Quand l’outrecuidant Boumediene repoussa l’offre de Hassan II lui ouvrant un couloir sur l’Atlantique

Par Hassan Alaoui

Le rêve brisé des dirigeants algériens depuis Houari Boumediene est d’accéder à l’Océan atlantique, de desserrer cet étau cruel qui la coince comme dans un enclos avec une marge maritime réduite. Autrefois, dans les temps lointains ou proches mêmes, des empereurs s’exerçaient à des guerres, livraient bataille pour conquérir des rives et accéder à la mer. Boumediene a maudit le Maroc parce qu’il bénéficie de deux façades maritimes, l’une plus importante que l’autre, l’une ouverte sur l’Europe dont nous séparent seulement quelque treize kilomètres, l’autre sur le vaste continent des Amériques, et plus particulièrement les Etats-Unis. Il nous rappelle ce tropisme hitlérien sur « l’espace vital de la grande Allemagne » qui a avalé les territoires des Sudètes, la Tchécoslovaquie, la Pologne, l’Autriche, la Belgique et une partie de la France …C’est peu dire que l’expansionnisme algérien se nourrit d’une telle fantasmagorie.

Or, la double vocation maritime confère au Royaume du Maroc un certain poids, stratégique mais aussi économique que le gouvernement algérien ne se résout jamais à tolérer. Quand on voit ce que la presse algérienne- tous secteurs, genres et tendances confondus –  publie chaque jour sur le Maroc, son Roi et ses institutions, on tombe à la renverse. Je ne suis nullement obsédé par l’Algérie, bien au contraire. Et encore moins porté à jouer au funambule de tout ce qui provient ou se produit dans ce pays et qui touche son peuple cher à nos cœurs. Mais voilà ! Si la géographie et même l’histoire nous condamnent à une cohabitation, voilà que l’actualité brise nos rêves. Est-ce à dire que lorsque nos deux pays étaient sous domination coloniale, nos peuples étaient plus que solidaires et unis, et qu’en revanche une fois libérés ils se sont transformés, malgré eux, en irréductibles adversaires ?

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Le président Houari Boumediene , qui a vécu à Oujda, a reçu l’hospitalité et un soutien précieux du Maroc au moment où les combattants algériens étaient en guerre contre la France. Contre toute attente il a crée le problème du Sahara. Il avait donc enterré à la fois le soutien du peuple marocain et les promesses tenues à divers moments après la libération de son pays. Houari Boumediene , de son vrai nom Mohamed Boukharrouba , non seulement a renié ses engagements vis-à-vis du Roi Hassan II, mais s’était lancé dans une campagne sournoise et plus tard hargneuse contre la Maroc.

Après un peu moins de cinquante ans d’une guerre sans nom, livrée contre le Maroc, marquée au sceau d’un échec patent, la vérité transcendantale impose désormais ses lois. Au faîte de sa puissance Boumediene a crée dès 1969 le mythe de l’Algérie forte et de puissance continentale. Subrepticement il a « désigné » le Maroc  comme l’ennemi à combattre. Ce terme sera inscrit d’ailleurs dans la rhétorique politique des dirigeants algériens comme une lancinante antienne, motivant une hargne paroxystique. «  On va créer aux Mrarca une épine dans le pied avec l’invention du Sahara occidental… » affirmait-il sans vergogne le président algérien qui ne croyait pas si bien dire.

En écho à l’arrogance du président Boumediene, répondait la naïveté de son ministre de l’industrie de l’époque Belaïd Abdeslam qui aimait à dire non sans gêne que « le Maroc, avec ses tomates et son agriculture constituait le jardin de l’Algérie industriante ». C’était sans compter sur la fierté ombrageuse d’un Roi appelé Hassan II, encore moins sur sa lumineuse intelligence. Le Maroc, réduit au rôle d’un jardin de l’Algérie ? Un Etat plus que millénaire sous la coupe d’une piètre petite dictature qui n’avait pas encore huit ans d’existence et qui fantasmait déjà dans l’expansionnisme de pacotille ? Voilà qui nous en disait long sur cette « Qawa darriba » devenu un bréviaire inamovible dans la bouche des responsables algériens et de leurs stipendiés. Peut-être devrait-on rappeler que , outre la destruction du Maroc et de ses institutions, le machiavélique plan de Boumediene, devenu une obsession, est d’accéder à l’océan atlantique, ensuite d’encercler par le sud notre pays et de le couper de ses racines africaines.

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Le Roi Hassan II ne l’entendait pas de cette oreille, mais faisant contre mauvaise fortune bon cœur, il avait raisonnablement proposé à Boumediene d’ouvrir un couloir d’accès à l’Atlantique facilitant le transport du fer et du même du gaz, en provenance de Gara Djebilet, non loin des frontières du sud est marocain. A l’époque, en effet, le gouvernement algérien s’était engagé, par un colossal accord signé en juillet 1969 par la compagnie algérienne Sonatrach  et le groupe américain El Paso , à fournir à celui-ci pas moins de 10 Milliards de mètres cubes de gaz sur une période de 25 ans…Bien évidemment si Boumediene avait accepté le deal du Roi Hassan II, le gaz algérien eût été livré sur la côte-est des Etats Unis, moyennant le chemin du Sahara marocain, faute de quoi en revanche il eût été extrêmement difficile, très cher et impossible de le faire transiter par la Méditerranée, opération qui, comme nous l’avait confié un diplomate en son temps, « lui couterait un bras… »

L’arrogance de Boumediene a fait tomber dans les oubliettes ce projet, mais l’amertume est demeurée . Elle nous rappelle cette réalité triste qu’Alger, motivée par le gain, se moque à la limite du prétendu « peuple sahraoui », de ses « revendications » dont elle n’en a cure…Un tel tropisme demeure toutefois le seul critère de la Realpolitik algérienne. Et seuls les novices et cuistres refusent d’y croire, se chargeant de faire le faux procès du Maroc.

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