Le gaz russe «reviendra» en Europe, prédit le ministre qatari de l’Energie

Les pays européens finiront par reprendre leurs importations de gaz russe, estime le ministre de l’Energie du Qatar, pays parmi les plus grands exportateurs de cet hydrocarbure. Selon lui, la volatilité actuelle du marché devrait perdurer.

Vers un retour en grâce, à terme, du gaz russe en Europe ? Saad Sherida al-Kaabi, patron de la compagnie nationale Qatar Energy (ex-Qatar Petroleum) et également ministre qatari de l’Energie, en est convaincu. «Le gaz russe va revenir, à mon avis, en Europe» même si elle a désormais «une diversité bien plus grande» des sources d’approvisionnement, a-t-il déclaré ce 14 janvier lors d’un forum sur l’énergie à Abou Dhabi.

Les pays européens ont largement restreint leur approvisionnement en gaz russe après le lancement par Moscou de son intervention militaire en Ukraine, le 24 février 2022. Un conflit qui a aggravé les tensions sur le marché mondial de l’énergie, provoquées par la reprise économique post-Covid.

«Les choses se réparent avec le temps», estime le ministre qatari

«Les Européens disent aujourd’hui qu’il n’en est pas question» mais «les choses se réparent avec le temps», a ajouté le responsable qatari.

Les exportations de gaz de Gazprom vers l’Union européenne (UE) et la Suisse ont chuté de 55% en 2022, selon le géant russe de l’énergie, l’Europe étant auparavant son principal marché. Ce mois-ci, le prix de gros du gaz naturel en Europe est tombé à son plus bas niveau depuis le début du conflit en Ukraine, grâce à un hiver clément qui permet d’économiser les stocks. Mais les analystes mettent en garde contre l’imprévisibilité du marché.

«La situation va rester volatile un certain temps», abonde Saad Sherida al-Kaabi, affirmant que le problème de la reconstitution de stocks se posera de nouveau en 2024 en Europe.

La Russie toujours ouverte à la reprise de ses exportations vers l’Europe

Particulièrement sollicité par les chancelleries occidentales depuis l’éclatement du conflit entre Kiev et Moscou, l’émirat du Golfe, qui avant la crise était déjà au maximum de ses capacités de production de gaz naturel liquéfié (GNL), exporte principalement vers les pays asiatiques. L’Allemagne, plus gros consommateur de gaz russe en Europe, a passé fin novembre un accord avec Doha pour la livraison – à partir de 2026 – de «jusqu’à 2 millions de tonnes de GNL par an», soit moins du dixième de ce que lui fournissait la Russie en 2021.

Fin décembre, le vice-Premier ministre russe Alexandre Novak avait réitéré que son pays demeurait disposé à reprendre ses approvisionnements en gaz des Etats membres de l’Union européenne. Ce malgré la «campagne à grande échelle», lancée contre la Russie, «qui s’est terminée par des actes de sabotage contre les pipelines Nord Stream».

Pour compenser leurs restrictions sur l’importation de gaz naturel russe, les pays de l’Union européenne ont en 2022 importé 155 milliards de mètres cubes de GNL. Un bon de 60%, par rapport à 2021, qui a fait des Etats-Unis le premier fournisseur du Vieux continent et le premier exportateur mondial de GNL, devant le Qatar qui occupe la deuxième place. Sur la troisième marche du podium des plus gros fournisseurs de GNL des Européens, la Russie, dont les exportations de gaz naturel liquéfié vers l’UE ont augmenté de 12% en 2022.

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