Le CNP dénonce une « anarchie » sans précédent dans le paysage médiatique

Le secteur de la presse marocain serait gangrené par une « anarchie » chronique selon le président du Conseil National de la Presse (CNP), Younes Mujahid, lors d’une conférence tenue à Marrakech où l’évolution du numérique et ses impacts sur la régulation et la concurrence, a été au centre des débats.

La problématique de la régulation des médias revient sur la table du ministère de la Communication. Cette fois avec plus d’insistance vu les dérapages constatés depuis un certain temps dans le monde de la communication notamment l’intrusion des influenceurs, qui encouragés par les pouvoirs publics dans certaines occasions relègue les médias classiques au second plan au grand dam de l’outil média et tout ce que cela comporte comme importance dans l’organisation d’une nation.
La question a été soulevée lors d’une conférence organisée par le Conseil de la concurrence, l’Agence nationale de régulation des télécommunications (ANRT) et l’Agence pour le développement du numérique (ADD), cette rencontre de deux jours porte sur la « Transformation digitale : entre régulation et compétitivité »
Il faut dire que le numérique a eu un impact profond sur les modes de production, de distribution, d’échange et de consommation, qui ont des effets sur la concurrence, la régulation, les marchés, l’innovation, l’emploi, la croissance économique, la société et les individus.
Le paysage médiatique marocain est marqué par une « anarchie » sans précédent. Des sites numériques fleurissent chaque jour sous des noms et des enseignes différents, sans aucune connaissance, dans certains cas, de l’éthique de la profession ou de sa déontologie.
En ce sens, le président du Conseil National de la Presse (CNP), Younes Mujahid, a indiqué qu’il est à la proposition qui soutient l’intervention de l’Etat et des pouvoirs publics en vue de réorganiser la profession de journaliste au Maroc.
« Le rôle de l’Etat dans le processus de réforme est important et efficace », a-t-il déclaré lors des travaux de la Conférence internationale sur « La transformation numérique : entre régulation et compétitivité », qui s’est clôturée hier, jeudi, à Marrakech.
Un grand chaos règne dans le domaine du journalisme, a déploré Mujahid, qui a appelé à « la fin de l’état d’anarchie pour soutenir les entreprises de presse sérieuses et crédibles ».
Selon le président du CNP, il y a plus de 500 entreprises actives dans le domaine de la presse numérique, dont 50% sont détenues par une seule personne, avant de se demander : « Produisent-elles des informations véridiques ? ».
« Nous ne pouvons négocier avec aucune partie tant que notre maison n’est pas organisée », a déclaré la même source, avant de souligner la difficulté d’opérer un changement radical compte tenu de la structure actuelle, et étant donné que la grande majorité des entreprises sont des petites ou moyennes structures dont l’économie générale a n’a pas changé et reste traditionnel.
Pour lui, « la formation des acteurs dans le domaine du journalisme est nécessaire. Les statistiques indiquent qu’il existe 100 écoles de formation dans ce domaine. Il s’interroge à ce propos : « Existe-t-il au moins des enseignants capables de former des journalistes selon les normes généralement admises ? ».
Bien qu’il considère que le secteur de la presse est encore régi par d’anciennes lois remontant au XXe siècle, Mujahid considère qu’il existe une autre option pour y remédier, celle de développer le journalisme et d’améliorer les conditions de travail des journalistes.
Selon, Mme Fátima Zahra Ouriaghli, consultante et membre du conseil d’administration de l’Association nationale des médias et des éditeurs (ANME), a souligné que « nous sommes maintenant face à un journalisme de la connaissance et non à un journalisme traditionnel qui ne s’intéresse pas seulement à information », soulignant que « la transformation numérique ne doit pas vider le journaliste de ses sens, ni le priver de ses tâches et de son rôle au sein des sociétés ».
Mme Ouriaghli a ainsi souligné que l’un des aspects négatifs de la numérisation est l’apparition des « influenceurs », qui produisent des contenus numériques, et dont le président du CNP a catégoriquement refusé de parler.
« Aujourd’hui, nous vivons dans l’image. Les influenceurs sont présents, car ils partagent des images (photos de leurs plats, de leurs voitures…) », précise-t-elle.
À noter que les travaux de cette conférence internationale se sont achevés jeudi, après deux jours d’échanges et de partage sur les nombreux enjeux et défis liés aux mutations et évolutions que connaissent les écosystèmes publics et privés en matière de transformation numérique.

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