Inflation : le Maroc déjà englué dans une spirale haussière

Mouhamet Ndiongue

La dynamique de la hausse des coûts de l’énergie dans le monde affecte le Trésor ainsi que les citoyens marocains, qui tous subissent des hausses de prix généralisées, parfois plus ou moins nettes, par exemple pour le diesel et l’essence. Malgré les subventions de l’État, de nombreux produits sont en hausse notamment le sucre, et, surtout, le gaz butane. Mais l’État lui-même est également affecté par l’augmentation du niveau des prix sur les marchés mondiaux ainsi que sur le marché intérieur.

Presque inévitable à l’image de tous les pays du monde, le Trésor marocain fait état d’une hausse des dépenses publiques pour le mois de février. L’une des raisons majeures, c’est en partie la guerre en Ukraine ainsi que le frémissement de l’économie mondiale post pandémie, sans compter la sécheresse annoncée au Maroc.

Dans ce contexte, la région MENA a montré sa vulnérabilité sur l’approvisionnement en céréales venant de l’Ukraine. En effet, l’Ukraine exporte environ 42,0 % de son blé vers les pays MENA, couvrant près de 16,0 % des besoins en blé de la région. Plus généralement, l’exposition des pays de la région MENA au conflit russo-ukrainien en termes d’importations totales de céréales (y compris le blé, le maïs et l’orge) est importante ce qui suggère un risque accru pour la sécurité alimentaire en cas de perturbation grave. De plus, la recherche de marchés d’importation alternatifs augmentera les coûts d’expédition et de transport et augmentera encore les pressions inflationnistes.

La plupart des gouvernements de la région MENA disposent de réserves nationales, mais celles-ci varient considérablement. Alors que l’Égypte dispose de cinq mois de céréales stockées, le Liban n’en a qu’un mois sous la main. Le Maroc dispose techniquement de six mois de céréales stockées, mais une grave sécheresse augmentera probablement ses besoins en importations cette année.

→ Lire aussi : Inflation : Le HCP révèle l’ampleur de la hausse des prix au Maroc

La hausse des prix de l’énergie et des denrées alimentaires aggrave les pressions inflationnistes dans la région MENA. Nous avons révisé à la hausse nos prévisions d’inflation moyenne dans la région MENA pour 2022 de 14,0 % à 14,2 % afin de refléter les ajustements à la hausse des prix de l’énergie et des produits alimentaires. Celles-ci s’ajouteront aux pressions exercées sur la demande par la reprise post-Covid en cours, les goulots d’étranglement persistants de la chaîne d’approvisionnement et (dans certains cas) des devises plus faibles et la suppression des subventions. Les risques pesant sur nos prévisions d’inflation sont orientés à la hausse, en particulier si de graves perturbations de l’approvisionnement en provenance de Russie et/ou d’Ukraine se produisent.

La politique de subvention n’a pas suffi

A fin février 2022, les dépenses de subventions seraient d’environ 2,4 milliards de dirhams, selon le Trésor. Ce dépassement est principalement dû à la hausse du prix du gaz butane qui a atteint en moyenne 856 $/tonne contre 539 $/t fin février 2021.

Les dépenses du Trésor à fin février 2022 ont enregistré une hausse de 4,7 milliards de dirhams (+11%) et un taux de réalisation de 18% par rapport à fin février 2021.

Cette évolution s’explique principalement par la hausse des dépenses en biens et services de près de 2 milliards de dirhams, qui comprend une augmentation des dépenses en « autres biens et services » de 2,1 milliards de dirhams et une légère baisse des dépenses de personnel de 108 millions de dirhams.

Pour les intérêts de la dette, ils ont aussi enregistré une augmentation de 349 millions de dirhams à 4,2 milliards de dirhams par rapport à fin février 2021, reflétant une hausse des intérêts sur la dette intérieure (+626 millions de dirhams) et une baisse des intérêts sur la dette extérieure (-277 millions de dirhams).

Ces évolutions des recettes et dépenses ordinaires se sont traduites par un solde ordinaire négatif de 8,4 milliards de dirhams (déficit public), contre un solde de – 6,9 milliards de dirhams à fin février 2021. Pour ce qui est des dépenses d’investissement, ils ont totalisé 14,9 milliards de dirhams contre 15,3 milliards de dirhams un an plus tôt.

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