Présentation du nouvel ouvrage « Terres Dangereuses » de Touria Oulehri à Rabat

Sous le thème : « Entre l’écriture et l’écriture de soi : Quels enjeux ? », le Laboratoire Langues, Littératures, Arts et Cultures a organisé, le jeudi 9 mai 2024, au sein de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Rabat, une rencontre littéraire avec l’écrivaine et romancière Touria Oulehri autour de son nouvel ouvrage intitulé Terres Dangereuses (Afrique Orient).

Cette rencontre qui s’inscrit dans le cadre des activités du laboratoire LLAC, a été modérée par Mme la Professeure Saloua El Oufir. Lors de cette rencontre, les étudiants et les chercheurs universitaires ont eu l’occasion d’explorer les subtilités de l’écriture romanesque et de la création littéraire, et l’opportunité de plonger dans l’univers littéraire de Touria Oulehri.

Au cœur du débat, figuraient ses œuvres antérieures La Répudiée (Afrique Orient, 2001), La chambre des nuits blanches (Marsam, 2002), Les conspirateurs sont parmi nous (Marsam, 2006), Laisse mon corps te dire… (Marsam, 2016) et Aime-moi et je te tue (Virgule édition, 2020), ainsi que son dernier recueil de nouvelles intitulé Terres dangereuses (Afrique Orient, 2024). Ce recueil, marquant une rupture dans son œuvre romanesque, explore de nouveaux territoires stylistiques et thématiques. En optant pour une écriture hybride, l’écrivaine défie les conventions de l’écriture classique, offrant ainsi à son lecteur un texte indécidable et intergénérique. Ce recueil qui embrasse entre ses deux volets dix nouvelles, transgresse la notion classique du genre littéraire en accueillant plusieurs registres littéraires. Du réalisme au fantastique passant par le merveilleux… entre d’autres genres, la romancière « violente les genres littéraires ».

À travers ses différents textes, Touria Oulehri explore avec audace une palette de thèmes profonds et universels. Du corps à l’amour, en passant par la notion du couple, la relation à l’autre, la question identitaire et la démence l’écrivaine aborde des sujets où la grande Histoire et la petite histoire s’entrecroisent. Mais ce qui distingue véritablement son écriture, c’est sa capacité à donner la parole aux subalternes, à ceux dont les voix sont souvent étouffées dans le récit dominant. Oulehri est « un penseur » au féminin et ses romans sont des textes qui pensent, non pas la condition féminine, mais la condition humaine. Effectivement, les thématiques féminines se manifestent par l’omniprésence des personnages féminins dans ses différents textes.  En cela, elle est une Shéhérazade contemporaine, offrant une réflexion profonde sur le pouvoir de la narration et de l’écriture. Bien que certaines voient en son travail une dimension féministe, Touria Oulehri rejette cette étiquette, affirmant qu’elle écrit pour raconter et que l’écriture pour elle est un besoin vital.

Touria Oulehri a révélé lors de cette rencontre que son inspiration et sa détermination à écrire ont été profondément influencées par la lecture de Lettre à un jeune poète de Rainer Maria Rilke. C’est dans les mots de Rilke, notamment lorsqu’il pose la question cruciale : « Devriez-vous mourir s’il vous était interdit d’écrire ?« , que l’écrivaine a trouvé son propre élan créatif. Pour elle, cette question résonnait comme un appel à l’essence même de l’écriture, un appel qui résonnait à l’heure la plus silencieuse de sa nuit. Elle a alors creusé en elle-même à la recherche d’une réponse profonde, se confrontant à cette question existentielle avec une grande sincérité. Et la réponse, forte et claire, a été un « il le faut » résolu, un impératif catégorique qui a déterminé sa voie (sa voix) littéraire et son engagement envers l’écriture.

Il est à souligner que cette rencontre s’inscrit dans le cadre du cycle « Voix Marocaines », une série d’événements visant à mettre en lumière les voix littéraires émergentes et établies du Maroc. En invitant des écrivains et des artistes à partager leurs perspectives et leurs expériences, le Laboratoire Langues, Littératures, Arts et Cultures offre, d’une part, un cadre de rencontre et d’échange entre les jeunes étudiants et les écrivains et artistes marocains, favorisant ainsi un dialogue dynamique et fécond, de l’autre, le laboratoire LLAC est une plateforme pour explorer les richesses culturelles et la création littéraire et artistique des auteurs et des artistes marocains.

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