Crise céréalière: L’importation massive, un impératif pour la sécurité alimentaire

Le Maroc traverse une période critique en matière de sécurité alimentaire, confronté à la plus désastreuse récolte céréalière des quatre dernières décennies. La Banque Al-Maghrib (BAM) a révélé que la production actuelle des principales céréales – blé dur, blé tendre, orge et maïs – s’élève à seulement 25 millions de quintaux, une quantité inférieure de plus de 50 % à celle de l’année précédente, marquant ainsi la deuxième plus faible moisson depuis l’indépendance du pays en 1956.

Cette situation alarmante résulte d’une conjoncture climatique défavorable, avec des précipitations insuffisantes et mal réparties, ayant entraîné une réduction significative des terres cultivables, passant de 3,7 millions d’hectares à 2,5 millions. L’impact de cette baisse est d’autant plus ressenti que le Maroc figure parmi les plus grands consommateurs de pain à l’échelle mondiale et que l’agriculture représente une source de revenus et d’emplois cruciale, notamment dans les régions rurales.

Pour combler le déficit national estimé à 140 millions de quintaux annuellement, le Maroc se voit contraint de se tourner vers les marchés internationaux pour importer d’importantes quantités de céréales. La Fédération nationale des producteurs de farine prévoit un besoin d’importation d’au moins 100 millions de quintaux, dont une majorité de blé, ingrédient essentiel du pain et du couscous traditionnels.

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Dans une démarche proactive, l’État s’efforce de constituer un stock stratégique de 10 millions de quintaux de blé tendre, avec pour objectif une sécurisation complète d’ici fin avril. Ce stock, destiné à pallier les pénuries et les fluctuations de prix, bénéficie d’un soutien étatique à hauteur de 2,50 Dh par quintal. À ce jour, près de 3 millions de quintaux ont été sécurisés, et les efforts se poursuivent pour reconstituer le reste dans les mois à venir.

La chute des prix mondiaux du blé (-14 % par rapport à 2023) facilite les importations, grâce à une production abondante des principaux pays exportateurs tels que la Russie, l’Ukraine, les États-Unis et la France. Parallèlement, l’État a réduit les subventions accordées aux importateurs de blé tendre, passant de 10 Dh par quintal en 2019 à 1,50 Dh, avec une suppression totale prévue dès avril.

Si cette mesure allège la charge du Trésor, elle exerce néanmoins une pression sur la balance commerciale et la balance des paiements du pays, déjà éprouvées par la crise sanitaire mondiale. De plus, l’État continue de subventionner l’élevage et l’alimentation animale dans les zones rurales, où les récoltes décevantes pèsent lourdement sur les agriculteurs. Pour stimuler la production nationale de blé dur, un prix minimum garanti est proposé aux producteurs, couvrant plus de 95 % des besoins nationaux.

La crise actuelle met en lumière la vulnérabilité du Maroc face aux caprices climatiques et aux turbulences du marché international. Il devient impératif pour le pays de revoir sa politique agricole afin d’accroître son autosuffisance et de minimiser sa dépendance extérieure, garantissant ainsi une meilleure sécurité alimentaire et une stabilité économique renforcée.

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