Ouverture à Rabat des journées euro-méditerranéennes pour l’engagement de la jeunesse et des femmes contre les violences extrêmes et la radicalisation

Les travaux des journées euro-méditerranéennes pour l’engagement de la jeunesse et des femmes contre les violences extrêmes et la radicalisation ont démarré, jeudi à Rabat à l’initiative de la Chaire de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) et d’un groupe de partenaires du Maroc et de l’étranger.

Dans une allocution lue en son nom à l’occasion de ce séminaire, le ministre de la Justice, Mohamed Benabdelkader, a affirmé que son département a mis à contribution toutes les ressources nécessaires pour faire face aux défis posés par l’extrémisme violent, en adoptant une approche proactive visant à éliminer ce fléau et à promouvoir les valeurs du dialogue et de la tolérance.

Il a rappelé à cet égard le rôle essentiel joué par les établissements pénitentiaires pour incarner le rôle éducatif de la punition, notant que (la pratique n° 19) du Mémorandum de La Haye de Marrakech appelle à l’élaboration de programmes globaux au sein des établissements pénitentiaires, afin de réintégrer les combattants terroristes étrangers, étant donné que ces programmes suffissent pour répondre efficacement à la menace potentielle de retour des combattants.

Le ministre a ajouté que le Maroc a lancé un programme baptisé « réconciliation » par le biais de la Délégation générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR), qui a atteint sa deuxième version cette année, et que de nombreux détenus en lien avec le terrorisme en ont profité, soulignant que son objectif primordial est de promouvoir les valeurs de modération et de tolérance, selon des dimensions liées à la réhabilitation sociale et religieuse et l’accompagnement psychologique, ce qui reflète la conviction du Royaume que la guerre contre l’extrémisme ne vise pas les personnes mais les idées destructrices et funestes.

Pour sa part, le ministre de l’Éducation nationale, de la Formation professionnelle, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Saaid Amzazi a mis en avant, dans une allocution lue en son nom, le rôle essentiel de l’école dans le domaine de la prévention contre l’extrémisme violent, à travers un climat éducatif approprié à tous les groupes de jeunes et en les immunisant contre toute récupération extrémiste.

Le ministère a accordé une attention particulière aux activités de la vie scolaire en créant des clubs éducatifs scolaires dans divers domaines liés à la citoyenneté, aux droits de l’homme, à la santé, à l’environnement et au développement durable, a fait savoir M. Amzazi, notant qu’une stratégie nationale a été élaborée pour lutter contre le fléau de la violence en milieu scolaire, grâce à des mécanismes de création et de généralisation des cellules d’écoute et de médiation dans les établissements scolaires, de création d’observatoires régionaux de lutte contre la violence en milieu scolaire ainsi que la mise en place d’une plate-forme électronique « observatoire » pour suivre l’évolution du nombre de cas de violence en milieu scolaire.

Il a notamment fait remarquer que le ministère avait signé un accord de partenariat avec la Rabita Mohammadia des oulémas et le programme des Nations unies pour le développement (PNUD) en mars 2018 concernant la mise en place du projet  »Appui à la promotion de la tolérance, du civisme, de la citoyenneté en milieu scolaire et à la prévention des comportements à risques ».

De son côté, l’ambassadrice de France au Maroc, Hélène Le Gal, a évoqué l’expérience de la France qui a adopté une stratégie préventive contre la radicalisation en créant un comité interministériel ad hoc (comité interministériel contre la délinquance et la radicalisation) regroupant une vingtaine de ministères, et le plan « prévenir pour protéger » qui vise à articuler les démarches éducatives, sociales et sécuritaires en encourageant un contre-discours en amont.

Le Président émérite de l’Assemblée parlementaire de la Méditerranée, Lhou Lmarbouh, a relevé, de sa part, la nécessité de renforcer les mesures préventives et éducatives contre la radicalisation, en particulier chez les jeunes les plus vulnérables à l’extrémisme, soulignant le rôle important de cette catégorie d’âge dans la lutte contre l’extrémisme et la diffusion des valeurs de tolérance et de coexistence.

Il a également mis en lumière le rôle du système éducatif d’imprégner aux générations des valeurs de tolérance, de dialogue et d’ouverture, ainsi que la nécessité d’un dialogue multiculturel et multireligieux pour servir la paix et lutter contre l’extrémisme violent.

La représentante du bureau de l’UNESCO à Rabat, Rim Baji a, quant à elle, mis en lumière le rôle de l’organisation onusienne dans la promotion de la paix au sein des populations et notamment les plus jeunes puisque l’axe de la jeunesse est l’une des préoccupations centrales de l’UNESCO, notant que la prévention de l’extrémisme violent et la culture de la paix est dans l’ADN de l’UNESCO qui a été créée pour faciliter la libre circulation et créer la paix dans le cœur et dans l’esprit des hommes et des femmes.

De nombreuses recherches montrent que le processus de radicalisation menant à la violence constitue un cheminement complexe marqué par une multitude de facteurs tant individuels que collectifs, sociaux que psychologiques, a déclaré de son côté le président de l’université Mohammed V, Mohammed Rhachi tout en exposant le rôle de l’université au service de la société.

Le président de l’université Euromed de Fès (UEMF), Mostapha Bousmina lui a mis l’accent sur la nécessité d’identifier la racine du mal qui n’est pas simplement dans le discours religieux, mais qui est multidimensionnel, évoquant à cet égard la position de feu SM Mohammed V en faveur de l’acceptation de la diversité religieuse et la cohabitation des religions.

Ce séminaire marque le lancement de la Chaire Unesco dans la région euro-méditerranéenne et constitue l’occasion de réunir les experts scientifiques d’Europe, d’Afrique et de la Méditerranée, ainsi que les décideurs politiques des villes et des pays concernés, les professionnels et les acteurs économiques, en vue d’enrichir la réflexion, améliorer les pratiques concernant le rôle des femmes et des jeunes en matière de prévention de l’extrémisme violent, échanger les recherches et renforcer le développement d’un réseau euro-méditerranéen.

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