Maroc-Espagne : L’impératif de la paix et de la tolérance dans la Méditerranée

Pour témoigner des liens séculaires et inébran­lables entre deux cités jumelles et patrimoine univer­sel de l’humanité, Granada et Fès et entre deux États dans les liens historiques sont tis­sés dans la toile de l’odyssée humaine et dictée par une proximité géographique fai­sant d’eux les portes de deux continents, Le Royaume Ché­rifien du Maroc et le Royaume d’Espagne, comment peut-on aborder un sujet si vaste par les thématiques qu’il englobe et puis si profond par la force de l’histoire et des liens de sang et de coeur qui relient deux peuples, qui certes parlent deux ou plusieurs langues différentes, mais dont les mots et les corps portent des racines imbriquées les unes dans les autres et qui fusionnent à jamais et pour toujours pour porter si haut l’étendard de la paix et de la tolérance dans notre mer si douce et si riche de vie, la belle méditerranée ?

L’union des coeurs : Orient-Occident

Qu’on soit à Granada, à Cordoba, à Sevilla, à Tétouan, à Chaouen ou à Fès, c’est le même refrain et le même apai­sement qui parcourt notre es­prit et habite notre âme.

A Fès la millénaire, qui porte dans ses entrailles les essences de l’Andalousie, entre ses rivières, ses jasmins, ses oliviers, ses citronniers, ses arbres, ses murailles, son architecture, ses ruelles, ses odeurs, son art culinaire, son art vestimentaire, sa mu­sique, le parfum Andalous est maître de tous les céans…Et puis toutes ces familles dont l’identité est plurielle gardent dans leurs mémoires et leurs corps le souvenir et le par­fum d’une terre accueillante qui les habitent à jamais et conservent fièrement leur pa­tronyme en référence à l’An­dalousie et à ses villes.

Dans les ruelles de Fès, à chaque tournure on entend le chant des oiseaux andalous et des colombes espagnoles. Dans les maisons de la médi­na, chaque morceau de bois, chaque carreau de Zellige, chaque ornement de plâtre, chaque rayonnement de vitre, sont un livre ouvert dans le­quel on feuillette l’histoire du patrimoine commun his­pano-marocain.

Un patrimoine commun très riche aussi par ses Hommes et ses Femmes qui ont contribué au rayonnement des sciences, de la poésie, de la philosophie et du savoir dans le monde en­tier.

 L’accueil donné  par S.M. le Roi  Mohammed VI  au Roi Felipe VI d’Espagne,  le 14 juillet 2014,  démontre d’une manière forte  la consolidation  et l’ancrage  de la relation  historique.

Je parlerai de deux grands noms, deux Cordouans du XIIème siècle de l’époque Almoravide qui vécurent dans une période de leurs vies à Fès et enseignèrent dans l’université considérée comme la plus ancienne du monde : Al Quaraouiyine. Ce sont deux destins croisés qui ont soufflé la lumière dans la pensée humaine, je cite en l’occurrence ; Abu al Walid Muhammad Ibn Ahmad Ibn Rochd et Moshe Ben Maïmon (Moise Maimonide).

Ibn Rochd (Averroès) né à Cordoue en 1126 et mort à Marrakech en 1198, était médecin, juriste, mathémati­cien et surtout l’un des plus grands philosophes de la pen­sée islamique. Il est considéré par certains comme l’un des pères spirituels de la philo­sophie et de la pensée laïque en Europe. Il reste l’un des principaux philosophes ou même le principal commen­tateur d’Aristote, ses oeuvres principales sont : Le Grand Commentaire du Traité de l’âme d’Aristote, le discours décisif et l’incohérence de l’incohérence.

