L’utilisation des drones renforce la résilience climatique de l’agriculture et améliore sa productivité

L’utilisation des drones dans l’agriculture a permis une amélioration de la productivité, en moyenne, d’un minimum de 5% avec une économie en eau de plus de 10 % dans les cultures objets de l’expérimentation, estime la Banque africaine de développement (BAD).

« C’est simplement révolutionnaire« , s’est réjoui le directeur général du Bureau régional de la BAD pour l’Afrique du Nord, Mohamed El Azizi qui s’exprimait lors d’un entretien filmé consacré à la présentation du bilan d’une expérience pilote lancée en 2018 et portant sur le déploiement de drones pour améliorer la productivité agricole en Tunisie, notamment à Sidi Bouzid (centre).

Pour M. El Azizi, l’utilisation des drones offre « une puissance de calcul phénoménale qui, en quelques secondes, génère des quantités de données que même des équipes d’ingénieurs ne peuvent livrer en plusieurs mois« .

Il a noté que la BAD a très vite saisi tout le potentiel que peut offrir au quotidien l’intelligence artificielle (IA) pour l’amélioration de la productivité agricole, rappelant que c’est pour cela qu’en 2018, l’institution a mobilisé les ressources nécessaires d’une valeur d’un million de dollars auprès du fonds de coopération économique Corée-Afrique (KOAFEC) pour lancer le premier projet pilote d’utilisation des drones dans le secteur agricole en Afrique.

Tout en mettant en exergue la valeur ajoutée générée par ce projet au profit des agriculteurs, il a fait état d’un rendement qui s’améliore grâce à l’utilisation des drones.

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« Grâce à des algorithmes poussés, le drone est capable de détecter, de manière précoce, les maladies qui peuvent toucher les cultures et les traiter, bien avant qu’elles n’affectent le rendement« , a précisé le responsable.

M. El Azizi a noté que l’utilisation de l’intelligence artificielle embarquée permet aussi d’optimiser le dosage des fertilisants dans les secteurs d’une parcelle agricole qui sont déficitaires en engrais.

Le DG régional de la BAD a expliqué que l’utilisation des drones vient répondre à la problématique de la rareté de l’eau en Afrique du Nord qui connaît un véritable stress hydrique.

Avec la reconnaissance d’image, l’algorithme topographie le terrain et modélise le réseau d’irrigation qui l’alimente, a-t-il expliqué.

Selon lui, ces algorithmes définissent ensuite les options qui permettent d’équilibrer la répartition de l’eau d’irrigation grâce aux chemins qui optimisent la vitesse d’écoulement de l’eau.

La consommation de cette ressource est ainsi réduite à l’essentiel, a ajouté M. El Azizi, pour qui, ce procédé permet une résilience renforcée face aux changements climatiques.

Il a indiqué qu’en quelque sorte, l’agriculteur peut limiter l’impact de cette volatilité de rendement qui peut fragiliser son revenu.

Cette technologie de pointe permet de même la mise en place de cultures plus résilientes face aux épisodes climatiques extrêmes, comme les sécheresses dans la mesure où le rendement agricole ne sera désormais plus fonction de la pluviométrie, précise-t-on de même source.

Il a déclaré que pour ces raisons, les ingénieurs de la BAD ont, au-delà du génie logiciel et de l’informatique, été mobilisés pour déployer ces technologies importantes, aujourd’hui étroitement associées à la conception des opérations de l’institution.

L’ambition, selon M. El Azizi, est de lancer une génération de projets « Smart » qui utilisent les technologies de pointe tels que l’intelligence artificielle, la Blockchain et le Big data.

C’est dans cet état d’esprit que la Banque travaille aussi à l’introduction d’algorithmes d’Intelligence artificielle pour la collecte d’informations dans la préparation de ses projets, a-t-il révélé.

Il a fait savoir que la BAD a déjà mis en place des solutions d’IA qui « nous permettent d’aller puiser dans des milliers de rapports les ingrédients qui feront le succès d’une future opération dans un pays, un secteur ou un territoire donné ».

Cela permettra de capitaliser les enseignements et structurer des projets plus efficaces et plus efficients, a-t-il dit, ajoutant que l’une des missions de la BAD est de mettre en marche la 4e révolution industrielle pour faire de l’Afrique, une terre de progrès et d’innovation.

En 2018, la BAD, le ministère tunisien de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche et l’Agence gouvernementale sud-coréenne « Busan Techno Park » avaient signé un accord prévoyant le déploiement de drones dans des projets agricoles de la région de Sidi Bouzid.

La gestion opérationnelle de ce projet a été confiée à la Société nationale tunisienne de la protection des végétaux (Sonaprov) qui a réussi la mise en œuvre de cette opération pilote grâce au transfert de savoir-faire technologique et sa mise à disposition, par la suite, à différents sous-secteurs de l’agriculture tunisienne.

D’après le gouvernement tunisien, dans le cadre de ce « projet pilote innovant », un centre d’excellence régional sera créé en Tunisie pour partager cette expérience à d’autres pays africains ».

Sur la base de cette expérience réussie, la BAD envisage d’élargir cette opération à d’autres pays du continent, au bénéfice des populations africaines.

Les résultats intermédiaires de ce projet pilote ont été présentés comme un exemple de bonnes pratiques lors des Assemblées annuelles du Groupe de la Banque africaine de développement organisées en juin 2019 à Malabo en Guinée équatoriale.

Dans le cadre de ce projet, une quarantaine de Tunisiens ont obtenu, fin janvier 2019, des certificats de pilotage de drones. Quatre d’entre eux ont obtenu des certificats de formateurs de pilotes de drones. Le projet prévoit enfin la formation de 400 pilotes de drones en Afrique.

(Avec MAP)

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