Le Qatar met en garde contre « l’impact négatif » des mesures européennes

Ciblé par des restrictions du Parlement européen en pleine enquête sur un scandale de corruption impliquant le riche émirat gazier, Doha souligne que ces décisions influeront sur les discussions en cours, notamment en matière de sécurité énergétique.

Le Qatar a averti ce 18 décembre que les mesures du Parlement européen à son encontre, dont l’accès à l’assemblée pourrait être bloqué dans le cadre d’une affaire de corruption présumée, auraient un «impact négatif» sur les relations avec le riche émirat gazier et l’approvisionnement mondial en énergie.

L’ouverture d’une enquête à Bruxelles visant notamment l’eurodéputée grecque Eva Kaili, soupçonnée d’avoir été payée par le Qatar pour défendre les intérêts du pays qui accueille actuellement le Mondial de football, a ébranlé l’institution.

Le 15 décembre à Strasbourg, les eurodéputés ont voté à la quasi-unanimité un texte dans lequel ils demandent «instamment la suspension des titres d’accès des représentants d’intérêts qatariens» le temps de l’enquête. La décision revient à la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola.

«La décision d’imposer au Qatar une restriction aussi discriminatoire, limitant le dialogue et la coopération avant la fin de la procédure judiciaire, aura un impact négatif sur la coopération régionale et mondiale en matière de sécurité, ainsi que sur les discussions en cours sur la rareté et la sécurité énergétiques mondiales», a réagi ce 18 décembre un diplomate qatari, dont l’AFP ne dévoile pas le nom, par voie de communiqué.

Le Qatar est l’un des principaux producteurs de gaz naturel liquéfié (GNL) au monde, avec les Etats-Unis et l’Australie.

En raison de la guerre en Ukraine et des sanctions prises par les pays occidentaux contre Moscou, le Qatar est de plus en plus courtisé par les pays européens, à la recherche d’une alternative au gaz russe.

Se disant «consternés» par les actes de corruption et de blanchiment d’argent présumés, les eurodéputés ont aussi décidé de suspendre «tous les travaux sur les dossiers législatifs relatifs au Qatar», en premier lieu ceux concernant une libéralisation des visas pour le Qatar et le Koweït ainsi qu’un accord sur l’aviation.

Le Qatar, qui «rejette fermement» les accusations dont il fait l’objet, regrette «les jugements fondés sur les informations inexactes révélées par des fuites sans attendre la conclusion de l’enquête», selon le communiqué du diplomate précédemment cité. Ce dernier estime que les critiques et les attaques visent «exclusivement» le Qatar, dont il souligne qu’il n’est pas le seul pays cité dans l’enquête.

En réponse à un journaliste, la présidente du Parlement, Roberta Metsola, avait affirmé le 15 décembre avoir eu «deux rencontres avec des représentants du gouvernement qatari à Bruxelles» et avoir «refusé» la demande du pays du Golfe de s’adresser au Parlement européen.

Elle a aussi indiqué avoir décliné une invitation du Qatar à assister à la Coupe du monde de football, invoquant ses «préoccupations à propos de ce pays».

L’implication présumée de l’émirat dans ce scandale, et les nombreuses controverses sur le Mondial, au sujet du respect des droits de l’Homme ou de l’écologie, n’ont pas découragé le président français, Emmanuel Macron, de se rendre à Doha pour participer à la finale opposant la France à l’Argentine. Il avait déjà assisté à la demi-finale France-Maroc quelques jours auparavant.

Dans le communiqué publié par le diplomate, le Qatar a souligné ses liens «solides» avec de nombreux pays de l’Union européenne, exprimant sa «gratitude à ceux qui ont démontré leur engagement envers ces relations face à la vague d’attaques actuelle».

L’émirat a dénoncé en revanche le manque de coopération du gouvernement belge, dont il a dit être un partenaire «proche» et un «important fournisseur» de gaz naturel liquéfié.

Agence

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