« Plaidoyer pour une France décadente » et livrée au chantage algérien

Par Hassan Alaoui

Que l’on me pardonne cet emprunt du titre d’un grand livre de Raymond Aron  écrit en 1977 et portant ce titre prémonitoire. Il nous invite à une réminiscence, celle de la comparative époque qui prédomine et s’impose aujourd’hui. Quand le cher professeur du Collège de France écrivait son livre, l’Europe était paradoxalement et substantiellement en état de construction, Giscard d’Estaing alors président de la République française y jouant un rôle prépondérant.

Raymond Aron auquel je dois beaucoup avait lancé la phrase suivante comme un pavé dans la mare : « Le prophétisme bolchevique continue d’exercer une influence qui résiste à tous les démentis de la raison et de l’expérience » ! Lapidaire sans doute, le propos sonne encore comme un tocsin de nos jours, car la nouvelle Europe, baptisée Union européenne, rassemblant un corps hétéroclite de vingt-sept pays, qui ont  l’union que de nom, aussi divisés que peut l’être un puzzle, désuni dans un schéma de peau de léopard et, tout compte fait, fondamentalement incohérent. Un match de football opposant la France et la Croatie, dans sa rudimentaire image, est sujet à division identitaire…

La tête de file d’un jeu de massacre européen qui ne dit pas son nom mais qui se profile, à coup sûr à l’horizon, est évidemment ce président français, Emmanuel Macron pour ne pas le nommer, que l’on jugera sur ses actes, ses contradictions, ses imperformances, ses partis pris, ses illusions et tout ce jeu dangereux qui nous donne chaque jour la réelle mesure d’une France tournée en dérision, versée dans le cynisme. En 2018, l’opinion française applaudissait à tout rompre à ce quinquennat annonciateur d’une nouvelle vision, incarné par cette Nouvelle marche et des jeunes profils incarnés par des jeunes, députés et ministres, et un président qui a choisi le symbole – notamment cette marche triomphale des Invalides – et la parole inédite. Mais qui, arrogance jupitérienne sur le front, a fini par emberlificoter les uns et les autres, de France et de Navarre…

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Rien n’est moins sûr que cette illusion d’une Union européenne, fabriquée à Maastricht un beau matin par un vote à main levée le 1er novembre 1993 à Maastricht, suivi d’une Déclaration vertueuse et l’adoption d’un acte de foi. L’Union européenne défendait la démocratie, la liberté, le progrès et en politique étrangère le bon voisinage et le partenariat avec les pays voisins, ceux de la Méditerranée notamment dont le Maroc auquel était accordé le fameux Statut avancé…autrement dit l’expression d’une reconnaissance pour ses avancées démocratiques indéniables, son ancrage dans la modernité et, personne ne le soulignera davantage que les Européens eux-mêmes, la défense des droits de l’Homme.

Parce que c’est le sujet à présent, l’Algérie vivait sous le régime d’une dictature sanglante, dans une « décennie noire », marquée par au moins 200.000 morts, assassinés à tout bous de champ par des généraux qui, aussi cruel que cela puisse paraître, ont défié la justice et sont revenus au pouvoir et aux pouvoirs au mépris de la loi et de l’éthique, comme si de rien n’était… Partout dans le monde, des journalistes sont sujets à pression, emprisonnés, embastillés, en Algérie plus encore que dans n’importe quel autre Etat. Les députés  staliniens de l’Union européens, évasés dans leur médiocre turpitude, se laissent griser par l’aveuglant alignement contre le Maroc. Ils font écho à une certaine opinion de certains gouvernements qui, pétrole et gaz obligent, sont désormais placés, indignes et médiocres, sous la pression du gouvernement de l’Algérie qui joue la carte du chantage du pétrole et du gaz. Est-ce un hasard si un homme politique français et non des moindres fait part de son inquiétude et évoque sciemment « l’odeur du gaz algérien » en parlant du vote du parlement européen, entaché et pourri même.

On le renifle, on s’en imprègne même de ce parfum délétère devenu une arme stratégique, faisant fléchir l’Union européenne. Un ancien leader du parti communiste français, une grande figure emblématique de la gauche, Jacques Duclos pour ne pas le nommer dénonçait ceux qui vendaient leur âme, son propos tombant aujourd’hui à point nommé tant cette foire d’empoigne appelé Parlement européen est livré à ce chantage algérien indigne. La tête de file en est la France, en est un président qui a transformé son pouvoir de séduction en machine de répulsion et de confusion.

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