Relance économique : Les entreprises entre prudence et urgence

Par Mouhamet NDIONGUE

La quasi-totalité des entreprises marocaines ont été contrainte d’arrêter leurs activités en 2020, en pleine pandémie du coronavirus, ce qui a conduit à une baisse drastique de la croissance et de leur chiffre d’affaires. En 2022 année de relance économique est dans toutes les stratégies des entreprises. Mais face à des incertitudes et des prudences, la relance économique risque d’être un peu perturbée.

Au tournant de l’année 2020/21, 8,1% était dans une impasse temporaire, selon une étude du Haut-Commissariat au Plan (HCP) sur le développement économique au second semestre 2021. En 2022, ce sont les incertitudes désormais qui qui tiennent le haut du pavé.

Dans la même période, environ 2,2 % des entreprises ont dû fermer définitivement. Un autre 6% s’était rétabli entre-temps, mais avait ensuite cessé ses activités jusqu’à nouvel ordre.

Au cours de l’année 2020, la situation est lentement revenue à la normale. En avril 2020, 54,3 % des entreprises avaient cessé leurs activités parmi elles, les très petites et/ou jeunes entreprises ont été particulièrement touchées par les fermetures définitives d’usines. Dans le secteur immobilier ainsi que dans l’industrie du textile et du cuir, de nombreuses entreprises ont dû fermer leurs portes.

Aujourd’hui, les entreprises des secteurs de l’hôtellerie-restauration et de l’immobilier éprouvent les plus grandes difficultés à reprendre leurs activités. Environ un tiers des entreprises de restauration sont temporairement en faillite.

Les baisses de ventes ont des conséquences à long terme

Les effets de la pandémie corona sont également importants pour les activités de commerce extérieur des entreprises. Parmi les entreprises actives dans le secteur de l’exportation, 81,3% ont déclaré avoir enregistré une baisse de leurs activités à l’étranger par rapport à l’année précédente. Environ 80 % des entreprises ont également enregistré une réduction de leurs activités d’importation.

En ce qui concerne l’avenir, un pessimisme prudent prévaut : environ 40 % des entreprises ne s’attendent pas à retrouver le niveau d’avant la crise au cours de l’année civile 2022.

Des investissements remis à plus tard

La baisse des ventes a un impact négatif sur le climat d’investissement. Environ 80 % des entreprises interrogées ont initialement avait rejeté leurs plans de modernisation ou d’expansion pour 2021. Pour les grandes entreprises, cependant, la situation est plus positive. Un peu plus de 10% d’entre eux s’attendent à une augmentation de leurs activités d’investissement, selon le HCP. Ce dernier concerne principalement les entreprises du secteur de l’énergie, ainsi que de l’industrie agricole et alimentaire et de l’industrie chimique. En revanche, les choses se présentent très mal dans l’industrie textile, l’industrie électrique et électronique, l’hôtellerie-restauration et dans le secteur immobilier.

Selon les rapports, seules quelques entreprises ont bénéficié du programme de soutien Covid-19 du gouvernement. Cela impliquait, par exemple, le report d’échéances de crédits ou d’impôts. Certaines des entreprises en faillite – en particulier la majorité des petites entreprises – n’avaient pas accès aux aides d’État.

L’enquête montre que la principale mesure d’ajustement interne utilisée était la réduction du temps de travail, avant que la seconde option ne soit d’ajuster le nombre de salariés. Surtout les grandes entreprises ont introduit le télétravail. C’est le cas d’environ la moitié des entreprises interrogées. La proportion était significativement plus faible pour les moyennes et petites entreprises.

Faillite : Le risque plane toujours

L’évolution des défaillances au Maroc est actuellement difficile à évaluer. Selon une étude d’Inforisk , un total de 6 612 entreprises locales (dont 6 540 très petites et 72 petites et moyennes) ont été déclarées en faillite en 2020. Ce nombre est étonnant : après tout, un nombre supérieur de près de 22 % d’entreprises a connu ce sort l’année précédente.

Inforisk énumère deux raisons expliquant le résultat initialement contradictoire selon lequel moins d’entreprises ont dû fermer l’année de la récession historique que l’année de croissance précédente.

D’une part, cela est dû aux activités des tribunaux de commerce. Celles-ci ont en grande partie cessé leurs activités entre mars et septembre 2020. En revanche, les mesures d’aide de l’État et d’autres organismes comme la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) sous forme de prêts ou de report de paiements bancaires, fiscaux et sociaux sont tenues pour responsables.

L’étude montre également que même si le nombre de faillites est resté faible, le chômage partiel a augmenté et les licenciements ont également augmenté. L’étude arrive à la conclusion qu’une partie de la mort de l’entreprise n’a été que reportée. 2022 va être une année difficile, en particulier pour les petites et moyennes entreprises. D’autant que, comme le montre l’étude du HCP, la moitié des entreprises marocaines n’ont pas de réserves financières.

La Confédération marocaine des petites et moyennes entreprises (Confédération marocaine de TPE-PME) émet des doutes généraux sur les chiffres des faillites publiés par Inforisk. Selon l’association professionnelle, la crise a fait beaucoup plus de dégâts aux entreprises. Il estime que 20 000 faillites ont eu lieu l’année dernière. De nombreux processus se déroulent de manière non officielle, en particulier dans les petites entreprises, selon l’explication.

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