Tourisme : les 2 MMDH peuvent-ils calmer les professionnels ?

Par Mouhamet NDIONGUE

Le tourisme est l’un des secteurs les plus touchés par la pandémie de Covid-19 en raison des restrictions de voyages et du confinement. En 2020, le secteur enregistre un fléchissement historique de 80,1% pour les non-résidents. Dans une période gagnée toujours d’incertitudes, le gouvernement tente encore de relancer un secteur au bord du gouffre. Qu’en sera-t-il des 2 milliards de dirhams prévus pour appuyer les professionnels ?

Fin novembre, le Maroc a suspendu tous les vols de et vers le pays pour deux semaines. A partir de cette date, plus aucun vol commercial n’a atterri au Maroc jusqu’à ce jour. La raison en est la propagation rapide de la variante Omicron, notamment en Europe et en Afrique.

« La décision a été prise en raison de la propagation rapide de la nouvelle variante du COVID, Omicron, notamment en Europe et en Afrique, et afin… de protéger la santé des citoyens marocains », a déclaré, le gouvernement.

Le Maroc, dont l’économie repose fortement sur le tourisme, a pris une décision qui a porté un autre coup dur au secteur du tourisme après le confinement et les restrictions entre 2020 et 2021.

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A cet effet, des agents de voyages ont manifesté, le 5 janvier 2022, devant le siège du ministère du Tourisme à Rabat pour attirer l’attention sur la situation désastreuse du secteur. Les voyagistes marocains menacés de faillite en raison de la fermeture des frontières ont appelé à ce que l’industrie du tourisme soit « sauvée ».

Près de 200 travailleurs de l’industrie ont manifesté devant le ministère du tourisme à Rabat, exigeant la réouverture des frontières et des pourparlers avec les autorités, évoquant « l’effondrement dramatique » de l’industrie à la suite de la pandémie.

2020, année de plomb pour le secteur

En 2020, les recettes du tourisme ont représenté 54,8% après +3,7%, selon le ministère du Tourisme. Les industries du secteur, telles que le transport aérien et terrestre, la restauration et l’hôtellerie, génèrent d’importantes opportunités d’emploi pour les jeunes.

Malgré les mesures prises pour atténuer l’impact de la pandémie sur le secteur, les arrivées des touristes aux postes frontières ont enregistré́ une baisse de 79,8% au quatrième trimestre 2020, sous l’effet des replis de 92% pour les touristes étrangers et de 59% pour les MRE, ont analysé les experts de la Direction du Trésor et des Finances Extérieures (DTFE). De même, les nuitées réalisées dans les hôtels classés ont reculé de 82,6%, résultat des baisses de 94% pour les non-résidents et de 52,3% pour les résidents.

Il est à signaler que les autorités marocaines ont annoncé ́ différentes mesures d’assouplissement de franchissement du territoire national notamment à partir du 7 septembre.

2 milliards de dirhams, mais pas d’ouverture

La ministre du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Economie sociale et solidaire, Fatima-Zahra Ammor, a salué le 17 janvier les réalisations de la Société marocaine d’ingénierie touristique (SMIT) pour relancer l’investissement touristique. Elle a rappelé que l’année dernière, le SMIT avait mené de nouveaux partenariats pour soutenir les destinations touristiques à travers le Maroc tout en augmentant les investissements dans l’industrie à plus de 150 millions de dirhams pour créer des produits conformes à la demande nationale et internationale.

Aujourd’hui, 18 janvier, le gouvernement a approuvé un important plan d’urgence d’un montant de 2 milliards de dirhams pour le soutien du tourisme, initiative applaudie par le président du Conseil régional du tourisme (CRT) de Casablanca-Settat, Othman Chérif Alami, qui estime que c’est des « déclarations de bonnes intentions ». « En plus les tours opérateurs sont à saluer pour leur campagne qui a abouti à cette mesure », magnifie-t-il.

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Cependant, M. Alami estime qu’il faut « une commission élargie entre les professionnels du secteur et les agents des ministères concernés pour que le plus tôt possible, on passe à la mise en œuvre de cette décision. »

Les mesures concernent le prolongement du versement de l’indemnité forfaitaire de 2000 dirhams durant le premier trimestre 2022, pour l’ensemble des employés du secteur du tourisme, les transporteurs touristiques et les restaurants classés, ainsi que le report des charges dues à la CNSS pendant 6 mois pour ces mêmes employés. Sur ce point, Othman Chérif Alami propose de « sécuriser au maximum le déploiement de ces mesures ». Pour la mise en œuvre, il estime entre 2 et 6 mois seront suffisants pour développer des réponses, car « l’urgence est sur la table ».

En outre, ce plan prévoit d’établir un moratoire relatif aux échéances bancaires sur une durée pouvant aller jusqu’à 1 an, pour les hôteliers et les transporteurs touristiques. Les intérêts intercalaires seront pris en charge par l’État pour une période équivalente aux mois de non activité en 2021, ainsi que le premier trimestre 2022.

Il s’agira également de la prise en charge par l’État de la taxe professionnelle due par les hôteliers en 2020 et en 2021, et de l’octroi d’une subvention de l’État au secteur de l’hôtellerie, pour un montant global de 1 MMDH. L’objectif de cette aide est de soutenir l’effort d’investissement (entretien, rénovation, formation…) des hôtels souhaitant se préparer à un redémarrage rapide de l’activité dès la réouverture des frontières. Sur ce point, le président du CRT de Casablanca-Settat soutient que « ces déclarations doivent être accompagnées pour assouplir les procédures et pour ce faire, il faut un décret d’application le plus tôt possible afin de mettre en œuvre cette mesure. »

Autre point qui « mérite d’être soulevé », selon M. Alami, c’est l’ouverture des frontières dont le ministre de la santé oppose un niet catégorique. « Il ne veut pas en entendre parler ». Pourtant, ce point constitue la principale revendication des tours opérateurs.

Pour Othman Chérif Alami, il faut au maximum 90 jours pour reprendre normalement l’activité du tourisme à l’ouverture des frontières. Car pour les procédures nécessaires pour démarrer l’activité, notamment le recrutement, la mise à jour des procédures… il faut du temps.

Toutefois, M. Alami rappelle que « le Maroc est l’un des derniers pays qui a toujours fermé ses frontières. »

Maintenant, les 2 milliards de dirhams parviendront-il à calmer les professionnels du secteur ?

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