Incendies de forêts : Mobilisation, vigilance et sensibilisation, mots d’ordre de la stratégie de la DRANEF Marrakech-Safi

Riche d’un couvert forestier avec de larges étendues de forêts naturelles et celles de reboisement, la région Marrakech- Safi, via les efforts inlassables de la Direction Régionale de l’Agence Nationale des Eaux et Forêts (DRANEF), ne lésine guère sur les moyens pour prévenir et mieux lutter contre un phénomène récurent en été, à savoir : Les incendies de forêts, en misant sur la mobilisation, la vigilance et la sensibilisation à plus grande échelle, comme socles de sa stratégie.

Si les incendies de forêts constituent, certes, un danger majeur durant la saison d’été où, le mercure atteint son summum, l’ANEF, via ses services régionaux et provinciaux au niveau de cette partie du territoire national, et en concertation avec les autorités régionales et provinciales et d’autres départements concernés, demeure vigilante en mettant en place une stratégie inclusive basée sur la proactivité et l’efficacité, afin de préserver un patrimoine extrêmement menacé, à cause des bouleversements climatiques et de la succession des années de sécheresse et ce, sans compter l’impact des agissements irresponsables de l’homme.

Selon les chiffres de la Direction Régionale de l’ANEF à Marrakech- Safi, le couvert forestier de cette région est estimé à 563.955 ha soit, 10,50 % du total national, alors que la région dispose de 499.460 ha de forêts naturelles et de 64.495 ha de forêts de reboisement, avec un couvert forestier important au niveau des provinces d’Essaouira, de Chichaoua et d’Al Haouz.

Toutefois, il convient de noter que ces écosystèmes subissent les sévices des dérèglements climatiques, marqués par une sécheresse prononcée avec des vagues de canicule longues et répétitives surtout, durant la saison d’été, avec des facteurs d’éclosion de feu naturels ou humains qui font que ces forêts sont menacées par les incendies.

Pour rappel, la région Marrakech- Safi a connu au titre de l’année 2022, 11 incendies avec une superficie forestière touchée évaluée à 114.03 hectares en majorité « tapis herbacé et formations arbustives » et ce, en comparaison avec une moyenne de 30 hectares sur une décennie.

En d’autres termes, la région Marrakech- Safi demeure caractérisée par des écosystèmes forestiers avec des atouts écologiques, et de biodiversité mais aussi, paysagers remarquables et propres à la région.

Ces écosystèmes demeurent, toutefois, sujets à des pressions mutli-échelles les rendant très vulnérables, entre autres, la croissance démographique, le surpâturage, l’intensification des activités humaines, les prélèvements anarchiques du bois, outre le dérèglement climatique et des conditions météorologiques aussi improbables, à même de rendre ces milieux aussi riches soient- ils, des espaces d’une extrême fragilité.

Dans une déclaration à la MAP, le Directeur Régional de l’Agence Nationale des Eaux et Forêts (ANEF) à Marrakech- Safi, Abdelaziz Hajjaji, a indiqué que « les mesures prises par l’Agence tiennent compte de la nature du couvert forestier de la région », rappelant que la région est classée au 2ème rang national pour les essences résineuses naturelles, qui sont d’une grande importance mais également, d’une extrême inflammabilité et ce outre, les forêts de feuillus qui couvrent 290.590 ha.

Et de poursuivre que « la Direction Régionale de l’ANEF entreprend une batterie de mesures de prévention et fait usage d’une plateforme digitale où sont partagées et échangées des informations factuelles instantanées sur l’état des lieux des écosystèmes forestiers ».

Il s’agit, explique M. Hajjaji, d’une cartographie identifiant clairement les zones à risque en fonction de plusieurs paramètres pour le prépositionnement précoce et un déploiement quotidien plus rationnel et efficace des équipes de surveillance et d’intervention terrestre dès que possible pour contenir le feu.

Evoquant la stratégie de l’ANEF mise en œuvre en la matière, il a tenu à préciser que cette feuille de route se décline en deux axes majeurs à savoir : la prévention et la lutte contre les feux de forêts et les travaux post- incendies, notant que la prévention de ce fléau est considérée comme une partie importante en matière de gestion forestière durable.

« L’ANEF adopte une approche territoriale pragmatique basée sur la stratégie et des plans de prévention et de lutte contre les feux de forêts, avec ses partenaires à savoir : le ministère de l’Intérieur, la protection civile, la gendarmerie Royale, les Forces Armées Royales, les Forces Royales Air, les Forces Auxiliaires, et les autorités locales pour limiter le nombre des départs de feu, et les contenir afin de préserver les écosystèmes forestiers, les infrastructures et la population », a-t-il enchainé.

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Et M. Hajjaji de poursuivre que l’ANEF dispose de moyens de haute technicité qui tiennent compte de la multiplicité des composantes, fondées sur l’état actuel des connaissances et les feux de référence, avec les constantes météorologiques de la région, les données sur le relief, la topographie, la pente, l’exposition et l’insolation et les paramètres climatiques ….. Il s’agit d’un « procédé qui fournit en temps réel la situation sur le terrain et permet de contenir un feu et limiter son extension avant d’atteindre une dimension ingérable, facilitant ainsi les démarches d’intervention sur le terrain », a-t-il expliqué.

