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 Dossier du mois

« Des abus existent même dans les pays où la médecine est très développée »

Pr Omar Sefrioui Gynécologue Obstétricien General manager Anfa Fertility Center Président de la Société Marocaine de Médecine de la Reproduction (SMMR)

 Je pense sincèrement que le problème est pré­fabriqué et basé sur un manque de compré­hension sur beaucoup de points notamment sur les honoraires du médecin basés sur un accord de principe entre le malade et son médecin.

En ce qui concerne les cliniques il faut savoir que nous avons beaucoup de problèmes avec les assurances qui n’arrêtent pas de refuser des dossiers pour des détails futiles, mettant les cli­niques dans des situations parfois ubuesques et donc les obligeant parfois à essayer de se pro­téger.

Néanmoins le respect de la nomencla­ture est une obligation pour les cliniques qui ont une convention avec les assurances et les mutuelles même si cette conven­tion n’a pas été réévaluée depuis 13-14 ans. La santé a un coût même si elle n’a pas de prix. Et ce coût est, de plus en plus élevé, avec en plus le développement des moyens diagnos­tiques et thérapeutiques qui imposent à ce corps des investissements exorbitants incluant une TVA qu’ils n’appliquent pas aux malades ce qui en soit est une aberration.

Tout cela sans que les remboursements ne soient revus à la hausse, depuis 2006, alors que les cliniques, à la base, avaient fait des conces­sions en acceptant à ce moment-là une tarifica­tion très en deçà du benchmark international et ceci pour permettre à l’ANAM de démarrer du bon pied avec une promesse de cette dernière de revoir cette tarification tous les trois ans. Or à ce jour, rien n’a toujours été fait.

Par ailleurs les moyens déployés n’étant pas toujours similaires en termes de formation d’in­vestissements et autres, il est licite de penser à une sectorisation, comme ce qui se fait partout, laissant la possibilité aux médecins et aux pa­tients de faire le choix du niveau de prestations qu’ils souhaitent.

Le secteur 1 pris en charge totalement par la sécu et un secteur 2 voire 3 avec des hono­raires supérieurs, liés à des prestations de plus haut niveau, histoire de ne pas tirer la médecine vers le bas et encourager l’élan dans lequel se trouve ce secteur qui -ne l’oublions pas- a fait d’énormes progrès reconnus à l’international. Je ne nie pas qu’il y a toujours quelques brebis galeuses comme partout mais qui sont, croyez-le, une minorité.

Pour ce qui est des gains, je pense qu’il s’agit d’un mythe. Et pour attester cela, il n’y a qu’à voir toutes les entreprises et assurances qui y ont cru et ont vite déchanté en revendant ces cliniques.

La nomenclature d’aujourd’hui ne laisse au­cune place à l’enrichissement massif comme veulent le croire certains.

Quant aux actes non justifies je ne peux juger en toute sincérité. Mais dans mon entourage, je n’ai pas vu de choses pareilles.

Sans oublier que la médecine n’est pas une science exacte, ce qui fait la grandeur de ce mé­tier d’ailleurs et pour cause la rareté des consen­sus puisque les attitudes peuvent changer d’une extrême à une autre sans pour autant donner rai­son ou tort à l’un ou l’autre.

Ceci dit, je suis persuadé que des abus existent certainement comme j’en ai vu dans les expériences étrangères même dans les pays où la médecine est très développée.Il faut dire que certains facteurs nourrissent la fracture entre le public et le privé. D’ailleurs, le grand malaise concernant les étudiants en médecine surtout par rapport à l’amalgame créé concernant les secteurs publics et privés laissant les étudiants dans l’embarras en est un exemple. Leurs doléances semblent légitimes et leurs craintes sensées. Les politiques doivent réellement intervenir avec subtilité et pédagogie afin de convaincre ces étudiants et les rassurer, sinon nous allons vers une année blanche très critique et jamais vue dans l’histoire de ce pays, depuis des lustres.

Quant à l’incompétence dont certains parlent, heureusement qu’elle n’est pas légion et pour preuve le classement du Maroc à la 27e place en terme de performance dans ce secteur et qui est tiré par le privé. Ce qui est par contre une hérésie et une particularité marocaine du fait de la démission du secteur public.

Sachez que les médecins marocains s’exportent bien, ce qui est, probablement, une preuve de leur correcte formation.

En ce qui concerne les tensions entre patients et médecins, nous ne la ressentons pas heureuse­ment dans nos cabinets. Elle semble voulue par des mains cachées qui ont, probablement, des intérêts derrière.

Néanmoins, à force de persévérer dans cette ligne, on finira par l’instaurer et cela constituera un véritable drame pour ce pays et je mesure mes propos.

Les Marocains ont la chance de pouvoir se faire soigner dans de bonnes conditions, dans le secteur privé et attendent une réaction du secteur public qui doit faire sa révolution.

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