Les femmes des deux rives de la Méditerranée face à l’extrémisme
L’Association des femmes arabes de la presse et de la communication (AFACOM) et l’Organisation islamique pour l’Éducation, les Sciences et la Culture (ISESCO) organise chaque année le forum « Le dialogue euro-méditerranéen au féminin ».
Le troisième colloque s’est déroulé, le 26 avril 2017, sur le thème : « Les femmes des deux rives de la Méditerranée face à l’extrémisme », avec la participation de plusieurs institutions : l’Union pour la Méditerranée, le Centre Nord-Sud du Conseil de l’Europe, l’Observatoire d’études géopolitiques, la Fondation Hassan II pour les Marocains résidant à l’étranger, Attijariwafa Bank Europe, l’École supérieure de journalisme de Paris et Radio Orient.
Issu des travaux de ce colloque, ce livre est publié aux éditions Karthala, dans la collection « études géopolitiques », sous la direction de Dr Abdulaziz Othman Altwaijri, un intellectuel saoudien qui est le directeur général de l’ISESCO, et Dr Zeina el Tibi, présidente de l’Association des femmes arabes de la presse et de la communication et présidente déléguée de l’Observatoire d’études géopolitiques de Paris.
Outre celles des deux codirecteurs, il rassemble les contributions de la sénatrice Joëlle Garriaud-Maylam, la sénatrice Catherine Morin-Desailly, présidente de la Commission de la culture, de l’éducation et de la communication du Sénat, Hayat Bouffarrachen, vice-présidente de la Chambre des représentants du Maroc, Françoise A.M. Schepmans, député-maire de Molenbeek (Belgique), May el Batran, députée égyptienne, Leila Hamrouni, députée tunisienne, Dr Charles Saint-Prot, directeur général de l’Observatoire d’études géopolitiques, Dr Rita al Khayat, écrivain marocaine, Dr Maha Baaklini-Laurens professeur en philosophie (Liban), Cleopatra Lorintiu, écrivain roumaine, Noha Rashmawi, chercheur de Palestine, Dr Maria Teresa Fernandez de la Vega, présidente du Conseil d’État en Espagne, Delphine Borione, ambassadeur, Dr Marie-Geneviève Missegue, théologienne, Carmen Fernandez-Tavora, de la Fondation des Trois Cultures, Dr Jean-Marie Heydt, universitaire suisse et président du Centre nord-sud du Conseil de l’Europe.
Cet ouvrage examine comment les femmes peuvent combattre l’extrémisme et être des actrices du dialogue entre les deux rives de la Méditerranée. En effet, l’extrémisme est devenu une grave préoccupation, aussi bien dans le monde arabo-musulman que dans beaucoup de pays européens. Nonobstant les affirmations de principe, l’enjeu de la construction d’un avenir commun euro-méditerranéen ne semble plus d’actualité. De tous les côtés, l’incompréhension, les crispations identitaires, la méfiance réciproque et parfois, hélas, la haine, progressent insidieusement. L’inepte théorie du « choc des civilisations » regagne du terrain.
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C’est d’abord à la cette dérive consistant à confondre l’Islam et l’extrémisme, qu’il convient de mettre fin, en refondant le dialogue entre les deux rives de la Méditerranée sur des bases plus solides, c’est-à-dire plus équilibrées. Donc il ne faut pas assimiler le monde musulman avec l’activisme d’une minorité de fanatiques qui détournent l’Islam à des fins criminelles. L’enjeu est de surmonter une méfiance à laquelle est venu s’ajouter le mépris de ceux qui pensent que la Méditerranée est une barrière entre les peuples et les civilisations.
Dans ce contexte, la lutte contre la radicalisation est une priorité. Pour le combat contre l’extrémisme, tout le monde doit se mobiliser, et, sur ce plan, les femmes doivent être en première ligne. Comme le souligne Zeina el Tibi dans sa préface, « Les sont dans l’obligation de répondre à une menace qui peut concerner leurs enfants. Épouses, mères, sœurs, elles sont bien placées pour constater les signes de radicalisation dès qu’ils se manifestent, dans leur famille ou dans leur quartier, d’où leur mission essentielle de lanceurs d’alerte.
Je pense tout particulièrement à l’action de salut public de Latifa Ibn Ziaten, la maman d’Imad, ce jeune soldat français assassiné par un terroriste en 2010. Depuis, cette mère exemplaire a créé l’Association Imad-Ibn-Ziaten pour la jeunesse et pour la paix, qui mène une action d’envergure contre l’extrémisme. En outre, les femmes ont un rôle à jouer en matière d’éducation, dans le sens le plus large du terme.
Au sein de la famille, la femme doit veiller à enseigner aux enfants les vraies valeurs de la religion, pour les éloigner de l’extrémisme. Dans la vie sociale et au travail, elle doit faire montre de vigilance pour combattre les déviations extrémistes. »
De fait, les femmes sont bien placées dans le corps social pour être des actrices efficaces de la lutte contre la radicalisation. C’est ce que tentent de démonter les riches contributions des auteurs d’une douzaine de pays.