Mêlons-nous de ce qui nous regarde!

Par Narjis Rerhaye et Ahmed Ghayet

Le risque est grand de voir -une fois l’émotion passée- les choses «redevenir comme avant». Or, pour notre projet de société, il ne le faut surtout pas!

L’affaire des propos imbéciles d’un député PJD et les propos inouïs d’un enseignant appelant au meurtre de jeunes bénévoles Belges -venues construire une route près de Taroudant- parce que vêtues de shorts, a provoqué une vague d’indignations rarement atteinte.

Un appel, «S(H)ORTONS-LES», lancé par 50 signataires de tous horizons, une pétition lancée par des citoyens ayant atteint les 2.000 signatures (en plein mois d’août, c’est remarquable), et une avalanche de photos de profils «en short» sur Facebook, ces femmes, ces hommes, ces jeunes, ces personnalités de la société civile, ont provoqué un véritable électrochoc.

Certains -aveugles qu’ils sont- tournent la réaction en dérision, ils n’ont pas senti la prise de conscience de la jeunesse, ils n’ont pas saisi le ras-le-bol d’une immense partie de la population, d’être ainsi prise en otage par des «haineux», des obscurantistes.

Aurait-il fallu, encore une fois, rester silencieux? Faire le dos rond? Et, une fois de plus, ne laisser que les propos incitant au rejet et au meurtre de l’Autre avoir voix au chapitre?

Non, 1.000 fois non, bravo à toutes celles et tous ceux qui ont réagi, signé un texte, rédigé une pétition, posté des photos «en short», oui, nous le disons: bravo pour leur courage, et honte aux frileux, aux  pseudos «intellos» qui s’indignent de l’indignation, sans s’indigner de la cause…

Car la contre-offensive a d’abord été un cri, un immense cri de ras- le-bol, un cri libérateur face à cette CHAPE DE PLOMB que des incultes, des obscurantistes, des manipulateurs veulent faire peser sur nous.

Le silence, dorénavant, serait complice, voire coupable. Il faut parler, que la voix de ces barbares ne soit plus la seule à être entendue.

L’appel au meurtre de l’enseignant (un enseignant!!!!) et l’irresponsabilité des propos du député PJD ont fait un mal terrible à notre pays, à l’international.

En interne, ils ont contribué encore plus à déchirer notre vivre-ensemble, il faut recoudre la plaie.

Outre les réactions de militants associatifs –notamment le mouvement féminin– de la société civile, de citoyennes et de citoyens, un élément doit nous donner espoir: la mobilisation de la jeunesse!

L’association flamande Bouworde vzw, qui gère le séjour de ces jeunes bénévoles, a trouvé un réel motif de réconfort dans cette contre-offensive et a publié un message réconfortant.

Cette affaire n’est pas la première du genre, que l’on se souvienne donc de l’affaire des jupes d’Inezgane. Allons-nous, de nouveau, oublier et tourner –une fois de plus– la page?

Face à la montée de l’obscurantisme et l’énorme écho que lui offre le web, le danger est plus oppressant, il est démultiplié.

Il ne peut donc s’agir d’un buzz de plus…

L’ignorance de nombre de nos concitoyens en fait une proie facile pour les prédateurs qui utilisent la méconnaissance pour créer la peur qui engendre la violence. Ceux-là veulent nous enfermer dans un faux repli identitaire, pour nous tenir en leur pouvoir hypnotique et castrateur.

En fait, ils flattent nos bas instincts, pour asseoir leur mainmise sur la société.

Alors que c’est l’ensemble des citoyens qui est en ébullition, que c’est l’image de notre pays qui est atteinte, que l’un des leurs –un député– a lourdement dérapé, le silence des politiques est inouï, assourdissant.

Nous nous dirigeons vers une période d’élections, il y a une vraie prise de conscience –notamment chez les jeunes– que la solution passe aussi par le vote, car enfin la société civile ne peut pas être le seul rempart contre l’obscurantisme.

Réfléchissons, d’ores et déjà, à une vraie campagne de terrain pour expliquer et inviter nos concitoyens à aller voter. «MÊLONS NOUS DE CE QUI NOUS REGARDE» en sera le slogan. Et outre le vote, il nous faut aussi trouver d’autres voies d’actions. Innovons, inventons, utilisons avec intelligence les réseaux sociaux mais surtout LABOURONS LE TERRAIN, retrouvons le chemin des quartiers, des communes enclavées, avec un groupe d’amis –militants du concret–, nous y travaillons, l’apport de tous sera sollicité et bienvenu!

Narjis Rerhaye est écrivaine et activiste.
Ahmed Ghayet est un acteur associatif et culturel.

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