Ils nous ont quittés en 2016… Leurs traces transcendent le temps
L’année 2016 tire à sa fin et emporte, au passage, tant d’étoiles qui se sont éclipsées, laissant dans les cœurs des traces rayonnantes de leurs lumières et dans les mémoires des souvenirs de chefs d’œuvres ayant enrichi le répertoire marocain culturel, économique, sportif ou artistique.
« Les artistes s’en vont, éternelles demeurent leurs traces », dit-on. En 2016, la Faucheuse a emporté quelques-unes des belles fleurs du champ artistique et culturel marocain, dont la senteur des pétales restera témoin de l’immortalité de leurs œuvres.
L’année s’achève ainsi sur une note lugubre après la disparition du père du théâtre marocain, feu Tayeb Seddiki. Décédé à l’âge de 79 ans, cette personnalité aux multiples talents est difficile à cerner. Dramaturge, poète, romancier, cinéaste, calligraphe, peintre, le défunt a emprunté différentes voies artistiques pour donner à voir et à entendre un univers et un imaginaire, qui ne laissent guère indifférent. Auteur de plus de 80 pièces originales et d’adaptations, il a également mis en scène plusieurs pièces étrangères puisées dans différents registres dramaturgiques.
Deux mois après, la mort allait emporter une autre figure du théâtre national, Larbi Yacoubi, mort à l’âge de 86 ans. Avec ses airs de dandy et sa bonhommie naturelle, ce grand comédien et costumier tangérois a contribué à plusieurs pièces théâtrales, sous l’égide d’André Voisin, dont « M’aâlem Azzouz » d’après (Le Barbier de Séville) de Beaumarchais, et « Hamlet » de Shakespeare.
Le cinéma marocain allait être endeuillé par la perte de l’une de ses icônes flamboyantes, en l’occurrence l’acteur Ahmed Roudani. Éteint le 20 juin après un long combat avec la maladie, cet artiste s’est distingué avec brio dans les différents domaines de théâtre, du cinéma et de télévision.
La musique n’a pas été épargnée, avec le décès du luthiste Said Chraibi, un des rares maîtres de l’oud à avoir construit un son reconnaissable entre tous, à travers sa technique exceptionnelle de jouer de cet instrument avec une facilité étonnante, le repoussant vers des retranchements inexplorés jusque-là.
La disparition de ce grand musicien qui, compte à son actif, environ 500 morceaux répartis entre compositions chantées, taqassim ou compositions pour solistes, orchestres orientaux et symphoniques, laissera sans nul doute un immense vide sur la scène musicale marocaine et arabe en général.
La mort a aussi fatalement choisi un des chantres de la chanson marocaine authentique, en la personne de du chanteur et compositeur Larbi Kawkabi. Natif de Marrakech, le défunt était un des musiciens avant-gardistes ayant enrichi le répertoire national de chansons lyriques, comme « Lahbib Al Ghali », « Corniche Tanja » et « Ya Qassiya Al Qalb », qui s’inscrivent désormais dans le registre « des inoubliables ».
Le folklore marocain n’était pas du reste. Les Marocains n’oublieront pas de sitôt le célèbre chanteur, danseur et chef d’orchestre Moha Oulhouceine Achibane, dit « Le Maestro », qui a rendu l’âme le 19 février 2016, après avoir marqué un siècle entier par la magie de son corps dansant sous le ciel de la Patrie, et son sourire honnête et espiègle, reflétant la force et la bonté de ses origines berbères.
Parti à l’âge de 113 ans, ce maître incontesté de la danse d’Ahidous du Moyen Atlas, ayant charmé Marocains et étrangers, laisse à la postérité le souvenir immortel d’un lustre de la culture marocaine amazighe ancestrale qui demeurera gravé dans un répertoire populaire.
Durant le même mois de février, l’artiste peintre Aissa Ikken a tiré sa révérence des suites d’une crise cardiaque, laissant les couleurs en deuil et ceux qui connaissent ses œuvres graphiques dominées par des signes inspirés du patrimoine amazigh, se remémorer à jamais des petits personnages-symboles aériens et libres incarnés merveilleusement sur ses toiles.
La scène littéraire a appris avec une profonde affliction la disparition de deux de ses grandes plumes, à savoir le chercheur et critique littéraire Ahmed Farchoukh et l’écrivaine Malika Najib. Ces deux chantres, partis prématurément, laisseront derrière un vide abyssal dans la scène intellectuelle et une pensée douce et amère à leur mémoire.
La tristesse s’est abattue également sur le monde de la théologie, suite au décès de l’éminent érudit et célèbre théologien Al Hassan Al Abbadi. Le défunt qui s’est démarqué par son attachement aux valeurs de modération, de juste-milieu et de patriotisme sincère, faisait preuve d’une profonde connaissance en théologie, ce que lui permis d’occuper différentes hautes fonctions scientifiques.
Pour sa part, le monde de entrepreneuriat et des affaires se souviendra de l’homme d’affaires distingué Haj Miloud Chaâbi.
Décédé à l’âge de 86 ans en Allemagne, cet autodidacte incontesté fut longtemps représenté comme l’exemple de persévérance et du grand militantisme. Connu pour sa modestie et sa bonté, les actions de mécénat du regretté au profit des plus démunis, souvent à titre anonyme, ne sont pas comptés.
Le sport national a été, lui aussi, frappé par le départ de l’un des grands champions de la boxe, Mustapha Fadli. Cet ancien coach national, avait levé le drapeau marocain très haut en remportant le titre des 9è Jeux Méditerranéens en 1983 à Casablanca dans la catégorie des poids légers.
De son côté, le champ médiatique, a été endeuillé par le trépas de plusieurs figures, notamment le journaliste-écrivain Omar Mounir et l’ancien journaliste de l’Agence Maghreb Arabe Presse (MAP), Larbi Machich, ainsi que par la mort tragique de la photographe et vidéaste franco-marocaine Leila Alaoui à Ouagadoudou, en début d’année, dans une attaque revendiquée par le groupe Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).
Symbole d’un génie marocain, d’un esprit de savoir particulier et d’un dévouement incontestés, ces célébrités ont eu la générosité de mettre leurs dons au service de leur Patrie et la grande chance de conquérir le cœur de tous les Marocains. Elles nous ont quittés certes, mais leurs marques interpelleront toujours les mémoires, car leurs traces transcendent le temps.