Présidentielle US: Une campagne électorale au goût de scandales et révélations de dernière minute
La campagne présidentielle américaine de 2016 qui s’approche de son terme, s’est déroulée, comme jamais elle ne le fut avant, sur un ton particulièrement acrimonieux avec la succession de scandales et de révélations de dernière minute, dans un contexte de d’extrême polarisation politique sans précédent dans le pays.
« Dans l’histoire des élections on n’a jamais vu de telles attaques, de tels innombrables scandales et de telles théories du complot (…). Tout cela traduit les divisions et les désaccords profonds, non seulement entre les deux candidats en lice, mais aussi entre deux Amériques », estime la journaliste Katie Shepherd dans un article publié par le +New York Times+.
Selon un sondage mené par Allegheny College sur la civilité dans la politique américaine, 89 des électeurs en 2010 considéraient que les commentaires négatifs sur la race ou l’origine ethnique étaient hors limites lors d’un débat politique. En 2016, le nombre est tombé à 59 pc.
« Il s’agit d’un cycle électoral affreux que vous n’avons connu depuis des décennies », estime Joseph Cunnings du magazine +Politico+, relevant que ces présidentielles « reflètent l’état d’esprit d’un électorat, en colère, profondément polarisé, et lassé de l’establishment ».
Aidan Smith, professeur à Newcomb College et expert en matière de campagnes présidentielles modernes, estime, dans ce contexte, que « le niveau de vitriol, visant non seulement le caractère des candidats en lice mais également leurs parcours et leurs vies privées, a atteint un niveau sans précédent ».
Alors que John F. Kennedy et Barack Obama avaient réussi à rendre la politique plus attrayante grâce à leur charisme et leur optimisme, les partis démocrate et républicain, ont présenté pour la présidentielle de 2016, deux candidats qui collectent près de 60 pc d’opinions défavorables auprès des électeurs.
Selon plusieurs observateurs, la Démocrate Hillary Clinton et le Républicain Donald Trump symbolisent ce qu’une partie de l’Amérique ne veut plus voir. Aux yeux d’une partie de l’opinion publique américaine, l’ancienne secrétaire d’Etat représente, depuis 30 ans, l’establishment politique « élitiste », alors que le magnat de l’immobilier, champion du populisme, a capitalisé sur le sentiment de la peur pour remporter l’investiture du parti républicain, au grand dam de 17 concurrents. Tout au long de sa campagne, le milliardaire newyorkais a établi un style populiste, ponctué souvent par des déclarations outrancières à l’égard des femmes et des minorités.
« Le résultat est une campagne ultra-polarisée qui attise les tensions et qui met en péril la cohésion sociale », estime Dave Sharon, chercheur au Pew Research Center, qui est revenu sur les « affrontements verbaux » et physiques ayant marqué certains meetings, notamment ceux de Donald Trump.
Ce sont également «les présidentielles des réseaux sociaux» par excellence. Depuis le début de la campagne électorale en juin 2015, Trump a publié des propos injurieux visant, selon le New York Times, 237 personnes, choses et lieux sur Twitter.
Le nivellement par le bas de la campagne présidentielle est reflété également dans des spots télévisés de dénigrement ainsi que dans le ton agressif des divers débats, primaires et présidentiels qui ont failli prendre des allures d’affrontements, et qui ont échoué, selon plusieurs observateurs, à s’adresser aux vraies questions de fond qui devraient préoccuper les politiciens et l’électorat américains.
Pire encore, la crédibilité même du processus électoral a été remise en question après que Donald Trump a refusé de s’engager à accepter l’issue de l’élection du 8 novembre.
Hillary Clinton ou Donald Trump. Personne ne le sait encore, surtout avec une avalanche de sondages contradictoires qui donnent le tournis à un public submergé par une myriade de révélations de dernière minute au sujet des deux candidats.