Le Festival des Cinémas Arabes à Paris

Zeina el Tibi

L’Institut du Monde Arabe de Paris organise du 28 juin au 8 juillet le Festival des Cinémas arabes, avec plus de 80 films en compétitions dont certains ont également été diffusés dans des salles parisiennes et de province.

Ce Festival des Cinémas arabes qui a vu le jour en 1992, vise à promouvoir le cinéma arabe en France et en Europe. Il a permis de faire découvrir de nombreux cinéastes arabes comme Hany Abu-Assad, Khaled Ghorbal, ou encore Nadine Labaki qui était cette année l’invitée d’honneur. Réuni sous la présidence d’honneur de l’actrice et réalisatrice palestinienne Hiam Abbas, deux jurys dans les catégories fictions, avec le réalisateur marocain Faouzi Bensaïdi comme président et Fatima Al-Banawi, Jacques Bidou, Amine Bouhafa, Mohamed Hefzy, Salim Kechiouche et Véronique Lange, et documentaires avec Serge Le Péron, président, Samir Abdallah, Hicham Falah, Marie-José Mondzain et Nadine Naous, décerneront des prix (prix au meilleur réalisateur, prix de la meilleure interprétation féminine, prix de la meilleure interprétation masculine).

Selon Jack Lang, président de l’Institut du monde arabe, « ce festival est une référence mondiale en matière de septième art. Cette nouvelle édition chargée de promesses. Avec des films de la plupart des pays arabes, du Maroc à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis, en passant naturellement par le Liban ou la Palestine. Ils représentent un monde enfiévré dont l’Institut du monde arabe se propose, année après année, de faire découvrir les nouveaux talents ».

Ces réalisations présentent un panel très large des drames aux comédies jusqu’aux fictions et aux documentaires. La riche programmation rend hommage aux cinéastes libanais Jean Chamoun et algérien Mahmoud Zemmouri et elle a pour ambition de faire connaitre la production cinématographique saoudienne, encore très mal connue en France. À l’occasion du 70e anniversaire de la Nakba (la Catastrophe), l’occupation de la Palestine, l’accent a été mis sur l’industrie cinématographique palestinienne de 1948 à 2018.

Nadine Labaki à l’honneur

Le festival a été ouvert par le projection de Capharnaüm de la célèbre réalisatrice libanaise Nadine Labaki qui a reçu pour ce film le Prix du jury au 71e Festival de Cannes 2018. Ce film a été tourné dans les rues de Beyrouth avec des acteurs non professionnels pour raconter le sort terrible des enfants pauvres de la ville à travers le destin de Zain, un garçon de onze ans qui, à force de maltraitances diverses, décide d’attaquer ses parents en justice pour lui avoir « donné la vie ».

Nadine Labaki exprime son désarroi face à une condition dans laquelle des enfants vivent et grandissent dans la totale indifférence et elle explique qu’elle a voulu lancé un cri d’alarme avec ce film d’un réalisme poignant. « C’était, nous dit-elle, indispensable pour souligner l’aspect sordide d’une situation où l’on voit des gamins mendier et vivre dans les rues.

Ce que j’ai montré à travers ce film, qui a exigé plus de quatre ans de travail, ne reproduit qu’une infime partie de la réalité. Je suis allée dans des centres de détention pour mineurs, dans des associations qui accueillent des enfants à problèmes, dans des bidonvilles. La plupart des enfants me tenaient le même discours pathétique : « je ne suis pas heureux de vivre ». L’idée du petit garçon qui envoie sa mère et son père au tribunal pour les punir de l’avoir mis au monde est venue de là. »

Il faut améliorer le sort des enfants du Liban

Dans son film Nadine Labaki brosse un noir tableau des conditions de vie de certains enfants au Liban et malgré quelques longueurs le film prend aux tripes jusqu’au bout ! La réalité de la société libanaise est mise au grand jour. Pauvreté, mariage précoce, travail d’enfants mineurs, les conditions de vie des travailleurs étrangers, tout un système défaillant montré du doigt avec brio et même parfois avec humour.

Il est nécessaire de regarder en face cette réalité que Nadine Labaki nous lance à la figure. Il faut tout un chantier de travail en profondeur pour faire changer les situations intolérables et mettre en place une politique sociale afin de rendre la vie de ces milliers d’enfants plus décente et moins misérable.

Les beaux immeubles des beaux quartiers de Beyrouth ne pourront plus cacher cette misère et cette désolation dans laquelle certains de ses enfants grandissent. Nous espérons que les responsables politiques libanais verront Capharnaüm et en tireront des conséquences et oeuvreront à améliorer le sort des enfants malheureux du Liban.

AL AYAM

 

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