La décision du tribunal de Tel-Aviv est un revers en ce qui concerne les accusations douteuses portées contre NSO

Amnesty International a tenté de dénoncer un concepteur israélien de logiciels de cybersécurité qui aurait facilité des violations des droits de l’Homme, tout en permettant des opérations de surveillance illégales ou contraires à l’éthique de la part de divers États non occidentaux contre les critiques et les opposants.

(15 juillet 2020 / JNS) Depuis au moins 2018, Amnesty International mène une campagne pour tenter de dénoncer le fabricant israélien de logiciels de cybersécurité Pegasus, NSO Group/Q Cyber Technologies, qui aurait joué un rôle dans la l’extension de violations des droits de l’Homme, tout en permettant à divers États non occidentaux de mener des opérations de surveillance illégales ou contraires à l’éthique contre les critiques et les dissidents.

Soutenu par peu de faits, le dossier s’est écroulé dans presque tous les cas où l’ONG a fait ces allégations. Ce schéma de preuves faibles ou inexistantes n’a pas réussi à convaincre le tribunal du district de Tel-Aviv, saisi par Amnesty, de retirer à NSO sa licence d’exportation.

Bien que NSO soit un acteur bien établi dans le domaine de la cybersécurité, elle est devenue le centre de l’attention du public après la mort en 2018 de Jamal Khashoggi, un ancien porte-parole du gouvernement saoudien et chroniqueur du Washington Post ayant des relations à l’étranger, qui est mort dans des circonstances mystérieuses au sein du consulat saoudien à Istanbul. À l’époque, Amnesty avait accusé NSO de fournir au gouvernement saoudien les moyens de surveiller Khashoggi, ce qui, selon eux, a finalement joué un rôle dans sa disparition. Cependant, Amnesty n’a pas expliqué comment un logiciel de sécurité aussi fortement réglementé a pu se retrouver en Arabie Saoudite, et encore moins comment il a été possible d’établir que Khashoggi a été surveillé à l’aide de Pegasus, qui est notoirement difficile à tracer et qui est présent dans 45 pays à travers le monde.
Lorsque ces accusations ont été abandonnées, Amnesty a suivi le pas des enquêteurs de Reuters, affirmant que les Émirats arabes Unis, qui sont de plus en plus ouverts aux relations commerciales avec Israël, avaient utilisé le même logiciel pour pirater et surveiller diverses cibles de son rival et adversaire régional, le Qatar, ainsi que des membres de l’opposition à tendance islamiste. Une fois de plus, Amnesty n’a produit aucune preuve technique ou autre établissant l’utilisation d’un tel dispositif. Après une brève campagne médiatique, ceux qui avaient prétendu avoir été victimes de cette technique se sont étrangement tus.
Peu après, Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon, qui possède le Washington Post, a accusé le prince héritier d’Arabie Saoudite d’avoir personnellement piraté son propre appareil via WhatsApp en utilisant Pegasus. Une partie de l’équipe de sécurité de Bezos, qui n’a jamais eu d’accès technique au téléphone prétendument piraté, était un autre dissident qui partageait une idéologie anti-Israël et pro-fraternité musulmane de Khashoggi. Amnesty International avait tenté de s’emparer de cette affaire, mais même le Post avait dû se rétracter en raison d’un manque embarrassant de preuves.
Loin de se laisser décourager par l’absence de succès, Amnesty s’est récemment tournée vers le Maroc, qui est depuis un certain temps la cible de ses enquêtes sur des violations présumées des droits de l’Homme. Dans le cas du Maroc, l’ONG a affirmé que le gouvernement, qui n’a pas non plus de relations diplomatiques avec Israël, a en quelque sorte obtenu l’accès au logiciel et l’a utilisé pour espionner un journaliste dissident de gauche, Omar Radi, le désignant parmi les milliers, voire les dizaines de milliers de cas d’abus de journalistes dans le monde. Amnesty n’a jamais expliqué pourquoi Radi, dont le nom n’est guère connu ailleurs qu’au Maroc, intéresserait tellement Rabat que le gouvernement ferait tout son possible pour se procurer un logiciel israélien permettant de suivre la piste d’un « moucheron ».

Ce qui est intéressant, c’est que la Turquie – le premier geôlier de journalistes au monde et un pays qui entretient des relations diplomatiques avec Israël – n’a pas fait l’objet de telles accusations, malgré les rumeurs sur la portée de ses services de renseignement qui vont jusqu’à Jérusalem-Est, en Europe et même dans les mosquées aux États-Unis.

