2018 : L’année du « CONCRET »
Par Saad Bouzrou
L’année 2018 est-t-elle unique en son genre pour le Maroc ? La question peut dérouter tant la réponse semble être, à l’évidence, positive. Il y a ceux qui n’ont gardé de ces douze mois qu’un déplaisant souvenir du maintien de l’heure d’été ou la polémique politico-médiatique d’un certain Mohamed Yatim, qui a risqué d’effeuiller le leadership du PJD, tandis que d’autres savourent toujours les moments de bonheur que nos lions de l’Atlas nous ont offerts, après de longues années de répit.
Adoul, c’est pour les femmes aussi
Alexis de Tocqueville aimait toujours rappeler aux gens de son temps que l’esprit marche dans les ténèbres quand le passé n’éclaire plus l’avenir. L’année 2018 sera bientôt derrière nous, et nous devons faire son bilan afin d’en tirer quelques leçons utiles pour l’année prochaine. Elle est riche, à la fois, par des moments de gloire, mais aussi, malheureusement, par ceux de déboires.
Et si on devait parler dans un premier temps que des moments forts, ce serait les suivants : D’abord, un début d’année marqué par la décision royale d’ouvrir la profession d’adoul aux femmes, en lançant un concours pour le recrutement de 800 adouls hommes et femmes. Un pas de géant en termes d’égalité hommes-femmes, au Maroc, qui permet à des milliers d’entre elles, demandeuses d’emploi, de gagner leur vie grâce à un métier si cher naguère à la gent masculine ; et de jouir de la norme constitutionnelle qui est celle de l’article 19 de la Loi suprême : égalité des droits de l’homme et de la femme.
Cette décision vient également pour faire valoir les compétences et le haut niveau de formation et de culture acquis par la femme marocaine, qui a fait preuve de qualification et de suffisance dans les différentes hautes fonctions qu’elle a assumées.
Une diplomatie héroïque
Ensuite, c’est au tour du leadership naturel de S.M le Roi Mohammed VI, sur la scène internationale, de confirmer une diplomatie marocaine proactive et réactive. Elle s’est consolidée avec plus d’ouverture et de dialogue avec l’appel royal à l’Algérie pour tourner concrètement la page de la discorde, sans exclure la clarté dans les positions du Royaume et la fermeté.
L’interpellation du Secrétaire général de l’ONU par le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, sur la responsabilité de l’Organisation mondiale dans le conflit du Sahara a marqué la détermination du Maroc à ne pas accepter que « des lignes rouges » soient transgressées, et que face aux provocations timorées des séparatistes, le Royaume était décidé à défendre son territoire par tous les moyens, y compris les armes. La décision de rompre les relations diplomatiques avec l’Iran s’inscrit également dans ce courage dont fait preuve l’Etat marocain depuis longtemps, battant ainsi à plate couture les liaisons dangereuses du Polisario et le Hezbollah qui se liguent pour déstabiliser le Maroc, sous le regard bienveillant des Iraniens et la connivence pusillanime de l’Algérie.
« A ce jeune, nous devons offrir du concret »
Après le leadership diplomatique, vient l’accélération des réformes sur tous les niveaux avec une nouvelle devise pour 2018 : La priorité à la jeunesse. Dans le discours qu’il a prononcé le 20 août dernier, à l’occasion du 65ème anniversaire de la révolution du Roi et du peuple, le Roi Mohammed VI a appelé tous les responsables du Royaume à offrir du « concret » à ce jeune marocain qui veut « jouer son rôle et remplir son devoir ».
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Ce concret se traduit par « un enseignement de qualité et un emploi digne » poursuit le Souverain. Cette volonté de S.M. le Roi de mettre en œuvre le triptyque éducation/enseignement/formation repose, essentiellement, sur une dénonciation des procrastinations ayant entravé les réformes qu’il n’a eu cesse de prescrire. Conscient que la panacée de toutes les crises sociales se trouve dans l’école, le Roi a fait un constat affligeant, mais essentiel pour un Maroc qui envisage d’insuffler la confiance au cœur de la jeunesse : « En effet, nous ne devons plus accepter que notre système éducatif fonctionne comme une machine à fabriquer des légions de chômeurs, surtout dans certaines filières universitaires dont les diplômés, tout le monde le sait, peinent énormément à intégrer le marché de l’emploi ». Ce n’était pas seulement un discours royal, c’était aussi un appel intransigeant au gouvernement de se préparer à l’action.
Le TGV à destination du Maroc est entré en gare
Si l’on veut rappeler un autre moment de fierté, ce serait sans doute l’inauguration du TGV marocain : la LGV. Il aura fallu 11 ans pour concrétiser la 1ère phase d’un méga projet lancé en 2007, après la signature d’un protocole d’accord entre SM le Roi Mohammed VI et l’ex-président français, Nicolas Sarkozy. Il reliera Tanger à Casablanca via Rabat en 2h10, contre près de 5 heures. Le 15 novembre 2018 est, désormais, une date à retenir, car elle commémore l’inauguration d’un projet astronomique. Une première pour l’Afrique et le monde arabe, et un vol d’oiseau pour la Maroc qui devient le premier pays africain et arabe à avoir un tel bijou.
Pas besoin de régler vos pendules
Nous commençons ainsi une nouvelle année avec beaucoup d’optimisme grâce aux acquis de celle qui l’a précédée, mais aussi avec beaucoup de déceptions et de souffrances. On a eu aussi droit à moult moments de déboires avec, notamment, cette décision gouvernementale de maintenir l’heure d’été, durant toute l’année, malgré « une étude approfondie » présentée par le ministre de la réforme de l’administration et de la fonction publique. Une décision de dernière minute, prise à l’improviste, et qui a déboussolé tous les Marocains en attente de voir quel impact sur leur niveau de vie aura cette économie de 240 millions de dirhams par an.
Pire que le retard : un train qui déraille
Le 16 octobre est une date très pénible, un mardi noir pour tous les Marocains. Sept morts sont à déplorer et plus de 80 blessés à cause du déraillement d’un train de passagers. La locomotive et la Wagon ont percuté les piles d’un pont et plusieurs wagons sont tombés sur le flanc, faisant un bain de sang insoutenable. Le Roi Mohammed VI a décidé de prendre en charge les frais d’enterrement des victimes et les blessés ont été évacués vers l’hôpital militaire de Rabat sur instruction royale.
Une fin d’années « en pleurs »
Après plus de huit ans, le Maroc est encore une fois frappé de plein fouet par le terrorisme dans une région connue par sa paisibilité et par l’altruisme de ses habitants. Et ce n’est pas seulement les Danois et les Norvégiens qui ont perdu ces deux touristes scandinaves, tuées sauvagement à Imlil, c’est aussi tout le peuple marocain. Sa solidarité et sa compassion ont désinfecté cette plaie profonde qui nous a tous fait souffrir et que nul ne pourrait pardonner.
Ce que nous souhaitons pour cette nouvelle année qui s’annonce, c’est que demain soit toujours mieux qu’hier, que le Marocain ait conscience de ses droits, mais aussi de ses obligations envers le pays, qu’il sorte de son marasme et s’active, s’intègre davantage et ne demande pas ce que « son pays peut faire pour lui, mais ce qu’il peut faire pour son pays », comme disait JFK.