La part africaine dans le commerce des idées est entière et non marginale

La part africaine dans le commerce des idées est entière et non marginale, a affirmé, mercredi à Rabat, le Secrétaire perpétuel de l’Académie du Royaume du Maroc, Abdeljalil Lahjomri.

S’exprimant lors de l’ouverture du colloque international sous le thème « L’oralité, un registre privilégié d’interlocution ou un paravent pour l’Afrique ? », M. Lahjomri a souligné que « les variations musicales de cette part africaine, qui ont essaimé au loin, porteuses du souffle des poésies pastorales, ont enfanté des genres musicaux comme le jazz ou le blues, mais aussi bien de styles de poésie urbaines ».

Et d’expliquer que cette rencontre permettra ainsi d’examiner « le détachement qui sied à l’analyse, ce que parler veut dire et recouvre comme modalité de communication interpersonnelle ou à vocation plus large dans une époque où les réseaux sociaux comme les technologies de l’information ont bouleversé nos approches et nos façons de vivre ou de faire circuler la parole ». “Au commencement fut le verbe, et placé au début de la création comme de la re-visitation de celle-ci par la récitation, nous voyons immédiatement que nul peuple ne peut s’arroger le monopole ni de la re-visitation ni de la récitation”, a ajouté le Secrétaire perpétuel, indiquant que “des profondeurs de l’Afrique au pourtour méditerranéen, la parole et son usage, ont tenu lieu de ressort identitaire”.

De son côté, l’administrateur de la Chaire des littératures et arts africains de l’Académie du Royaume du Maroc, Eugène Ebodé, a souligné que “ce colloque, qui revêt un aspect pluriculturel, est l’occasion idoine de parler de la force africaine et du rapport qu’elle nourrit avec elle-même, notamment à travers diverses langues et cultures”.

M. Ebodé a indiqué que “l’art de l’oralité est l’une des manières de régler les conflits”, exprimant sa fierté de “voir comment l’Afrique, qui chante, qui parle, qui poétise et qui est riche d’héritages, s’exprime aujourd’hui”.

Ce colloque, qui vient rendre hommage à l’écrivain et cinéaste sénégalais, Feu Sembène Ousmane à l’occasion de la commémoration du centenaire de sa naissance, a également été marqué par une présentation de sa fille adoptive et écrivaine, dramaturge, re alisatrice, et universitaire se ne galaise, Hadja Maïmouna Niang, sous le thème “Sembéne, le dire d’ébène. L’esthétique du vouloir écrire et raconter africain”.

Dans ce sens, Mme Niang a souligné qu’il existait “un lien étroit entre la parole du griot traditionnel africain, le conteur africain et l’écriture littéraire et cinématographique de Sembène Ousman”, ajoutant que “Sembène Ousmane, avait indiqué, dans sa leçon de cinéma au Festival de Cannes 2005, qu’il n’y a pas d’esthétique du cinéma africain et que l’exception culturelle n’est pas un mot vide de sens”.

“La littérature et le cinéma dans le champ de création de Sembène Ousman portent des schémas de la tradition orale africaine”, a-t-elle expliqué, ajoutant que “Feu Sembène considérait le cinéma comme une grande école”.

Par ailleurs, le romancier et réalisateur franco-afghane, Atiq Rahimi, a de son côté présenté un exposé sous le thème “A partir de la poésie des femmes afghan”, exprimant ainsi son “profond amour” pour l’oralité.

Initié dans le cadre des activités de la Chaire des Littératures et des Arts africains, ce colloque international, de trois jours (1er-3 mars), se propose d’explorer les richesses intellectuelles africaines en mettant l’accent sur les littératures orales.

Il rassemble une dizaine d’intervenants, dont des chercheurs et artistes marocains et d’autres venant de Guinée, du Burkina Faso, du Sénégal, de Mauritanie, de Madagascar, du Gabon et du Cameroun.

Avec MAP

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