L’Algérie : Un pays à la dérive sur la scène internationale…

Malik BOUMEDIENE*

Beaucoup s’interrogent pour savoir pourquoi le pouvoir algérien ne cesse d’opter pour une diplomatie agressive, notamment, à l’égard du Maroc. L’Algérie est un bateau sans capitaine. Cette diplomatie agressive semble vouloir cacher une dure réalité que les décideurs algériens connaissent mais ne peuvent admettre : une Algérie invisible sur la scène africaine et internationale. 

Preuve en est la très faible organisation de conférences internationales sur son territoire. Un pays en situation de crise diplomatique avec de nombreux pays. Réagissant au rapprochement de Madrid avec Rabat sur la question du Sahara, les autorités algériennes ont annoncé, mercredi 8 juin 2022, suspendre un traité de coopération avec l’Espagne en vigueur, depuis près de vingt ans. En septembre 2022, nouvelle crise avec le Maroc puisque l’Algérie a décidé la fermeture « immédiate » de son espace aérien à tous les avions civils et militaires marocains, ainsi qu’aux appareils immatriculés au Maroc. 

En octobre 2021, l’Algérie a décidé la fermeture de l’espace aérien aux avions militaires français de l’opération Barkhane et le rappel de son ambassadeur (Alger réagit aux déclarations du président Macron concernant « le système politico-militaire fatigué  »qui dirige l’Algérie et la « rente mémorielle fondée sur la haine de La France ». L’Algérie est aussi en froid avec le Cameroun en raison de la qualification du Cameroun au Mondial 2022 face aux Fennecs.

En conflit avec de nombreux pays, le naufrage algérien sur la scène internationale, se manifeste aussi par ses échecs au sein de différents organes des Nations-unies et de l’Union Africaine. Par exemple, lors de l’élection des membres du Conseil exécutif de l’Unesco (lors de la 40e session de la Conférence générale de l’Unesco, qui s’est tenue, du 12 au 27 novembre 2019), l’Algérie a perdu son siège et n’a donc pas été réélue. Échec également, début novembre 2019, où le Conseil de sécurité a voté une résolution que le porte-parole du ministère des Affaires étrangères avait qualifié de « regrettable ». Nouvel échec en 2021 pour contrer le retour d’Israël à l’UA comme membre observateur. 

Sur les 54 pays membres de l’UA, seuls six pays, un nombre dérisoire, ont rejoint Alger sur sa position contre Israël. En juillet 2022, également la diplomatie algérienne a essuyé une nouvelle défaite lorsque les pays africains ont voté en faveur du Rwanda pour qu’il abrite le siège de l’Agence africaine du médicament. Enfin, le 27 octobre 2022, par 13 voix pour et 2 abstentions, la résolution 2654 du Conseil de Sécurité de l’ONU reconnaît les efforts du Maroc en vue d’une solution au conflit du Sahara et engage à nouveau la responsabilité de l’Algérie, le protocole des tables rondes.

Ces quelques exemples montrent comment la diplomatie algérienne est dans l’incapacité à fédérer les énergies, à créer des liens entre les États et apparaître comme un acteur de la construction du grand Maghreb voire d’une Afrique forte. Il semble que l’Algérie est nostalgique des années post-libération où sa diplomatie témoignait d’une riche activité. Aujourd’hui, l’Algérie du passé n’existe plus. Le dynamisme de la diplomatie algérienne post-coloniale a laissé la place à une diplomatie irrationnelle, de conflit, une diplomatie à la dérive sans réelle présence sur la scène et les institutions internationales.

*Maître de conférences en Droit public (université Toulouse)

Pr. Associé Droit Sciences Politiques – UM6P (2019-2022)

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