Le Maroc et un Roi au défi

Par Hassan Alaoui

Mohammed VI est d’abord le combattant suprême, l’Homme des défis qui ne se défie jamais, qui ne renonce jamais – sachons-le – , il est notre conscience heureuse, le leader aimé, respecté, adoubé, le démocrate enfin.

C’est une nouvelle étape que le Maroc vient de franchir à coup sûr. La célébration de dimanche 30 juillet du vingt-quatrième anniversaire de l’intronisation de Sa Majesté le Roi Mohammed VI nous en donne la réelle mesure en ce qu’elle témoigne de cette forte symbiose qui, trempée dans la longue histoire des Marocains, caractérise cette irréductible réalité. Si l’on devait encore mettre en exergue cette symbiose, le pacte d’allégeance qui unit le Roi et son peuple nous le confirme encore et de nouveau. Il est à notre histoire ce que le socle est à un édifice qui ne cesse de s’élever, l’alliance du spirituel qu’incarne Amir al-Mouminine et la temporalité politique, aujourd’hui nous dirions contemporaineté. Le Maroc incarne l’une des plus vieilles, sinon la plus vielle monarchie de l’Histoire et ce n’est pas un péché d’orgueil que de le dire et de le réaffirmer.

La dimension dynastique qu’il porte comme un mât n’a d’égale que sa place de pays libre et indépendant qu’il a constamment assumée, bravant défis, tempêtes et une succession plutôt dramatique d’interventions impérialistes et coloniales. Vingt-et-une dynasties se sont relayées pour forger une nation, la doter d’une capacité à relever les épreuves, à faire face aux agressions, bref à renforcer une conscience nationale et stimuler une solidarité avec les autres peuples, voisins et même lointains. Le Maroc a été le tout premier pays arabo-musulman à établir des relations d’amitié avec la jeune République des Etats-Unis, née au XVIIIème siècle dans les limbes expatriées de l’Europe, et l’intense échange de lettres ayant valeur de reconnaissance diplomatique en 1787 entre George Washington et le Sultan Mohammed Ben Abdallah  porte la marque indélébile d’un leadership affirmé du Maroc à une époque où, faut-il le rappeler, l’Europe était sous la coupe de monarchies et de pouvoirs dictatoriaux. C’est peu dire que notre pays rayonnait de toute évidence par une diplomatie tracée au burin de la sagesse et de la Raison. Mais aussi que l’amitié instaurée entre les deux chefs d’Etat, Mohammed Ben Abdallah et Georges Washington constituait, outre l’acte pionnier, l’acte de foi fondateur dont on mesure de nos jours encore la profondeur.

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Pendant la Deuxième guerre mondiale de 1939-1945 qui vit alors la montée dangereuse du nazisme et la détermination d’un Hitler à asservir l’Europe et le monde, des milliers de soldats marocains avaient été engagés dans les furieux combats par les Etats-Unis pour prendre part aux combats et contribuer largement à la libération des peuples d’Europe. Tant et si bien que le Maroc a été qualifié de « l’Allié des Alliés », au regard de l’engagement de ses soldats dans des batailles décisives auprès de leurs confrères américains.

Comme un fil d’Ariane, l’action du Maroc s’est illustrée par une constante : la fidélité aux valeurs de la paix. Ses Rois n’y ont jamais dérogé, attachés qu’ils sont demeurés à l’intangible principe de l’unité et de la solidarité. A la conférence d’Algésiras, organisée en 1906 dans cette même ville sud-ibérique par au moins une douzaine de puissances impérialistes, dont l’Angleterre, la France, l’Allemagne, la Russie tsariste, pour ne citer que celles-ci qui avaient un lien direct avec le Royaume, notre pays a constitué la problématique centrale, nodale et avait nourri ouvertement de féroces appétits entre les puissances. L’Empire chérifien suscitait tout simplement des convoitises et les unes et les autres des puissances coalisées contre lui affichaient toute honte bue leur irascible et farouche détermination de le dépecer, comme en témoigne l’Acte général adopté à la fin de la conférence qui constitue un véritable et immoral casus belli

