Regain d’optimisme à Davos

Tribune

Par Henri-Louis Vedie (*)

Le 53iéme Forum économique mondial de Davos, du 17 au 20 janvier 2022, vient de se terminer.

C’était sa première session d’hiver depuis la crise de la Covid 19 de 2020. Avec près de 3000 participants et une cinquantaine de chefs d’Etat attendus, certains parleront de succès. Et même si les absents ont toujours torts, ce sont toujours ceux que l’on rappellera à l’heure du bilan, faisant du forum un succès ou un échec. Force est de constater alors que, en dehors du chancelier allemand Olaf Scholz, aucun chef d’Etat ou de gouvernement représentant d’un pays de premier plan sur la scène internationale n’a fait le déplacement de Davos, même si une trentaine de chefs d’Etat européens avaient fait le déplacement.

Parmi les grandes puissances, on notera l’absence de la Russie, boycottée par le pays organisateur, et les absences du nouveau Président brésilien, Lula, du Président américain Joe Biden, du Président chinois Xi et du Premier ministre Indien Narenda Modi. Avec les absences du Président français Emmanuel Macron, du Premier ministre canadien Justin Trudeau, du Premier ministre britannique Rishi Sunak, du premier ministre japonais Fumio Kishida, de la Première ministre italienne Giorgia Meloni, le G7 ne comptait qu’un seul représentant/Président ou Premier ministre : le chancelier allemand Olaf Scholz. Avec l’annulation de la visite du Président sud-africain, Cyril Ramaphosa, les BRICS n’ont pas mieux fait, bien au contraire, ne comptant aucun représentant, Premier Ministre ou Président. Si on analyse la nationalité des différents participants, autre indicateur intéressant, sur les 2658 inscrits ,27,2% étaient américains ,9,6% étaient suisses/pays d’accueil, 9,1% étaient britanniques, 4, 3% étaient allemands, 3,1 % étaient indiens et japonais, 2,9% étaient émiratis, 2,6% étaient français, 2,2% étaient hollandais et 1,9% étaient sud-africains etc.

Comme d’habitude, à l’occasion des débats tous les grands thèmes économiques qui font l’actualité ont été abordés : l’impact de la pandémie, l’impact du conflit Russie/Ukraine, avec la présence remarquée du Président Zelensky et de son épouse, l’impact du réchauffement climatique avec les interventions enflammées d’Antonio Guteres, Secrétaire général des Nations Unies et d’Algore, ancien vice-président des Etats-Unis, la fragmentation du monde économique etc. Mais ce qu’il faut retenir, selon nous, c’est le décalage entre les propos des différents intervenants et participants, près de 2700, dans les couloirs de Davos, souvent pessimistes, et les conclusions finales où l’optimiste l’emporte sur les crises, avec une interrogation qui résume le climat final de ces journées : et si 2023 se passait bien? Les raisons de ce regain d’optimisme, on peut les résumer avec les différentes interventions concernant l’inflation, très souvent évoquée, et l’intervention du vice Premier ministre chinois représentant le Président Xi.

*Concernant l’inflation, si l’ancien ministre américains des Finances, Larry Summers, tirait la sonnette d’alarme sur un risque de résurgence après les bons résultats, des dernières semaine, cela n’a pas été suffisant pour mettre à mal l’optimisme ambiant dominant sur ce sujet sensible. Optimisme conforté par Christine Lagarde, déterminée à ramener le taux d’inflation à 2% en 2024 et par une certitude générale que rien n’est sûr aujourd’hui sur les prix comme sur le reste.

*Concernant l’intervention du vice Premier ministre chinois, elle a été perçue comme déroulant un tapis rouge aux investisseurs étrangers, insistant sur l’ouverture et l’apaisement avec les Etats-Unis dans le cadre d’une re-mondialisation. Pour beaucoup d’experts présents à Davos, la croissance chinoise pourrait rebondir à 5/6% en 2023, avec un fort deuxième semestre. Il n’en fallait pas plus pour affirmer, comme Joe Kaeser, Président de Siemens, présent à Davos que « la Chine va tirer la croissance des pays industriels ».

Pour certains, le forum de Davos est un très bon observateur des tendances passées, mais pas nécessairement un bon prévisionniste. Les mois qui viennent nous diront s’ils avaient raison. Seule certitude, il est toujours préférable, lorsqu’on n’en n’a pas, c’est le cas aujourd’hui où nul ne sait quand et comment finira la guerre en Ukraine, c’est de rester optimiste Un pessimisme avoué, non vérifié par les faits, ne pouvant que favoriser des anticipations contraires à la croissance et au développement économique. C’est ce qui explique sans doute ce regain d’optimisme.

(*) Senior Fellow au Policy Center for the New South 

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