Bank Al-Maghrib maintient son taux directeur à 1,5%

Bank Al-Maghrib a maintenu son taux directeur inchangé à 1,5% tout en continuant de suivre de près l’ensemble de l’évolution de la situation sanitaire et économique. Une décision prise suite aux différentes projections macroéconomiques, présentées par le département de Jouahri lors de sa troisième réunion trimestrielle de l’année 2020.

Pas de changement pour le taux directeur de la Banque centrale. C’est ce qui ressort de la dernière réunion tenue par Bank Al-Maghrib (BAM) qui a décidé de maintenir cet indicateur à son niveau actuel de 1,5%. Par contre, le scénario central adopté par les équipes de Abdellatif Jouahri table sur une contraction plus prononcée de l’économie en 2020, suivie d’un relatif rebond en 2021. Il reste cependant entouré d’un degré exceptionnellement élevé d’incertitudes liées notamment à l’évolution de la pandémie Covid et à ses conséquences aussi bien au niveau national qu’international. Sur la base de ces évaluations, le Conseil a jugé que les conditions de financement de l’économie restent adéquates et a décidé de maintenir le taux directeur inchangé à 1,5%, tout en continuant de suivre de très près l’ensemble de ces évolutions. Après une stagnation au deuxième trimestre et une légère baisse en glissement annuel en juillet, l’indice des prix à la consommation quant à lui s’est accru de 0,9% en août sous l’effet d’une hausse des prix des produits alimentaires à prix volatils, a noté BAM dans un communiqué, tout en soulignant que l’inflation continuerait d’évoluer à des niveaux bas, ressortant à 0,4% en moyenne en 2020 avant de s’accélérer modérément à 1% en 2021.

Une contraction de 6,3% de l’économie nationale

Pour les dernières données des comptes nationaux, elles font ressortir une forte décélération de la croissance à 0,1% contre 2,8% le même trimestre un an auparavant. La prévision annoncée en juin a été ajustée à la baisse au regard du redémarrage plus lent que prévu de l’activité, de la mise en place de certaines restrictions locales ou sectorielles suite à la recrudescence des infections, ainsi que de la poursuite de la fermeture quasi-totale des frontières pour les voyageurs. Dans le même sillage, selon le scénario de BAM, l’économie nationale devrait connaître une contraction de 6,3% avec des reculs de 5,3% de la valeur ajoutée agricole et de 6,3% de celle des secteurs non agricoles. En ce qui concerne le PIB, il rebondirait de 4,7% en 2021, porté par une hausse de 12,6% de la valeur ajoutée agricole, sous l’hypothèse d’une récolte céréalière de 75 millions de quintaux, et par une amélioration de 3,7% de celle non agricole. Ces perspectives qui sont fortement liées au niveau élevé d’incertitudes dues notamment à la pandémie de Covid-19, vont devoir être régulièrement actualisées, affirme la même source.

Import/export en repli

S’agissant des comptes extérieurs, les exportations de biens ont reculé, en glissement annuel, de 17% à fin juillet, tirées notamment par des replis des ventes de 28,7% pour le secteur automobile et de 29,5% pour le textile. Les importations, de leur part, ont connu une baisse de 17,5%, reflétant essentiellement des régressions de 18,5% des acquisitions de biens d’équipement et de 24,8% des achats de produits finis de consommation, ainsi qu’un allégement de 31,6% de la facture énergétique, selon les explications du Conseil de la BAM.

Finances publiques : Un déficit de 46,5 milliards de dirhams

Pour ce qui est des finances publiques, l’exécution budgétaire au terme des huit premiers mois de l’année fait ressortir un déficit de 46,5 milliards de dirhams, contre 35,2 milliards un an auparavant, et ce, compte tenu du solde positif de 9 milliards du fonds spécial dédié à la gestion de la pandémie, selon les prévisions de BAM. Les recettes ordinaires ont régressé de 6,5%, impactées par le recul de 8,4% des rentrées fiscales. En parallèle, les dépenses globales ont augmenté de 2,5%, traduisant essentiellement une hausse de 8,3% des charges au titre des autres biens et services, alors que les dépenses d’investissement ont diminué de 4,7% et celles au titre de la compensation de 6,4%. Quant aux recettes de voyage, leur reflux s’est accentué à 44,1% alors que celui des transferts des MRE s’est limité à 3,2%. Pour l’ensemble de l’année, les exportations ressortiraient, selon les prévisions de Bank Al-Maghrib, en chute de 16,6% avant d’augmenter de 22,4% en 2021, portées en particulier par la progression prévue des expéditions du secteur automobile. En parallèle, les importations de biens se contracteraient de 17,4% avant de s’accroître de 17% en 2021.

Diminution des recettes de voyages et des transferts MRE

Pour les recettes de voyage, elles ressortiraient en forte diminution, selon les projections de Bank Al-Maghrib, passant de 78,8 milliards de dirhams en 2019 à 23,9 milliards en 2020 et rebondiraient à 49,1 milliards en 2021. Quant aux transferts des MRE accuseraient une baisse limitée de 5% à 61,5 milliards avant de s’améliorer de 2,4% à 63 milliards en 2021. Dans ces conditions, et tenant compte de rentrées de dons à hauteur de 7,2 milliards de dirhams en 2020 et de 2,6 milliards en 2021, le déficit du compte courant devrait se creuser à 6% du PIB en 2020, au lieu de 10,3% prévu juin, et s’alléger à 5,2% du PIB en 2021.

Le crédit bancaire devrait enregistrer une progression suite aux effets attendus d’Intelaka

Par ailleurs, l’encours du crédit bancaire au secteur non financier s’est accru, en glissement annuel, de 6% à fin juillet, en relation principalement avec l’augmentation importante des prêts de trésorerie accordés aux entreprises privées. Il devrait, tenant compte de l’évolution prévue de l’activité économique et de l’effet attendu du programme Intelaka ainsi que des différentes mesures de soutien et de relance, enregistrer, selon le scénario central de la BAM, une progression autour de 4% en 2020 et en 2021. Les taux débiteurs de leur côté devraient reculer de 29 points de base à 4,58% en moyenne au deuxième trimestre, baisse ayant profité aussi bien aux grandes entreprises qu’aux TPME.

Le déficit budgétaire, hors privatisation, aggravé de 7,9 en 2020

Tenant compte des données de la loi de finances rectificative 2020 et de la poursuite de la mobilisation des financements spécifiques en 2021, selon le scénario retenu par Bank Al-Maghrib, le déficit budgétaire, hors privatisation, devrait s’aggraver de 4,1% du PIB en 2019 à 7,9% cette année, avant de s’atténuer à 5,1% en 2021. Le financement des besoins du Trésor est assuré par une mobilisation exceptionnelle des financements extérieurs. La dette du Trésor augmenterait ainsi de 65% du PIB en 2019 à 76,1% en 2020 et se situerait à 75,9% en 2021, conclut la même source.

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