Conjoncture économique : Akhannouch a-t-il les bons indicateurs ?

Mouhamet Ndiongue

Inflation, sécheresse, campagne de vaccination en baisse, risque de choc économique et de tension sociale, le gouvernement du premier ministre Aziz Akhannouch traverse depuis quelques semaines une situation peu reluisante. Le coronavirus est un test de stress supplémentaire pour tous les pays, notamment ceux qui ont des économies intermédiaires voire faibles et menace de catalyser les problèmes sociaux, économiques et politiques avec lesquels de nombreux pays de la région sont aux prises. Dans le même temps, les défis existants affectent la gestion de crise de l’État dans la lutte contre le Covid-19. Pourtant l’ancien comme le nouveau gouvernement a essayé des options avec un catalogue similaire de mesures pour lutter contre la pandémie et ses conséquences, aujourd’hui ajoutées à la sécheresse, mais des interrogations demeurent toujours sur la capacité de l’attelage gouvernemental à faire face à toutes ces équations.

Annoncées depuis longtemps par toutes les institutions financières mondiales et nationales, les répercussions de la crise sanitaire commencent à développer à leur tour développé des « variants » et le dernier à apparaître est l’inflation, pourtant attendue.

Ce vendredi 18 février, Akhannouch aura 161 jours à la primature. Pour l’heure, à part quelques apparitions au parlement et une interview enregistrée pour ses 100 jours, le chef de gouvernement reste loin de l’euphorie de la campagne électorale qui l’a portée au pinacle.

Aujourd’hui, l’ancien homme d’affaires (puisqu’il a décidé de faire retrait de toute gestion au sein du holding familial) fait face à un test grandeur nature pour dresser, nom pas une entreprise, mais l’économie d’un pays qui patauge à cause des effets collatéraux de la pandémie du coronavirus, mais aussi de la sécheresse qui est venue perturber les plans de relance du Maroc. Heureusement que dès l’apparition de la pandémie le Roi avait instruit la mise en place d’un Fonds spécial pour la gestion de la pandémie du coronavirus. Mais aujourd’hui, la réalité est toute autre… La pandémie est presque derrière et il faut batailler pour survivre nonobstant les fonds de 10 milliards de dirhams pour venir en appui au monde rural impacté par la sécheresse.

Au Maroc, le Covid-19 a rapidement évolué d’une crise sanitaire à une crise économique et de l’emploi. Les mesures de confinement et de restrictions prises par le gouvernement ont créé une cessation d’activité temporaire ou définitive en plus des pertes de revenus dans presque tous les secteurs. 6.612 entreprises au Maroc ont fait faillite en 2020 (Inforisk). Mais le secteur formel n’est pas le seul à avoir souffert de l’incertitude économique post pandémie. Le secteur a perdu ses moyens de subsistance. Le gouvernement a tenté de contrecarrer cette évolution et d’atténuer les effets de la crise.

La crise a révélé l’importance du secteur informel dans l’économie marocaine. 81 % des petites et moyennes entreprises (PME) et 60 % des employés du secteur privé font partie de l’économie informelle (OIT, 2021).

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Pour son entrée en matière en tant que chef de gouvernement, Akhannouch veut donner du sourire en ces temps de désarroi et d’incertitude. Les programmes « Awrach » et « Forsa », ambitionnent de créer 250.000 emplois temporaires et d’accompagner la création de 12.500 entreprises en une année, redonnent une lueur d’espoir aux jeunes marocains.

L’inflation, un ouï-dire !

Après « Awrach » et « Forsa », le premier était attendu sur les questions économiques beaucoup plus vastes, mais contre toute attente, le chef de gouvernement, parti à la CGEM s’est uniquement penché au sujet des vaccins. Au vu des perspectives affichées par Fitch sur le Maroc, les questions économiques doivent bien être abordées. Selon Fitch, en 2020, le taux d’inflation moyen au Maroc était estimé à environ 0,6% par rapport à l’année précédente. Pour 2021, le taux d’inflation du Maroc devrait être d’environ 1,4 % par rapport à l’année précédente. La statistique montre le taux d’inflation moyen au Maroc de 1980 à 2020, avec des projections jusqu’en 2026.

Le taux d’inflation reflète les variations du coût d’un panier spécifié de biens et de services. Il est dérivé de l’indice des prix à la consommation (IPC).

Malgré les prévisions, le risque de l’inflation est devenu réel du fait de la conjoncture internationale. Cette semaine, les transporteurs regroupés au sein de l’Association marocaine des transporteurs logistiques ont déclenché les hostilités en augmentant le prix du transport prétextant la hausse du carburant, avant de desserrer l’étau autour du cou du gouvernement. Pas que, les meuniers ont immédiatement suivi en voulant à leur tour augmenter les prix, mais très tôt stoppés par le gouvernement, avant que des échanges s’ensuivent entre fédération des boulangers et gouvernement autour de la subvention du pain.

Garrotter l’inflation rurale

Face au risque de tension sociale déclenchée par des hausses assez suspectes, pour l’instant, le gouvernement, par le biais du ministre délégué auprès du ministre de l’Economie et des Finances, chargé du Budget, Faouzi Lekjaa, a dévoilé la stratégie du gouvernement pour atténuer la sécheresse qui a dévasté le Maroc cette année et qui a affecté négativement les rendements agricoles.

En conférence de presse, ce jeudi, le ministre a indiqué que le montant alloué de 10.000 millions de dirhams, dont 6.000 millions de dirhams, servira à financer et à restructurer les dettes des agriculteurs, notamment les petits agriculteurs, puisque « dans cette partie de ces dettes sera financée, et une autre partie sera restructurée ».

En plus, un montant supplémentaire de 1 000 dirhams sera affecté à l’assurance de la campagne agricole, considérant que « l’Etat intervient chaque année pour assurer la récolte agricole annuelle, mais cette année il dépensera 1 000 millions de dirhams pour assurer la récolte agricole, notamment celles liées aux activités agricoles de l’automne ».

En outre, le Gouvernement allouera 3.000 millions de dirhams, « qui serviront à soutenir les différentes activités agricoles affectées, notamment l’élevage bovin, la fourniture de nourriture à des prix adéquats et la fourniture de médicaments pour le troupeau ».

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