est à croire que les dirigeants algériens se sont transmis leur obsession à l’encontre d’un ennemi qu’il faut mettre à plat quels que soient les moyens utilisés, à commencer par la propagande anti-marocaine, appuyée par les cadres militaires et politico-médiatiques algériens. C’est donc un lourd passif historique qui fait que les relations entre les deux pays ne peuvent être autres que tumultueuses. Remonter loin dans le temps jusqu’à la colonisation de l’Algérie, ressortirait, incontestablement, le nom de Moulay Abderrahmane, Sultan du Maroc, à l’époque, qui avait prêté main forte au père de la résistance algérienne, l’Emir Abdelkader, face au colon. Le Maroc s’était engagé alors dans la bataille d’Isly (le 14 août 1844) qui lui a valu la vie de huit cents hommes, en plus d’un tracé des frontières imposé par la France. Par le traité de paix qui lui était imposé, le Sultan devait reconnaître la présence française en Algérie et s’engager, par conséquent, à ne plus soutenir l’Emir Abdelkader qui avait fini par se rendre aux Français. De ce fait, l’affaiblissement du pays avait conduit à la perte de Tétouan en 1860, au profit de l’Espagne et, un peu plus tard, à la partition du Maroc entre la France et l’Espagne. En l’an 1884, celle-ci prend pied au Sahara puisque le territoire se trouve à 150 km à peine des Iles Canaries, sous administration espagnole, d’autant plus que le Sahara marocain regorge de ressources naturelles et longe une côte maritime riche en ressources halieutiques.

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Accord non tenu

De larges portions du territoire marocain avaient été annexées par la France à sa colonie algérienne, entre 1900 et 1901. À l’indépendance du Maroc, on lui avait proposé de lui restituer ses terres à condition de refuser l’abri aux combattants du FLN. Chantage que feu le Roi Mohammed V avait rejeté d’un bloc. Et c’est le 6 juillet 1961, que Feu le Roi Hassan II arrive à un accord avec le Chef du gouvernement provisoire de la République algérienne, Ferhat Abbas (GPRA). D’ailleurs, les habitants de Tindouf avaient bien mentionné sur leur bulletin lors du référendum: «Oui à l’indépendance, mais nous sommes marocains! ». Pour rappel, dans le texte de l’Accord devant permettre la délimitation des frontières, il est dit que : « Le Gouvernement de sa Majesté le Roi du Maroc réaffirme son soutien inconditionnel au peuple algérien, dans sa lutte pour l’indépendance et son unité nationale. Il proclame son appui sans réserve au Gouvernement provisoire de la République algérienne dans ses négociations avec la France, sur la base du respect de l’intégrité du territoire Algérien. Le Gouvernement de Sa Majesté le Roi du Maroc, s’opposera par tous les moyens à toute tentative de partage du territoire algérien. Le Gouvernement provisoire de la République algérienne reconnaît, pour sa part, que le problème territorial posé par la délimitation imposée, arbitrairement, par la France entre les deux pays, trouvera sa solution dans des négociations entre le Gouvernement du Maroc et celui du Gouvernement de l’Algérie indépendante.

À cette fin, les deux gouvernements décident de la création d’une commission algéro-marocaine qui se réunira, dans les meilleurs délais, pour procéder à l’étude et à la solution de ce problème dans un esprit de fraternité et d’unité maghrébine. De ce fait, le Gouvernement provisoire de la République algérienne réaffirme que les accords, qui pourront intervenir à la suite des négociations franco-algériennes, ne sauraient être opposables au Maroc, quant aux délimitations territoriales algéro-marocaines». Par ailleurs, dans ses Mémoires, feu Hassan II écrivait qu’Ahmed Ben Bella confirmait cette convention, à l’occasion d’une visite du Roi à Alger, en mars 1963 : « Je demande à votre Majesté de me laisser le temps de mettre en place en Algérie les nouvelles institutions. Lorsque, en septembre ou octobre, cela sera fait, alors nous ouvrirons ensemble le dossier des frontières. Il va sans dire que l’Algérie indépendante ne saurait être l’héritière de la France en ce qui concerne les frontières algériennes». Toutefois, une fois au pouvoir, Ben Bella fera fi de son engagement. Le coup de grâce est que Boumediene, soutenu par Bouteflika, alors ministre des Affaires étrangères, déclenche «Une marche noire» en riposte à la Marche Verte. Ainsi, le 8 décembre 1975, jour de l’Aïd Al Adha, les Autorités algériennes expulsent d’Algérie des centaines de milliers de familles marocaines séparées des leurs et dépossédées des biens qu’elles ont accumulés, durant des années de labeur.

(A suivre)

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