Moshe ben Maïmon (Moise Maimonide) , né à Cordoue en 1138, mort en Egypte en 1204, était médecin, philosophe an­dalou de confession hébraïque qui a vécu depuis l’âge de 13 ans au Maroc, notamment à Fès (sa maison existe encore) , où il a appris et professé le sa­voir. Il émigra avec sa famille en 1165 en Palestine et puis en Égypte où il fut le commenta­teur de la Mishna et le guide de la communauté juive, il fut aussi le médecin attitré du se­crétaire de Salah Eddinne Al Ayoubi (Saladin), ses princi­pales oeuvres sont le guide des égarés et Mishné Torah.

Les Relations  Maroco- Hispanique :  Une dynamique dans la voie  de la paix et  de la tolérance.

L’accueil donné par S.M. le Roi Mohammed VI au Roi Felipe VI d’Espagne, le 14 juillet 2014, démontre d’une manière forte la consolidation et l’ancrage de la relation his­torique et amicale qui relie les deux Royaumes. En effet, la visite du Roi d’Espagne au Maroc est un gage de l’élan et de la dynamique des relations de coopération diplomatique, économique, politique, sécu­ritaire, de défense entre les deux pays.

Le choix de la coopération avec le Maroc se trouve guidé, d’une part, par la place géos­tratégique qu’occupe le pays dans le bassin méditerranéen. C’est un Etat moderne, chantre de la tolérance et qui pratique un Islam modéré depuis tou­jours. Le Maroc joue un rôle pionnier dans la lutte contre le terrorisme internationale. En plus de sa participation active dans la résolution de la pro­blématique des migrations in­ternationales. Le Maroc n’est plus un pays de transit mais il est devenu un pays d’accueil qui régularise les migrants de l’Afrique subsaharienne ayant un statut régulier. D’autre part, le Maroc trace, vaille que vaille, sa voie dans le chemin des pays démocratiques avec toutes les dispositions prises sous le nouveau règne du Roi Mohammed VI et avec l’avènement de la nouvelle constitution qui réaffirme son attachement aux droits de l’Homme tels qu’ils sont uni­versellement reconnus, ainsi que sa volonté de continuer à oeuvrer pour préserver la paix et la sécurité dans le monde.

Coopération culturelle

La Coopération culturelle entre le Maroc et l’Espagne reste l’une des plus impor­tantes pour l’Espagne à l’étranger, selon Guillermo Escribano, conseiller culturel à l’Ambassade d’Espagne à Rabat dans son entretien ac­cordé à Finances News Hebdo en 2012; 2 à 3 millions d’Eu­ros par an sont alloués au partenariat bilatéral. Pour M. Escribano : « La coopération culturelle est l’un des vec­teurs qui marchent le mieux entre le Maroc et l’Espagne. Non seulement parce que nous avons en commun tout un patrimoine, mais parce que nous sommes deux pays voisins et qu’une bonne par­tie du Maroc, surtout dans le Nord, parle espagnol. Il y a plusieurs points qui nous unissent dont la langue, les beaux-arts, la musique, l’ar­chitecture et l’archéologie.La coopération culturelle entre l’Espagne et le Ma­roc est l’une des plus im­portantes pour l’Espagne à l’étranger, du même niveau que celles que nous avons avec quelques États voi­sins européens ou avec les pays de l’Amérique latine». Elle se traduit ainsi par l’ac­tion dans le domaine de la culture et de l’enseignement de plusieurs administrations centrales, régionales et ins­titutions espagnoles, notam­ment, l’Institut Cervantès, l’Agence Espagnole de Coo­pération Internationale au Développement (AECID) et le ministère de la Culture.

