Pénuries des produits de première nécessité en Algérie : Une dure réalité occultée

Pays pétrolier et gazier, l’Algérie vit aujourd’hui un véritable paradoxe. : Il se trouve curieusement confronté à une crise inédite, une pénurie des produits alimentaires essentiels, une augmentation des prix incontrôlable, une érosion du pouvoir d’achat et une incapacité manifeste des pouvoirs publics à solutionner une situation sans précédent.

D’après les économistes, il s’agit d’une situation qui cache les difficultés économiques et financières que vit ce pays et dont le corollaire a été une forte dépréciation du Dinar, les restrictions imposées aux importations et la grande colère qui gagne une population exaspérée.

Ces derniers temps, les pénuries ont pris une grave tournure. En témoignent la surchauffe et la disparition des produits alimentaires essentiels, à l’instar des pommes de terre, de l’oignon, du lait ou de l’huile végétale.

Pire, le poulet, jadis à la portée des ménages à faible ou moyen revenus, est devenu une denrée rare. Ce qui rajoute à la colère des Algériens, ce sont parfois les interminables files d’attente pour obtenir un sachet de lait ou un bidon d’huile subventionnée.

Ces pénuries récurrentes et persistantes, qui ont beaucoup étonné, restent, pour la plupart, en travers de la gorge.

Jadis, une telle situation survient seulement au cours du mois sacré de Ramadhan, mais cette fois-ci à la faveur des mesures hâtives décidées par les pouvoirs publics de rationaliser les importations, ce qui devrait être exceptionnel, la crise s’installe dans la durée et devient la règle.

Du jamais vu. Les Algériens sont touchés dans leur alimentation quotidienne et ne trouvent pas de réponses satisfaisantes et convaincantes ou tout du moins de remettre de l’ordre pour leur assurer un approvisionnement régulier et à des prix raisonnables.

En lieu et place d’affronter une réalité complexe, les autorités préfèrent esquiver pour se disculper de leurs responsabilités.

Ils attribuent le dysfonctionnement de l’approvisionnement du marché aux spéculateurs, aux rumeurs colportées par les médias et à la frénésie des achats.

Une fuite en avant qui cache mal une incapacité à mettre le doigt sur le mal, sur les raisons profondes qui sont à l’origine d’une situation source de colère et d’inquiétude généralisées.

On daigne oublier que ce pays de 43 millions d’habitants est dépendant à 70% de l’étranger pour subvenir aux besoins alimentaires de sa population.

Résultat : Le débat public se focalise non sur des questions de fond, stratégiques, comme la sécurité alimentaire notamment, mais sur des sujets décrivant les souffrances des Algériens qui supportent de plus en plus mal les pénuries incessantes, l’envolée des prix, la spéculation et l’inertie des autorités publiques qui se contentent comme toujours de bercer les Algériens de fausses illusions en invoquant des faux alibis.

Les dirigeants algériens voient derrière tout problème lié à leur gestion du pays, la « main invisible » ou l' »ennemi étranger ».

Face à la flambée des prix des fruits et légumes, le ministre du Commerce, Kamel Rezig, n’a pas hésité à pointer du doigt « la main invisible », responsable, selon lui, de « crises préfabriquées ».

Selon les observateurs, à force de brandir cette « main invisible de l’étranger » à chaque crise, les citoyens algériens ont compris clairement que les dirigeants cherchent à cacher leurs échecs dans tous les domaines derrière cette fameuse « main ».

D’ailleurs, l’enquête menée en 2019 par « Arab Barometer », une organisation indépendante, partenaire de l’Université de Princeton aux Etats-Unis, fait ressortir que « 40% des Algériens sondés affirment que la situation économique et financière représente le principal défi que leur pays doit relever ».

La principale conclusion tirée montre que « les Algériens ont davantage peur de la dégradation de la situation économique et financière de leur pays et de l’impact de la corruption sur le quotidien que des menaces provenant de l’extérieur ».

Sur le terrain, les Algériens vivent depuis le début de cet automne un véritable calvaire. Le prix de la pomme de terre sur le marché a connu une hausse spectaculaire et a été le catalyseur de la colère des citoyens les plus modestes dans plusieurs villes. Les prix de ce produit, curieusement disparu des étals, se sont envolés.

Le kilo est passé à 150 dinars (près d’un euro) en quelques jours. L’Union générale des artisans et commerçants algériens (UGCAA), attribue la hausse des prix des produits de grande consommation à la sécheresse et la spéculation massive.

Même argument développé par le gouvernement, qui a opté pour des faux fuyants en s’empressant de préparer à la va vite un projet de loi à l’effet de « contrecarrer le fléau dangereux de la spéculation et de préserver le pouvoir d’achat des citoyens ».

En réalité, cette situation inédite cache une réalité tue. Il s’agit des grandes difficultés que le pays traverse depuis 2020 et qu’il cherche à remédier au moyen d’expédients.

L’on estime que sur les dix dernières années, le dinar algérien a perdu 77% de sa valeur vis-à-vis des devises étrangères. D’où l’érosion inquiétante du pouvoir d’achat, le chômage dont le taux avoisine les 14 % et l’inflation (2,4 % en 2020), ainsi que la vulnérabilité des couches sociales les plus fragiles.

Avec MAP

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