Des G7, pourquoi faire ?

Du 24 au 26 août, les « rois du monde » se sont penchés sur les problèmes de la planète.

Avec une communication calibrée et une rhétorique politique quelque peu alarmiste, la tension était palpable à la veille de la rencontre de Biarritz.

Emmanuel Macron, l’hôte affirmé du G7 est sorti de sa forteresse de Bré­gançon pour offrir une entrée en ma­tière alarmante sur l’état du Monde.

Ses discours et son dernier tweet soulignent la recherche inlassable du chef de l’État français d’une réconci­liation universelle. Certes les feux en Amazonie sont une « situation d’ur­gence», quid de ceux qui ravagent, à une échelle encore plus vaste, l’Afrique centrale.

Il semble, qu’en matière de commu­nication politique ou diplomatique, il y a des incendies plus porteurs que d’autres.

Ce sommet du G7 aura été un rendez-vous qui va faire monter la tension sociale à la rentrée. Il faut admettre, par-delà les sourires et les accolades de façade, son impuissance diplomatique sur la scène politique internationale.

La communication autour du G7 donne une fausse idée de ce qui n’est, en réalité, qu’une réunion de travail. On ne dira jamais assez que le G7 comme le G9, G20 et tous les autres à venir n’ont aucun pouvoir de décision et leur communiqué de clôture n’est souvent qu’une liste de bons voeux. Est-ce une volonté de marginaliser l’ONU à l’approche de son Assem­blée Générale ?

Lorsque l’on constate que la Chine, la Russie, l’Inde n’y sont pas asso­ciés, on doit se poser la question, les chefs d’État réunis à Biarritz, repré­sentent-ils vraiment le monde ?

Ce sommet du G7 a surtout servi de prétexte pour pousser davantage le coin législatif dans la vie des citoyens. « Il y a certains sujets sur lesquels la France est en dessous de certains standards, des sujets sur lesquels on doit s’améliorer », annonce Emma­nuel Macron. Compre­nez : de nouvelles lois en perspective. Jamais avare de dramatisation, Donald Trump a enfoncé le clou en envoyant sur Twitter des propos qui ont inquié­té les marchés boursiers. Ce G7 a été « tendu », et l’AFP ne manque pas de rappeler que 13 000 gendarmes et policiers ont été mobilisés dans toute la région autour de Biarritz, transformée en « camp retranché ».

Mais qu’ont à faire les circonvolutions d’Emma­nuel Macron ? Donald Trump est en plein bras de fer commercial avec la Chine, Boris Johnson pré­pare son Hard Brexit, Angela Merkel est en fin de règne, et les pré­occupations du chef de l’État italien concernent d’abord la situation inté­rieure de son pays.

Ce sommet du G7 a offert un bou­levard aux militants alter-anti-mon­dialistes désireux de s’affranchir de la montée des populismes, de dé­noncer le « capitalisme destructeur » ou de fustiger le bling-bling de ce rendez-vous. Les barricades et le dé­ploiement de forces de l’ordre, de Bayonne à Biarritz, aux confins de la saison estivale, donnent autant de grain à moudre aux détracteurs de ces réunions de happy fews.

Ce sommet du G7 aura été un ren­dez-vous qui va faire monter la ten­sion sociale à la rentrée. Il faut ad­mettre, par-delà les sourires et les accolades de façade, son impuissance diplomatique sur la scène politique in­ternationale.

Emanuel Macron a fait du forcing en invitant le ministre iranien des Af­faires étrangères à une rencontre bila­térale en marge du G7. Peine perdue, Donald Trump avait, discrètement, pris des contacts en vue des négo­ciations éventuelles Iran-USA, bien avant la rencontre de Biarritz.

La communication autour du G7 donne une fausse idée de ce qui n’est, en réalité, qu’une réunion de travail. On ne dira jamais assez que le G7 comme le G9, G20 et tous les autres à venir n’ont aucun pouvoir de décision

On retiendra de ce G7, le retour annoncé de la Russie au club. Pou­tine sera, sans doute, membre à part entière du prochain G7 qui se tiendra aux Etats-Unis. C’est au tour de Do­nald Trump d’en être le président.

Emmanuel Macron a mis un point final à cette rencontre avec une confé­rence de presse, lundi après-midi, Do­nald Trump à ses côtés en première partie. . «Un message d’unité a pu res­sortir de nos échanges. Nous n’avons pas négocié un très long texte, mais une seule page de déclaration», a ré­sumé le chef de l’Etat.

Concrètement, « les Grands de ce monde » se sont mis d’accord pour une aide à Brasilia dans sa lutte contre les incendies en Amazonie, et un vo­let d’aide à moyen terme destiné à la reforestation, mais qui sera présenté à la prochaine Assemblée Générale de l’ONU, fin septembre.

En fait sur les grands problèmes de l’heure, hormis les incendies en Ama­zonie, « on verra cela demain ».

Les négociations avec l’Iran, c’est un peu tôt aux dires de Donald Trump. Pour les taxes Gafa, il a été convenu de trouver un accord en 2020 dans le cadre de l’OCDE. Le président fran­çais a affirmé que les pays du G7 s’étaient accordés sur la volonté de moderniser les règles du commerce international. Donald Trump pense « que la Chine souhaite vraiment qu’un accord soit conclu ».

Un sommet sur l’Ukraine se tien­drait en septembre avec Angela Mer­ket, le nouveau président ukrainien, Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine.

À la lecture des conclusions de ce G7, demain il fera surement plus beau dans le ciel géopolitique du prochain G7 (américain).

Par Gabriel Banon

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