Le Musée des Beaux-Arts de Montréal rend un hommage posthume à la photographe Leila Alaoui à travers l’exposition « No Pasara »
Le Musée des Beaux-Arts de Montréal (MBAM) organise du 18 janvier au 30 avril prochain une exposition intitulée « No Pasara » en hommage à la célèbre artiste-photographe Leila Alaoui, décédée suite aux attaques terroristes perpétrées dans la capitale burkinabè, Ouagadougou, en janvier 2016.
Organisée avec le concours de la Fondation Leila Alaoui, l’exposition « No Pasara » vise notamment à mettre en relief le talent et l’oeuvre de cette photographe et vidéaste franco-marocaine, qui a consacré son art au service des causes humanitaires et des droits humains.
La défunte a trouvé la mort au Burkina Faso où elle réalisait un reportage sur les droits des femmes, dans le cadre d’une mission photographique d’Amnesty international.
L’œuvre de Leila Alaoui, cette artiste de renommée internationale, est le fruit de son observation du monde à partir d’une démarche critique. Selon le site électronique du MBAM, l’artiste-photographe s’exprime par le portrait et l’essai photographique ou vidéographique documentaire pour explorer la diversité culturelle et la migration en Méditerranée.
Dès son premier projet, « No Pasara », Leila Alaoui a fait preuve d’un engagement humanitaire et d’un sens de l’altérité. En effet, cette série de 24 images commandée par l’Union européenne en 2008, dont le titre signifie « Vous ne passerez pas », présente de jeunes Marocains imaginant un eldorado de l’autre côté de la Méditerranée.
« Elle (Leila Alaoui) se déplace de Béni Mellal, au centre du pays, jusqu’aux villes portuaires de Nador et Tanger où elle se familiarise avec la migration clandestine. Telle une ethnographe, elle se fait observatrice, à l’écoute de ses sujets avant d’immortaliser leurs états d’âme », décrit-on.
Et d’ajouter que la défunte artiste « déterminée à comprendre cette nécessité de quitter le pays natal, expérimente même le trajet en barque avec trois harraga (brûleurs de frontière) qui ont échoué leur traversée ».
« Leila Alaoui capture l’essence de cette jeunesse désespérée grâce à une esthétique riche en émotions où une image vaut mille mots. La mer s’insinue dans ses compositions soignées, particulièrement en arrière-plan, mais aussi la pauvreté et l’aridité des lieux visités », selon le texte publié sur le site du Musée.
« Assis, couchés ou debout, les jeunes sont représentés souvent pensifs, le regard vers l’ailleurs ou nous tournent tout simplement le dos, devenant autant de métaphores de l’inaccessible », affirme la même source, relevant que d’autres portent des chandails aux inscriptions « exotiques » : France, España et Andalucía.
Née en 1982, Leila Alaoui a étudié la photographie à l’université de la ville de New York. Son travail explorait la construction d’identité, les diversités culturelles et la migration dans l’espace méditerranéen.
Elle utilisait la photographie et l’art vidéo pour exprimer des réalités sociales à travers un langage visuel qui se situe aux limites du documentaire et des arts plastiques.
Son travail est exposé internationalement depuis 2009 (Art Dubai, l’Institut du Monde Arabe et la Maison Européenne de la Photographie à Paris) et ses photographies publiées dans de nombreux journaux et magazines, y compris le « New York Times » et « Vogue ».
L’engagement humanitaire de Leila Alaoui incluait, entre autres, des mandats photographiques pour des ONG reconnues comme le Danish Refugee Council, Search for Common Ground et le HCR.