Commission de la langue amazighe : une interface en mesure de miroiter le modèle marocain dans la gestion de la diversité

Installée fin octobre 2019, la Commission de la langue amazighe de l’Union africaine (UA) représente une véritable interface continentale en mesure de miroiter le modèle marocain en particulier et nord-africain de manière générale, en matière d’aménagement et de gestion de la diversité linguistique et culturelle.

Cette commission compte parmi ses rangs huit membres, qui ont élu le chercheur de l’Institut royal pour la culture amazighe (IRCAM), Abdeslam Boumisser, comme secrétaire représentant le Maroc, aux côtés de Youcef Necib, coordinateur et représentant de l’Algérie.

« J’ai été élu secrétaire de la Commission de la langue amazighe afin de la représenter aux côtés du coordinateur, ainsi que de présenter son fonctionnement, les résultats de ses travaux et ses décisions, entre autres tâches nécessaires à son organisation et sa gestion », a déclaré Abdeslam Boumisser lors d’un entretien avec la MAP.

Œuvrer au service de la langue amazighe au sein de ce nouveau cadre continental qu’est l’UA est une opportunité historique au sens plein du terme, a-t-il estimé, saluant au passage les expériences marocaine et algérienne, qu’il juge pionnières en matière de promotion de la langue amazighe.

M. Boumisser fait savoir que la genèse de l’idée d’une Commission africaine dédiée à la langue amazighe remonte à la Réunion régionale africaine sur l’Année internationale des langues autochtones, tenue par le Comité directeur pour l’organisation de l’Année internationale des langues autochtones 2019 de l’UNESCO, en coopération avec l’Académie africaine des langues (ACALAN).

Lors de cette réunion, organisée les 30 et 31 juillet 2019 au siège de l’UA, les participants avaient adopté le document stratégique de la Décennie internationale des langues autochtones et ont convenu de créer la Commission de la langue amazighe de l’UA et de l’inclure parmi les commissions linguistiques que compte l’ACALAN.

L’Académie africaine des langues a ensuite organisé l’atelier opérationnel et de planification pour l’établissement des commissions de langues transfrontalières du 29 au 31 octobre 2019 à Addis-Abeba, durant lequel a été installée la Commission de la langue amazighe, à l’instar de celles de l’arabe et de l’amharique.

La Commission de la langue amazighe s’est réunie dans la capitale éthiopienne et a élaboré un plan d’action prévoyant plusieurs champs prioritaires, relève Abdeslam Boumisser.

Parmi ces champs-là, détaille-t-il, figure le domaine géolinguistique, qui comprend, entre autres, la réalisation d’un atlas linguistique général de la langue amazighe, ainsi que l’élaboration d’un inventaire général de la toponymie amazighe en Afrique du Nord.

Le champ de l’aménagement linguistique est également prévu dans le plan d’action, avec, par exemple, le projet de normalisation de la transcription de la langue amazighe dans l’ensemble des pays de l’Afrique du Nord et du Sahel et le projet de parachèvement d’une terminologie amazighe unifiée.

S’agissant du domaine de l’éducation et de la formation, la Commission prévoit d’élaborer des programmes d’enseignement de l’amazigh, de favoriser l’accès des citoyens africains aux opportunités de formation en amazigh dans les pays qui ont accumulé des expériences importantes en la matière et qui disposent des structures institutionnelles qualifiées, de favoriser la circulation des étudiants, des étudiants-chercheurs et des professeurs entre les structures universitaires et institutions de recherche de la région, ainsi que d’organiser des formations de formateurs (journalistes, professeurs, traducteurs, etc.).

Le domaine de la coopération n’est pas en reste, puisque sont prévus des projets portant sur l’archivage documentaire, cinématographique et photographique et la contribution à l’inscription collective de tous les éléments relevant du patrimoine culturel immatériel amazighe sur la liste de l’UNESCO.

Œuvrer dans le cadre de la Commission de la langue amazighe de l’UA peut permettre de capitaliser sur l’ensemble des acquis académiques accumulés par le Maroc et les autres pays voisins nord-africains et du Sahel, ce qui, de l’avis de Abdeslam Boumisser, est en mesure de favoriser l’établissement de nouvelles relations entre ces pays, fondées sur un capital culturel ancien, authentique et commun.

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