Oxfam : « Le Maroc reste le pays le plus inégalitaire du Nord de l’Afrique » 

Ainsi, le Maroc reste « le pays le plus inégalitaire du Nord de l’Afrique » et « dans la moitié la plus inégalitaire des pays de la planète ». En tout cas, c’est ce qu’indique le dernier rapport annuel d’Oxfam sur les inégalités mondiales, intitulé «Celles qui comptent». Le document fait état des inégalités entre les riches et les pauvres ainsi qu’entre les hommes et les femmes. Pour cette ONG, les deux vont de pair.

D’après Oxfam, «Les 22 hommes les plus fortunés au monde possèdent plus que l’ensemble de la population féminine de l’Afrique! ».

Publié à la veille de l’ouverture du sommet économique de Davos (World Economic Forum), qui rassemble plus qu’une centaine de milliardaires à travers le monde, ce rapport met en avant le fait que les inégalités économiques et inégalités de genre vont de pair.

Intitulé « Celles qui comptent », le document pointe du doigt le sexisme régissant le modèle économique mondial, et qui, selon Oxfam, « exacerbe les inégalités en mettant des richesses considérables entre les mains d’une élite fortunée, aux dépens des personnes ordinaires, en particulier les femmes et les filles pauvres ».

Pour cette ONG britannique, « les 22 hommes les plus fortunés au monde possèdent plus que l’ensemble de la population féminine de l’Afrique ».

Dans le même registre, ce rapport indique  que « les 1 % des plus riches possèdent plus de deux fois les richesses de 6,9 milliards de personnes ».

Cette ONG, qui a l’habitude de tirer la sonnette d’alarme sur les inégalités, jette la lumière sur les disparités au Maroc aussi, où la situation ne semble pas être très positive non plus. Selon Oxfam, le Royaume reste « le pays le plus inégalitaire du Nord de l’Afrique et dans la moitié la plus inégalitaire des pays de la planète ». A rappeler que le Maroc est classé 143e sur 153 pays par rapport à l’indice mondial de disparité entre les sexes selon le rapport du Forum Economique mondial 2020.

« Il est impossible de combler le fossé entre les riches et les pauvres sans adopter des politiques visant expressément à lutter contre les inégalités, et trop peu de gouvernements mettent en œuvre de telles politiques », dénote Abdeljalil Laroussi, responsable de plaidoyer et campagne à Oxfam au Maroc.

Durant ces deux dernières décennies, le Maroc a fait un grand saut en matière de lutte contre la pauvreté, celle-ci se situe actuellement en dessous de 5%, un point qui joue en faveur du Royaume, dans un contexte de réduction des inégalités. Mais les inégalités, elles, persistent encore et ne vont pas de pair avec la croissance économique.

Ces inégalités seraient le résultat « des choix politiques » et d’« d’un modèle de développement injuste et sexiste », d’après Abdeljalil Laroussi. Ce dernier considère que : « la réflexion autour du modèle de développement du Maroc, attestant de fait de ses limites marquées par une prédominance de l’économie de rente et le recours à des pratiques exclusives et non transparentes ».

Notons que l’année dernière, Oxfam a montré qu’il faudrait « 154 ans à une personne salariée au SMIG pour gagner ce que reçoit en 12 mois l’un des milliardaires du Maroc ». Ce rapport de 2019 rappelait aussi qu’« un(e) Marocain(e) sur huit est en situation de vulnérabilité », c’est-à-dire susceptible de basculer dans la pauvreté à tout moment.

La gente féminine serait « le maillon faible » de l’économie mondiale

Dans le même rapport, Oxfam met le focus également sur les inégalités et les violences dont les femmes et les filles sont les premières victimes. Selon l’ONG britannique, les femmes et les filles sont parmi les personnes qui profitent le moins du système économique actuel.

De par leur vie professionnelle, les femmes, à travers le monde, sont amenées s’occuper des repas, du nettoyage, de la garde des enfants et de l’accompagnement des personnes âgées, ce qui leur laisse pas assez de temps pour s’instruire, gagner un salaire décent ou participer à la gestion de la société. Selon Oxfam, ce travail de soin non rémunéré est « le moteur caché qui fait tourner nos économies, nos entreprises et nos sociétés », par conséquent, elles sont piégées au bas de l’échelle économique.

Pour Mounia Semlali la responsable du Programme Justice de Genre à Oxfam au Maroc, « Même si les normes sociales sont en transformation continue, les normes patriarcales prévalent toujours dans les perceptions des rapports sociaux de genre et favorisent les inégalités et les violences envers les femmes et les filles, dans le cadre conjugal et familial comme dans l’espace public ».

« La lutte contre les inégalités », une des mesures prioritaires pour Oxfam au Maroc

Le rapport d’Oxfam ne se limite pas à pourfendre les inégalités. Il appelle aussi à mettre en exergue un ensemble de mesures, que l’ONG juge « prioritaires », notamment le développement d’un plan national contre les inégalités et l’adoption d’une politique fiscale juste et ferme dans la lutte contre l’évasion et la fraude fiscale.

« Adopter un objectif ambitieux et quantifié de réduction des inégalités à l’horizon 2030 dans le cadre des objectifs de développement durable », « produire des données statistiques mises à jour régulièrement et disponibles publiquement sur la disparité des revenus et la concentration de la richesse », « prendre des mesures urgentes et concrètes pour corriger les disparités régionales, les inégalités de genre et améliorer la gouvernance à tous les niveaux », telles sont les priorités d’Oxfam.

Dans ce contexte, cette ONG trouve que « La lutte contre les inégalités et la pauvreté », devrait être au cœur de la réflexion de la commission mandatée pour la révision du modèle de développement.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Bouton retour en haut de la page