Ce qui est également important de relever , c’est que le seul pays qui est poursuivi, le Qatar, pour avoir piraté des opposants politiques avec de nombreuses preuves reliant des sociétés de lobbying aux États-Unis à la diffusion de courriels obtenus illégalement, a d’une certaine manière évité d’utiliser le logiciel Pegasus, apparemment favorisé par ses rivaux KSA et EAU, et son partenaire commercial, le Maroc. Une autre pièce fascinante de ce puzzle est que, selon les documents de conformité déposés au FARA (Foreign Agents Registration Act), le groupe NSO/Q Cyber Technologies partage la même société de lobbying accusée de participer à ces opérations, Mercury Public Affairs LLC, avec les ambassades du Qatar et de la Turquie à Washington.

Un schéma émerge dans lequel Amnesty semble accuser les pays hostiles à la Turquie et au Qatar d’utiliser ce logiciel pour surveiller les dissidents et autres, qui, par pure coïncidence, partagent tous les positions politiques du Qatar et de la Turquie, alors que la Turquie, le Qatar et leurs alliés internationaux et régionaux, dont le Pakistan, la Malaisie et divers États africains, ne suscitent pas une telle surveillance.

Quelle est la place du Maroc dans ce tableau ? S’agit-il ici d’un simple « néocolonialisme » de la part d’Amnesty ? Cela n’explique pas son manque d’intérêt pour les divers régimes africains brutaux, ni son incapacité à commenter les vastes améliorations du Maroc dans le domaine des droits de l’Homme. Cela n’explique pas non plus pourquoi Amnesty ne se préoccupe pas de l’Algérie, ancienne colonie anti-américaine et anti-israélienne, alors que le Maroc pro-occidental subit tout le poids de l’opprobre internationale en matière de droits de l’Homme aux gré des accusations portées par des ONG. Aujourd’hui, Amnesty International accuse le Maroc de mener une campagne de diffamation après que les responsables marocains aient fermement démenti ces accusations, en soulignant les antécédents de l’ONG en matière de partialité, de sélection et de critères à deux vitesses .
Mais le plus important, c’est l’apparente volonté d’Amnesty de s’appuyer sur des preuves fabriquées, ou du moins des prétentions sur des preuves qui n’existent pas. Sa demande de retrait de la licence de NSO a été rejetée le 13 juin, lorsque la juge Rachel Lavi Barkai du tribunal du district de Tel Aviv a soutenu que la requête de l’ONG ne permettait pas de « fournir des preuves » pour démontrer que la technologie de NSO était utilisée pour espionner les militants d’Amnesty. La plainte a été rejetée.

Si le tribunal avait approuvé les demandes d’Amnesty, cela aurait signifié essentiellement que les entreprises israéliennes devraient suivre les recommandations d’Amnesty pour fournir leurs services à des clients privés. Cela aurait signifié également qu’Amnesty assumerait les pouvoirs du gouvernement israélien pour réglementer non seulement les exportations du produit, mais exiger que le gouvernement israélien lui-même s’engage dans des opérations de renseignement visant à contrôler l’utilisation correcte de ses technologies. Cette exigence, ainsi que le manque de preuves, défiaient la logique et le bon sens.

Le juge a déclaré que le pays fournit des permis à ces entreprises après un processus d’évaluation « rigoureux ».

La décision du tribunal soutient ainsi la position du Maroc concernant le rapport du 22 juin, selon laquelle le rapport d’Amnesty International sur la question est truffé d’hypothèses, mais sans preuves suffisantes. L’ONG n’a pas encore fourni de preuves techniques pour étayer ses affirmations.

Amnesty a répondu en affirmant qu’elle a fourni des « montagnes de preuves » pour appuyer les allégations selon lesquelles le logiciel est utilisé pour cibler des militants et des dissidents.

NSO fait également face à un procès de la part de Facebook, qui prétend que le logiciel a pénétré les groupes WhatsApp et a ciblé des milliers d’utilisateurs. La défense de NSO contre ces accusations s’appuie sur le fait qu’elle ne fait des affaires qu’avec des acteurs étatiques utilisant le logiciel Pegasus à des fins de sécurité nationale, ce qui signifie que chaque vente nécessite l’approbation du gouvernement israélien, et que le logiciel de surveillance est apparemment utilisé pour éliminer les menaces légitimes à la sécurité, telles que les terroristes et les cellules du crime organisé.

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