« Tel Quel » ou les miasmes journalistiques des folliculaires

Hassan Alaoui

Après la parution il y a quelques jours d’un article sur la revue Tel Quel intitulé « Faux médecin, vrai pizzaïolo », mettant en cause le titre de médecin de Mohamed Aziz Bihi, décoré par le Roi en juillet 2016, une polémique s’est déclenchée dans les réseaux sociaux qui, avec certains titres de la presse numérique, ont repris l’information.

Le mis en cause s’est efforcé de se défendre devant un ouragan de réactions violentes, d’insultes même, s’adressant aux responsables de la revue qui n’en avaient cure. Un citoyen mis en cause, peut-il se défendre devant un journal qui a pignon sur rue ?  Sa parole de citoyen pèse-t-elle encore devant une publication qui joue sur un registre de grave ambiguïté rédactionnelle ?

« Précisions de la rédaction de « Tel Quel » suite à la publication d’un article dans son édition numéro 761, « Faux médecin, vrai pizzaïolo ».

Voici donc les « précisions » que Tel Quel, avec une mauvaise foi ahurissante a publiées : « Dans son édition 761 , notre hebdomadaire est revenu  sur le parcours de Mohamed Aziz Bihi, décoré le 30 juillet 2016 du Wissam Al Moukafaa Al Watanya de deuxième catégorie. Monsieur Bihi a tenu à apporter des précisions suite à la publication de l’article intitulé « Faux médecin, vrai pizzäiolo ». Il a envoyé des copies d’attestations à la rédaction établissant  l’obtention d’un diplôme russe de médecin ainsi que l’exercice de son métier d’urologiste à l’hôpital de Stavropol.

De plus un proche de Bihi explique qu’il a pu faire des petits jobs dont pizzaïolo à ses débuts.

Dont acte. 

On tombe à la renverse devant le jeu de mots assassin qui a dû assommer le concerné. A lui seul ce texte est un tissu lamentable de contradictions méprisantes et de manque de rigueur professionnelle, avec de surcroît un langage abscons. C’est ainsi que l’hebdomadaire « Tel Quel » s’est fendu d’un pseudo rectificatif sur son site, suite au démenti protestataire que le Dr Mohamed Aziz Bihi a adressé aux responsables de la rédaction. Ces derniers ont accusé le médecin établi à Londres de faux et de falsification de ses titres universitaires, le traitant non sans mépris de « pizzaïolo » travaillant à Liverpool et d’imposteur.

Nulle part il n’est question du titre de Mohamed Aziz Bihi, c’est-à-dire Docteur Bihi, quand bien même il n’aurait été diplômé aux yeux du signataire de l’article que de l’Université de médecine ou d’une simple école de médecine de Russie. Or, la médecine en Russie n’a rien à envier à celle des Etats-Unis, ou des universités européennes…Plus grave est cette façon de dire « Il a envoyé des copies d’attestations à la rédaction établissant  l’obtention d’un diplôme russe de médecin ».

Plus inquiétant encore est ce mot « d’urologiste » pour dire « urologue »  qui ne manque pas de nous laisser pantois! Décidément la langue de Molière en prend un sacré coup. L’analyse de contenu de cet articulet est révélatrice d’une pratique propre à une presse arrogante et ignorante des règles de déontologie, qui ne sait pas que tout lecteur ou toute personne mise en cause dans un article bénéficie selon la loi du droit de réponse induit dans le Code de notre exercice ou, encore mieux, imposant au journaliste coupable d’accorder le même emplacement – ici une page au moins de Tel Quel – à la réponse du Dr. Bihi…

Le dernier mot de la mise au point est un chef d’œuvre : « Dont acte » ! Un ectoplasmique et grandiloquent mépris lancé du haut de la suprême ironie contre un homme qui n’a d’autre choix que de s’incliner ou de se taire….

Or, non seulement il est démoli par l’article qui met en cause son intégrité, non seulement sa réputation est salie et traînée dans la boue par un folliculaire, non seulement les informations colportées sur son compte relèvent d’une calomnie délibérée, mais il n’a pas eu droit à la réponse nécessaire – celle que lui offre la loi –  pour se défendre. Il se heurte au silence pour ne pas dire au mépris des responsables de Tel Quel qui, on le voit, se sont fendu d’un petit texte encore plus cynique, d’un français pitoyable…qui ne fait nullement honneur – tant s’en faudrait – à son auteur…

Pis : non  seulement ils ont mis en doute sa qualité de médecin, son parcours, ses diplômes, ses expériences en Russie et en Angleterre, mais la rédaction de « Tel Quel » a plus ou moins indirectement mis en cause le principe de la décoration royale. Une manière de « frapper » haut pour attirer les regards, succomber à la dérive sensationnaliste pourvu que ça choque et vende du papier…C’est le principe creux sur lequel surfent beaucoup de titres : plus ça monte, plus ça choque et plus ça désacralise et banalise…

Rien n’est moins sûr en effet, car à trop vouloir choquer, on dévalorise l’information vérifiée et recoupée qui est notre « religion ». Aujourd’hui, les lecteurs n’arrivent plus à faire la part entre le bon grain et l’ivraie de l’information.

« Tel Quel », fidèle à sa culture de donneur de leçons n’a rien abandonné de sa superbe arrogance depuis son lancement par Ahmed Réda Benchemsi, dont la carrière sulfureuse – si tant est que l’on puisse parler d’une carrière – n’avait d’égale que sa haine de son pays, de ses institutions et de ses confrères.

Voilà donc un médecin mis en cause par un « journal » qui ne prend aucune peine à « sourcer » son information avant de la publier, qui la « balance » sur le mode d’une vérité unilatérale, voilà un homme blessé qui fait parvenir à la rédaction un démenti, à tout le moins un rectificatif comme on dit dans notre métier, mais qui se heurte à la sourde oreille, à l’arrogance et au mépris d’une « rédaction », montée sur ses ergots qui se refuse à publier la réponse ou les réponses du mis en cause, qui se contente de quelques lignes bien choisies, sélectives parce qu’il ne faut pas s’exposer ni reconnaître ses torts et les dommages provoqués, directs et collatéraux , parce qu’à « Tel Quel »- ne l’oublions jamais –  tout ce que l’on dit, et l’on publie est considéré comme « parole d’Evangile »…autrement dit péremptoire et indiscutable …Cela tombe comme un couperet.

Deux remarques s’imposent : La première est que l’article de « Tel Quel » ne cite aucune source crédible, sérieuse et imparable qui confirme ses accusations contre le Dr. Mohamed Aziz Bihi. Moyennant quoi, au mieux il pèche par défaut et, au pire, nous fait prendre des vessies pour des lanternes. L’exercice est de respecter la « vérité, rien que la vérité, surtout si elle en coûte »…Or , apparemment, la passion de la vérité ne semble pas être le souci des responsables de « Tel Quel ». Albert Camus, dans l’un de ses célèbres éditoriaux publiés dans Combat, écrivait : « …Cela revient à demander que les articles de fond aient du fond et que les nouvelles fausses ou douteuses ne soient pas présentées comme des nouvelles vraies »…

Un rappel tout de même : Le titre de Tel Quel a été « volé » et piqué par Ahmed Réda Benchemsi aux fondateurs de la vraie revue française Tel Quel , lancée par mon ami feu Jean-Edern Hallier et Philippe Joyaux ( devenu Sollers) en 1960.

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