L’époque difficile dans laquelle vivait le Maroc se prêtait tout naturellement à cet interventionnisme européen contre notre pays, dirigé alors par un Sultan, Moulay Abdelaziz, timoré et pusillanime qui, contrairement à son père, Moulay Hassan 1er, ne pouvait faire face aux agressions conjuguées de l’Europe et que l’on avait, à tort ou à raison, affublé de faiblesse. Le résultat de la Conférence d’Algésiras illustrait deux paradoxes : le premier tenait à la puissance du Royaume du Maroc sur lequel s’étaient nolens volens acharnés une dizaines de puissances coloniales, le deuxième constituait ce que Lénine – le grand Lénine – présentait comme les « guerres impériales » entre puissances adverses aux appétits d’expansionnisme voraces. S’il n’était pas une puissance, le Royaume du Maroc n’eût jamais attisé les appétits de ces puissances ni même attiré leur regard. Il avait résisté à la conquête du pouvoir ottoman de Turquie et de ses janissaires, ses territoires s’étendaient – et l’histoire nous le rappelle avec éloquence – jusqu’aux frontières subsahariennes, englobant une dizaine de provinces à l’est, octroyés arbitrairement par la France, la belle France de Guy Mollet, de la SFIO et du général de Gaulle à l’Algérie qui s’est vue tout à coup enflée et grossie par nos terres… Possession française jusqu’en juillet 1962, l’Algérie dont le premier président Farhat Abbas s’était engagé en juillet 1961 devant Hassan II, à respecter un accord sur les frontières, l’Algérie de Ben Bella qui ensuite s’est lancée en octobre 1963 dans une guerre contre nous en attaquant et sans crier gare Figuig et les localités avoisinantes, l’Algérie trahie par ses Apparatchiks , celle de Boukharrouba alias Boumediene – domicilié avec d’autres des années durant à Oujda -, l’Algérie qui, pour reprendre une phrase de Belaïd Abdeslam, ci-devant ministre de l’Industrie voulait faire du Maroc « son jardin potager » et devenir l’Etat industriel de la région, l’Algérie qui renia tous ses engagements, celui de Garat Djébilat pour commencer, d’Ifrane et de Rabat sur les frontières…

Nous n’avons cessé de dire et démontrer que le Royaume du Maroc n’a jamais été une nation comme les autres, non plus un Etat fabriqué selon les logiciels ayant prévalu dans le processus des décolonisations tourmentées et violentes des années soixante. Souverain et affichant son souci de favoriser la coopération – qui n’est pas un vain mot – il est de tous les combats en faveur de la paix et la sécurité. Trois Rois, chacun à sa manière et son style, ont pris en main le destin d’un pays qui, aujourd’hui, caracole sous le règne de Mohammed VI en termes de réalisations et de réformes majeures. Le répertoire de ces dernières ne peut atteindre à l’exhaustivité suprême tant elles sont nombreuses et émergent encore chaque jour, recouvrant un espace infini.

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Le temps, l’espace et l’action : ces trois dimensions incarnent chez Mohammed VI un impératif catégorique, elles inspirent et guident sa vision, imprimée avec une volonté chevillée au corps à tout ce qu’il entreprend. Il convient de souligner qu’il n’y a jamais eu chez lui de distinction entre de « grands ou de petits » projets, mais le souci du devoir accompli, bien accompli et l’intérêt particulier porté sans emphase à tout ce qui grandit notre pays et le hisse sur le pinacle. Il faut s’imprégner de la sagesse de ce Roi qui, la soixantaine accomplie, en a vu et vécu et qui est au Maroc ce que l’engagement réel est au patriotisme collé sur la poitrine comme un colifichet. Il nous suffirait de relire cette ascendance rhétorique d’un Roi qui sacrifie sa santé et porte le combat au nom de toutes et tous les Marocains pour nous apprendre la sagesse, la tolérance et nous livre à chaque instant la leçon de choses de la vie, le devoir de patriotisme, la vertu de la « Jidia » et « l’ijtihad », nous le dit avec pédagogie et didactisme.

Dans le long sillage de la Monarchie ancestrale qui est le miroir incandescent de notre histoire plus que millénaire, il y a ce fil blanc sur lequel s’imprime une « longue durée » qui nous rappelle la pertinence de l’historicité propre à Fernand Braudel – que nous ne cesserons jamais de citer -, celle du règne monarchique, qui est, plus que politique, la dimension biologique de notre pays. Mohammed VI est d’abord le combattant suprême, l’Homme des défis qui ne se défie jamais, qui ne renonce jamais – sachons-le – , il est notre conscience heureuse, le leader aimé, respecté, adoubé et exemplaire.

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