Outre les travaux programmés notamment, l’entretien et l’aménagement des voies d’accès des pistes forestiers, des tranchées par feu, la création des points d’eau, le débroussaillement des accotements des routes, des voies ferrées et des emprises de lignes de haute tension traversant les massifs, Il y a la sylviculture préventive, a fait savoir M. Hajjaji, relevant que ces opérations sylvicoles concernent l’aménagement des discontinuités dans les peuplements forestiers pour éviter les feux de cimes et donc, la progression des feux.

M. Hajjaji n’a pas manqué de relever que la surveillance se fait par des guetteurs positionnés dans des points hauts pour avoir une grande visibilité du territoire, avec pour principale mission d’alerter sur toute fumée suspecte, notant que les vigies peuvent localiser avec précision le départ de feu.

« Ce dispositif est appuyé par des patrouilles au sol », a-t-il fait savoir, estimant que ce sont des moyens pertinents pour orienter les opérations de lutte avec efficience.

Interrogé sur la lutte contre les incendies de forêts, M. Hajjaji a relevé que la démarche en la matière est échelonnée en quatre niveaux d’intervention et définit clairement les attributions de chaque partenaire, depuis l’alerte jusqu’à la maîtrise de l’incendie.

Le premier niveau repose sur une gestion rapide, et une prise en charge du départ de feux par les services de l’Agence Nationale des Eaux et Forêts avec les véhicules de premières interventions (V.P.I) et les éléments de la protection civile.

Quant au second niveau, il est renforcé par la flotte aérienne, via le recours aux avions Canadairs, d’une capacité de 6 Tonnes des Forces Royales Air pour étouffer les feux et aussi par la mobilisation des Forces Auxiliaires afin de circonscrire le feu au sol, protéger les populations locales, les biens et les équipements sensibles.

Si le feu n’est pas maîtrisé et continue à progresser, un poste de commandement est mis en place sur site au niveau de la province touchée, a-t-il ajouté, notant que le dispositif d’intervention est renforcé par les Forces Armées Royales au niveau terrestre, appuyées par les avions de la Gendarmerie Royale, d’une capacité de 1,5 à 3 tonnes (3ème niveau).

Au cas où l’ampleur du feu devient difficilement maîtrisable par les moyens nationaux, le recours à l’assistance internationale en vue de renforcer la flotte aérienne nationale intervenant dans la lutte aérienne contre les feux de forêts, est sollicité, a poursuivi M. Hajjaji.

Au sujet des travaux post- incendies, il a fait savoir qu’après un incendie de forêt, la régénération naturelle est souvent soutenue par des plantations ponctuelles. « La reconstitution artificielle des peuplements (plantation) concerne en général les zones où le peuplement forestier est complètement détruit. Les plantations se font par des essences forestières résilientes parfaitement adaptées aux conditions écologiques et pédoclimatiques, avec un potentiel en matière de résistance au feu et aux agents pathogènes », a-t-il expliqué.

La finalité étant de recréer une mosaïque végétale qui constituera les biotopes de la faune et flore qui s’installeront progressivement dans les zones sinistrées, a ajouté M. Hajjaji.

En guise de constat, M. Hajjaji n’a pas manqué de souligner que si les incendies et leur gestion constituent un enjeu sensible, on essaie en permanence de capitaliser sur les expériences précédentes avec les principaux acteurs gestionnaires des incendies.

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Un feu de forêt qui naît ne s’arrête pas aux frontières communales d’où, la nécessité de raisonner massif végétal. C’est dans ce sens que la Direction Régionale de l’ANEF appelle les représentants des différentes communes et autres départements ministériels à agir d’une manière cohérente avec les moyens humains et logistiques mobilisés, chacun à son niveau afin de gérer efficacement le dispositif de prévention et de lutte contre les feux de forêts dans la région, a rappelé M. Hajjaji.

« Le feu entraîne souvent des pertes d’habitats de la faune et de la flore, la destruction écosystémique, la disparition des paysages, l’amplification de risques comme l’érosion et le glissement de terrain, la désertification sans parler d’autres pertes économiques. Donc, les dégâts post- incendies sont lourds sur tous les plans d’où, l’intérêt majeur de la sensibilisation », a estimé M. Hajjaji.

Dans ce sens, il a fait savoir que l’ANEF accorde un grand intérêt à la sensibilisation grand public via la mobilisation des médias, l’organisation de réunions locales et provinciales avec les différents intervenants, ainsi que des journées de sensibilisation en faveur des populations locales, outre l’encouragement de l’implication des ONG.

« La sensibilisation des pique- niqueurs, des apiculteurs, des touristes, et plus particulièrement les riverains des zones à risque, est nécessaire pour limiter leur vulnérabilité ainsi que la probabilité d’un départ d’incendie en forêt », a-t-il dit.

Une telle sensibilisation tend à développer la culture du risque de feux de forêts, car malgré le déploiement des moyens appropriés pour éviter tout sinistre, l’apport des éco- citoyens est aussi important, a-t-il estimé.

« Tout un chacun doit être acteur de la prévention en prenant les précautions nécessaires et en adoptant des comportements responsables », a-t-il enchaîné, avant de conclure en soulignant que la vigilance, l’extrême prudence, l’attitude citoyenne et le civisme sont les comportements à adopter pour la protection des forêts surtout, en cette période de canicule.

Avec MAP

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