Le Maroc réduit les droits d’importation sur certains médicaments pour renforcer l’industrie pharmaceutique

Lors de sa dernière réunion jeudi à Rabat, le Conseil de gouvernement a approuvé le projet de décret n° 2.23.590 visant à modifier les droits d’importation imposés sur certains produits pharmaceutiques.

En marge d’un point de presse à l’issue du Conseil, le ministre délégué auprès du Chef du gouvernement chargé des Relations avec le Parlement, porte-parole du gouvernement, Mustapha Baitas, a annoncé que le projet de décret n° 2.23.590 relatif à la modification des droits d’importation imposés sur certains produits pharmaceutiques a été présenté par le ministre de la Santé et de la protection sociale, Khalid Ait Taleb, au nom du ministre délégué auprès de la ministre de l’Économie et des finances, chargé du Budget, Fouzi Lekjaa.

Ce texte s’inscrit dans le cadre des stratégies nationales en matière de médicaments. L’objectif étant de promouvoir l’industrie nationale et de faciliter l’accès des citoyens à ces produits.

Selon l’article 4 de la Loi de finances 2023 et en coordination avec les partenaires concernés, une restructuration du tarif des droits de douane a été effectuée afin de réviser les tarifs d’importation des produits pharmaceutiques finis, en prenant en compte les composantes des matières premières utilisées dans leur fabrication, a précisé M. Baitas. L’objectif de ce projet de décret est d’éviter toute perturbation dans l’approvisionnement du marché local tout en garantissant l’exécution des contrats d’approvisionnement conclus par le département de la Santé dans les meilleures conditions. Les tarifs des droits d’importation imposés sur certains produits pharmaceutiques seront ainsi réduits à 2,5%.

Baitas ajoute que ce texte vise en outre « la modification du taux tarifaire d’importation appliqué à d’autres produits pharmaceutiques, en réduisant ces taux à 2,5% pour les produits pharmaceutiques exclusivement importés, et à 10% ou à 17,5% pour les produits qui sont à la fois importés et localement produits ».

Souveraineté sanitaire

Par ailleurs, l’industrie pharmaceutique marocaine et ses ambitions en faveur d’une production locale solide pour soutenir la souveraineté sanitaire de l’Afrique ont été mises en avant par l’agence américaine Bloomberg. Dans un article publié vendredi 7 juillet, Lamia Tazi, PDG de la Société de thérapeutique marocaine (SOTHEMA), a souligné que la construction d’une industrie pharmaceutique robuste permettra à l’Afrique de garantir un approvisionnement adéquat en produits et traitements médicaux essentiels. Notant que l’Afrique fait face à des difficultés d’accès limité aux produits pharmaceutiques et aux vaccins dont elle a le plus besoin, et affirme que le plus grand défi consiste à développer cette capacité en interne.

« Avoir l’autonomie de fabrication est très important, mais il n’est pas possible de discuter d’équité et de durabilité sans parler de protection de la propriété intellectuelle, en particulier lorsqu’il s’agit de maladies chroniques et endémiques », poursuit-elle. Selon l’experte, il est aujourd’hui impératif de nouer des partenariats pour le transfert de nouvelles technologies.

Si la technologie est déjà au rendez-vous, « nous devons collaborer avec les pays occidentaux et asiatiques pour acquérir leur savoir-faire », suggère-t-elle.

Selon elle, bien que l’Afrique ne dispose pas de ressources budgétaires pour la recherche, le continent pourrait se spécialiser dans d’autres domaines tels que les essais cliniques pour démontrer l’innocuité et l’efficacité des médicaments chez les humains, ainsi que dans les étapes finales de production appelées le remplissage et la finition.

Cela permettrait de créer plusieurs milliers d’emplois pour les pharmaciens, biologistes et innovateurs africains. Et d’ajouter : « Les pays africains ont également besoin de meilleures données sur les maladies qui affectent leur population ».

Ainsi, Lamia Tazi a appelé les gouvernements africains à favoriser la production locale via la création d’une demande réelle et en prenant la décision de ne pas dépendre uniquement de Gavi ou de l’Unicef, mais d’acheter les produits fabriqués localement. Elle souligne également que l’assurance maladie universelle peut constituer un autre moyen de stimuler la demande, en offrant aux individus l’accès à des ressources financières et la liberté de choisir où se faire soigner.

D’après Bloomberg, les pays africains dépendent jusqu’à 90% des fournisseurs étrangers pour leurs médicaments et à 99% pour leurs vaccins, ce qui a entraîné des pénuries généralisées pendant la pandémie de Covid-19.

 

 

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