Un voilier du haut Moyen-Âge découvert près de Bordeaux
Une bonne partie de la structure d’un voilier de charge du VIIIè siècle, comprenant la proue, a récemment été retrouvée dans un petit affluent de la Garonne, près de Bordeaux, dans un excellent état de conservation, rapporte le site « Pour la Science« .
En cours de fouille par une équipe de l’Institut national (français) de recherches archéologiques (Inrap), ce voilier conservé sur une douzaine de mètres de long, mais qui mesurait 15 mètres, cabotait sans doute dans la région. Il date soit de la fin du VIIè siècle ou, plus vraisemblablement, de la première moitié du VIIIè siècle, une époque agitée pendant laquelle Bordeaux passa successivement des mains du Gallo-Romain Eudes d’Aquitaine, à celles du Sarrazin Abd al-Rahman, puis à celles de son vainqueur franc, Charles Martel, en 732, précise le site spécialisé.
Entre deux cabotages sur la façade atlantique et dans la Gironde, le navire a été mis en sécurité par son propriétaire dans l’estey de Lugan, soulignent les archéologues, qui disent ignorer les raison pour lesquelles il a sombré: à la suite d’une crue, d’une tempête ou simplement pour avoir été laissé trop longtemps sans entretien.
Mais une fois coulé, le bateau était irrécupérable et s’est vite retrouvé partiellement enfoui dans les sédiments apportés par la Garonne. C’est la partie immergée dans la boue que les chercheurs ont retrouvée. La majeure partie de l’embarcation est construite en pièces de chêne, assemblées par de nombreuses chevilles et quelques clous. Toutefois, certaines pièces sont en châtaigner, saule et pin. L’emplacement du mât a été identifié grâce à la présence de son emplanture, large réservation creusée dans une pièce de bois destinée à en accueillir la base et la présence d’une quille indique que l’embarcation, en plus de ses déplacements sur la Garonne, pouvait aussi naviguer en longeant les côtes.
La hauteur initiale du bateau demeure indéterminée puisque seules les parties immergées dans la boue et la nappe phréatique ont été conservées. Dans le bateau, les chercheurs n’ont retrouvé que quelques tessons de poteries, pépins de raisin et autres restes de plantes cultivées, dont une endémique du Portugal, ce qui pourrait indiquer l’une des destinations ou l’origine d’une cargaison. Les archéologues doivent démonter et sécuriser pièce à pièce ce témoignage précieux de l’archéologie navale en Gironde vers la fin de l’ère mérovingienne. Lorsqu’ils analyseront leurs données, ils bénéficieront de la comparaison avec le voilier de charge du VIIIè siècle découvert à Port Berteau, en Charente.
Avec MAP