Que faire avec Alger?

Alors que M. Antonio Guterres, Secrétaire Général de l’ONU, le Secrétaire général de la  Ligue arabe et de nombreux pays dont la France, le Koweit, les Emirats Arabes Unis et le Qatar entre autres ont salué le discours de S.M. le Roi Mohammed VI du 6 novembre, sans ambiguïtés pour l’ouverture d’un dialogue sans conditions qui met sur la table toutes les questions en suspens ou en litige avec l’Algérie, les dirigeants de celle-ci ont considéré cette main tendue  à travers une «  source autorisée »  citée par  des journaux algériens  comme un «  non-événement ».

La violence de leur réponse montre le désarroi des dirigeants de ce pays devant une proposition  destinée à faire sortir les relations maroco-algériennes de leur léthargie. Elle montre aussi une sorte de vacance du pouvoir civil dans ce pays puisque la réponse semble émaner des milieux sécuritaires et militaires hostiles à notre pays. L’appel récent par Alger  pour une réactivation de l’UMA  n’y change rien car ce n’est qu’une fuite en avant  pour ne pas répondre à l’initiative royale.

Ce désarroi et cette violence des milieux hostiles à notre pays viennent du fait que la proposition royale répond à des récriminations récurrentes des dirigeants algériens et ce depuis des années mais aussi prendre au mot ces même  dirigeants qui claironnent que  l’affaire du Sahara est une question qui concerne le Maroc et le polisario et qu’Alger n’est pas partie prise dans cette affaire. Rappel de la proposition royale :  » C’est, donc, en toute clarté et en toute responsabilité que je déclare aujourd’hui la disposition du Maroc au dialogue direct et franc avec l’Algérie sœur, afin que soient dépassés les différends conjoncturels et objectifs qui entravent le développement de nos relations.

A cet effet, je propose à nos frères en Algérie la création d’un mécanisme politique conjoint de dialogue et de concertation. Le niveau de représentation au sein de cette structure, son format, sa nature sont à convenir d’un commun accord. Le Maroc est ouvert à d’éventuelles propositions et initiatives émanant de l’Algérie pour désamorcer le blocage dans lequel se trouvent les relations entre les deux pays voisins frères. En vertu de son mandat, ce mécanisme devra s’engager à examiner toutes les questions bilatérales, avec franchise, objectivité, sincérité et bonne foi, sans conditions ni exceptions, selon un agenda ouvert.« 

Un peu avant dans son discours, SM le Roi et après avoir rappelé l’état « de division et de discorde » actuel a insisté sur l’histoire et les liens de sang qui unissent les deux peuples  et annonça que « Nous savons aussi que l’intérêt de nos peuples réside dans leur unité, leur complémentarité, leur intégration ; et nul besoin qu’une tierce partie joue, entre nous, les intercesseurs ou les médiateurs. » Prenant à témoin les deux peuples mais  aussi la communauté internationale, SM  le Roi a rappelé dans son discours du 06/11/2018 que « Dieu m’est témoin que depuis Mon Accession au Trône, j’ai appelé avec sincérité et bonne foi à l’ouverture des frontières entre les deux pays, à la normalisation des relations maroco-algériennes. »

→Lire aussi: L’Algérie réplique à l’appel du Roi Mohammed VI

Effectivement le Souverain a toujours demandé une normalisation des relations avec ce pays. Déjà dans le discours du Trône de 2011 n’avait-il pas déclaré « Nous tenons à l’amorce d’une nouvelle dynamique ouverte sur le règlement de tous les problèmes en suspens, en prélude à une normalisation totale des relations bilatérales (…) ?  « Cette démarche exclut tout immobilisme ou ostracisme incompatible avec les liens de bon voisinage, l’impératif d’intégration maghrébine et avec les attentes de la communauté internationale et de notre espace régional » , a-t-il ajouté.

Balayer tout cela d’un revers de main et dire que  c’est un «non-événement »  pire « une manœuvre » qui précède la réunion de Genève sur le Sahara alors que cette main tendue comme nous l’avons rappelé  est une constante dans la politique marocaine montre une attitude belliqueuse incompréhensible plus qu’autre chose. En effet ces  discours et cette main tendue  tranchent  avec l’attitude hostile des dirigeants d’Alger à l’égard de notre pays  et qui s’apparente plus à une sorte guerre non déclarée sous prétexte de solidarité avec « le peuple du Sahara »  et qui n’est en fait qu’un mythe entretenu pour des objectifs de politique interne. C’est ce que j’avais essayé d’expliciter dans cet article voir le lien. https://www.agoravox.fr/actualites/international/article/maroc-algerie-une-situation-de-ni-178646

Guerres économique, diplomatique et médiatique ou même une sorte de guerre tout court. En effet, Alger s’engage dans une course folle aux armements pour « mettre à genoux » le Maroc qui dispose de moins de ressources, et en maintenant fermées les frontières Est du pays pour le couper du reste du Maghreb et de son prolongement arabe ; ensuite en mobilisant ses diplomates dans toutes les organisations et forums internationaux contre le Maroc.

Les organes de presse algériens n’évoquent le Maroc contre toute logique que comme un pays ennemi. Pire, en armant et en hébergeant les combattants du polisario hostiles au Maroc, c’est d’une escalade guerrière qu’il s’agit. Sont aussi des actes de guerre, les différentes manœuvres militaires faites régulièrement par les généraux algériens et parfois à balles réelles à la frontière de notre pays.

En tout cas pour nous et devant cette fin de non-recevoir à la main tendue royale, il nous reste la légalité internationale qui consiste à prendre à témoin l’opinion publique internationale du fait que ce sont bien les gouvernants d’Alger qui sont à l’origine de la tension dans la région. Pour ce faire, les pays membres du Conseil de Sécurité de l’ONU doivent à notre avis être mis au courant du contenu de la proposition royale, laquelle doit  être explicitée ainsi que l’attitude négative des dirigeants d’Alger pour rejeter tout dialogue. Une campagne diplomatique peut  être menée aussi pour l’expliquer au reste du monde.

Mohamed Takaddoum

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