Sur un autre volet, l’Es­pagne est le premier parte­naire du Maroc en coopération et recherche universitaire avec plus de 1,5 million d’euros par an et une centaine d’ac­cords entre les universités. Dans le programme de coo­pération inter-universitaire, la plupart des laboratoires sont des laboratoires conjoints entre chercheurs espagnols et marocains qui se dé­placent dans les deux sens.Les étudiants marocains constituent aussi le deuxième groupe étranger non-commu­nautaire dans les universités espagnoles avec plus de 5.000 inscrits. Pour l’anecdote l’uni­versité de Grenade, section Pharmacie est considérée comme l’une des grandes Facultés «marocaines» à l’Université espagnole.Il faut aussi retenir que le ré­seau des Instituts Cervantès au Maroc est le 2ème réseau en importance et en nombre dans le monde après le Brésil, avec 6 centres et 6 antennes, qui veillent à l’enseignement de l’espagnol au Maroc. Selon Guillermo Escribano : « La coopération culturelle Ma­roc-Espagne appartient à la happy agenda des deux pays. Elle permet également aux deux peuples de se connaître et de se rapprocher ».

Coopération économique

Le Maroc et l’Espagne ont compris que l’essor écono­mique de leurs deux pays se fait par le partenariat et non par la concurrence, ils ont alors emprunté une dyna­mique qui conjugue les ef­forts et les intérêts des uns et des autres pour obtenir un résultat positif pour les deux partenaires.

 « Le Maroc et l’Espagne ont beaucoup changé ces dernières années, ainsi que le contexte régional et global,

 En effet, la relation entre les deux pays s’inscrit au­jourd’hui dans une complé­mentarité et non une com­pétitivité, et comme le dit si bien Gonzalo Escribano, qui est chercheur à l’Institut Royal Elcano de Madrid : « Le Maroc et l’Espagne ont beaucoup changé ces der­nières années, ainsi que le contexte régional et global, et les relations économiques his­pano-marocaines ont besoin d’un nouveau discours pour contenir une réalité de plus en plus complexe: un discours de complémentarité et non pas de concurrence, de conver­gence de préférences au lieu de divergences, sans tomber dans l’ingénuité mais non plus dans le piège de la realpoli­tik. En effet, ces dernières années, un récit différent est apparu, plus sophistiqué et avec une vision plus intégrée et dynamique des relations économiques bilatérales ».Au vu de tous les avantages qu’offrent le Maroc ainsi que sa place prépondérante dans l’échiquier politique et écono­mique dans la région, « il est devenu le neuvième marché mondial espagnol, deuxième hors de l’UE, seulement der­rière les USA, et premier marché africain pour l’Es­pagne». Celle-ci, quant à elle, est devenue le premier parte­naire économique du Maroc supplantant la France…

La coopération sécuritaire

Au-delà de la coopération culturelle et économique, un nouveau volet s’est imposé aux deux pays : La question sécuritaire.

La région voire le monde fait face à une vague de vio­lence sans précédent et qui est la résultante des effets de la troisième guerre du Golf et l’invasion de l’Irak en 2003 et la déchéance du printemps arabe.

Ces facteurs réunis ont don­né naissance à une forme de terrorisme qui n’épargne plus ni pays occidentaux ni pays orientaux et trouvant dans la région un terreau fertile. Ni le Maroc ni l’Espagne n’ont été épargnés, les attentats de Casablanca et de Madrid en sont la triste illustration.

Face à cette insécurité me­naçante et rampante qui se finance de toutes les formes de trafic possible et imagi­nable, les deux pays ont pris conscience de l’importance de conjuguer leurs efforts pour barrer la route au terrorisme et couper l’herbe sous les pieds de ses instigateurs.

Ceci constitue un élément de plus de rapprochement entre les deux nations et de so­lidarité entre les deux peuples, dans ce sens je rappelle tous les accords entre les deux pays pour le renforcement de la sé­curité et de la lutte contre le jihadisme notamment celui de septembre dernier.

L’amitié entre les deux peuples s’illustre avec ma­gnificence par des histoires à l’échelle humaine comme l’amitié et le respect qui me lient à mon amie Carmen Es­pinoza et nos familles respec­tives ma famille ; ou encore aux relations de jumelage et d’amitié entre le Rotary Club de Fès et le Rotary Club de Granada.

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