Nommé Premier ministre au Sénégal: Amadou Ba un choix forcé?

Par Bachir Abdallah

Le président sénégalais Macky Sall a réintégré samedi le poste de Premier ministre, nommant Amadou Ba, ancien ministre de l’Economie à ce poste deux mois après des élections législatives tendues au cours desquelles la coalition au pouvoir de Sall a perdu sa confortable majorité. Le choix sur Ba sonne comme une réponse forcée, suite aux interrogations qui courent accusant le président sénégalais de favoriser sa famille pour les postes clé de son gouvernement ou de l’administration.

Amadou Ba, un fiscaliste de 61 ans qui a également été ministre des Affaires étrangères, a été nommé Premier ministre du Sénégal, selon un communiqué de la présidence.

La nomination de Ba rétablit le poste de Premier ministre qui a été supprimé en avril 2019.

«Les grandes priorités que le président a définies comprennent l’amélioration du pouvoir d’achat des ménages, la maîtrise de l’inflation, la sécurité, le logement, la formation professionnelle, l’emploi et l’entrepreneuriat», a déclaré Ba à la télévision nationale après une rencontre avec Macky Sall samedi.

Plus tôt cette semaine, les forces de sécurité sénégalaises ont été appelées à sécuriser un processus de vote au parlement et à retenir les parlementaires de l’opposition tapageuse qui ont tenté de perturber l’élection d’un nouveau président de l’Assemblée nationale. L’assemblée se réunissait pour la première fois depuis les élections de juillet.

Amadou Ba, ancien ministre des Affaires étrangères est resté silencieux depuis son éviction au ministère des Finances, contrairement à l’ancienne Premier ministre, Mme Aminata Touré, qui après avoir battu campagne se voyait promue président de l’Assemblée nationale sénégalaise. Mais c’est sans compter avec le président Sall, qui fin stratège politique ,a porté son choix sur Mame Amadou Diop, un proche de la famille de la première dame, au poste de président de l’Assemblée.

Lire aussi:Sénégal: la coalition au pouvoir perd la majorité parlementaire

Très remontée contre le choix du président Sall, qu’elle qualifie de choix « familial », Mme Touré multiplie les sorties contre le président Sall avec en bandoulière la probable candidature de Sall pour un troisième mandat, dont elle est foncièrement contre. D’ailleurs à la reprise des travaux à l’assemblée, elle promet de déposer un projet de loi pour annihiler définitivement toute velléité de candidature pour son ex chef.

Les attaques de Mme Aminata Touré auraient en précipité la sortie de Sall, qui vendredi soir, a fait un discours à la nation pour annoncer la nomination d’un premier ministre ce samedi.

Compte tenu de la tension très volatile au sein de la coalition présidentielle, dénommée Benno Bokk yakaar, Macky Sall a voulu tuer dans l’œuf un possible révolte dans son parti, l’Alliance pour la République (APR). La raison, depuis les débâcles lors des locales et des législatives, les choix du président Sall, notamment en faveur des « transhumants » ont dégoûté les militants de premières heures, qui se sont vus doubler par les derniers venus pour les postes.

Compte tenu de tous ces facteurs explosifs au sein de l’appareil politique, le président Sall aurait porté son choix sur un militant des premières heures.

Sall est arrivé au pouvoir en 2012 après avoir renversé le président de longue date, Abdoulaye Wade. Il a été réélu en 2019 sur des promesses d’expansion des infrastructures à grande échelle alors que le pays devrait commencer à produire du pétrole et du gaz naturel l’année prochaine.

Les tensions politiques ont débordé sur le refus de Sall d’exclure publiquement une candidature à un troisième mandat présidentiel en 2024.

De violentes manifestations ont éclaté au Sénégal l’année dernière lorsque Ousmane Sonko, le principal opposant de Sall, arrivé troisième à l’élection présidentielle de 2019, a été arrêté pour viol, ce qu’il a nié.

Sonko a été libéré, mais de nombreux manifestants ont vu dans son arrestation une tentative de Sall d’éliminer un rival de premier plan et de se frayer un chemin pour un troisième mandat.

Qui est Amadou Ba ?

Après un baccalauréat technique de gestion en 1980, il décroche une maîtrise en Sciences économiques, option Gestion des Entreprises et un Brevet de l’ENAM en 1988, section Impôts et Domaines. Il est inspecteur stagiaire à Diourbel en 1989, puis inspecteur Chef du premier secteur de Taxe sur la valeur ajoutée à la Direction générale des impôts et domaines (DGID) à Dakar. En 1991, il se perfectionne par deux stages, à l’Institut international d’administration publique de Paris et à Baltimore.

Chef d’inspection à Dakar Plateau de 1990 à 1992, il est ensuite délégué dans les fonctions de Commissaire Contrôleur des Assurances à la Direction des Assurances jusqu’en 1994, puis Inspecteur Vérificateur à la Direction des vérifications et Enquêtes Fiscales.

Après un stage de formation durant l’été 2001 à l’Ecole Nationale des Impôts de Clermont-Ferrand, il prend en 2002 la tête du Centre des Grandes Entreprises de la Direction des Impôts, puis devient directeur des Impôts en 2004 pour un an. En novembre 2006, il est nommé Directeur Général des Impôts et des Domaines. Sous sa direction est mis en œuvre un nouveau Code général des impôts, entré en vigueur en janvier 2013.

Il est parallèlement chargé d’enseignements à l’École nationale d’administration et de magistrature (ENAM), section Impôts et Domaines depuis 1992, et au COFEB/BCEAO de 1995 à 20002.

Lors de la formation du gouvernement Touré, le 2 septembre 2013, il est nommé ministre de l’Économie et des Finances, en remplacement d’Amadou Kane.

Entre 2019 et 2020, il est ministre des Affaires étrangères, sous la présidence de Macky Sall.

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