Sahara : des partis pris et de la mauvaise foi caractérisée de l’AFP

Par Hassan Alaoui

On tombe donc à la renverse ! Quelque temps à peine après la déclaration faite vendredi sur le Sahara par Antonio Guterres, le « stringuer » de l’Agence France Presse à l’ONU s’est précipité pour envoyer son « câble », avec une impatience résolue. « Le secrétaire général de l’ONU, écrit-il, Antonio Guterres a réclamé vendredi un « intérêt plus fort des deux côtés », le Maroc et le Front polisario indépendantiste, « pour résoudre le problème » du Sahara occidental et « pas seulement de maintenir un processus sans fin ». Cette dépêche controversée soulève bien entendu l’ire du Maroc, à la fois par son caractère tendancieux et le traitement que l’AFP lui a réservé.

Cela dit, rien n’est moins fiable que le traitement imprimé de manière générale à l’information consacrée au Sahara marocain par l’AFP et, dans son pathétique sillage, par France 24 qui se fait son relais. Toutes deux appartenant au secteur public français, donc quasiment des organes officiels, elles ruent dans les brancards , quitte à tronquer ce qui arrange leur positionnement, tant il est vrai que leur culture – francophile , tiers-mondiste je dirais – , notamment républicaniste constitue encore le socle essentiel de leur exercice. Le « stringuer » de New York qui a balancé l’information n’a pas agi innocemment, ni objectivement , tant s’en faut. En rédigeant sa dépêche il a usé sans nuance du subterfuge des guillemets et , surtout, il a déformé la réalité.

Pourquoi ? Parce que basé au cœur des Nations unies, il sait pertinemment la position officielle de l’ONU et notamment du Conseil de sécurité qui a voté le 29 octobre dernier à la quasi unanimité de ses 15 membres, exceptées la Russie et la Tunisie qui se sont abstenues, la Résolution pertinente 2602. Laquelle Résolution n’a laissé planer aucun, mais aucun en effet quant au paragraphe clair et net de la responsabilité de l’Algérie dans la création factice et la poursuite du conflit au Sahara. Le correspondant de l’AFP semble pourtant avoir suivi le processus de règlement que l’ONU met en œuvre depuis le cessez-le-feu instauré en octobre 1991 et violé par le polisario et l’Algérie le 13 novembre 2020. En d’autres termes, nul n’est mieux censé connaître l’évolution ainsi que les tenants et aboutissants de cette affaire que le correspondant de l’Agence France Presse.

→Lire aussi : Sahara : Quand l’AFP vogue à contre-courant de l’ONU

Par conséquent, il sait que la Résolution en question n’a pas seulement mis en exergue cette disposition selon laquelle l’Algérie est partie prenante, je veux dire responsable, concernée et impliquée, mais conviée officiellement à prendre part au processus de règlement de l’ONU et, ce faisant, à l’exigence de cette dernière de participer activement et de bonne foi aux tables rondes réunissant le Maroc, l’Algérie, la Mauritanie et le polisario. Le contenu de la Résolution 2602 est sans aucun détour, il est d’autant plus clair que la communauté internationale, les Etats qui composent l’ONU et les membres du Conseil de sécurité lui ont apporté d’emblée leur soutien explicite.

Les résolutions du Conseil de sécurité sont en principe inviolables. Pourtant l’Algérie en fait à son aise avec celle portant le titre 2602, et il est impensable qu’elle soit piétinée aussi impunément. Un tel comportement est d’autant plus inadmissible que la communauté internationale ne saurait le cautionner. Quant au correspondant de l’AFP, il sait pertinemment que sa troublante dépêche de vendredi, rapportant en la déformant la déclaration de Guterres, relève ni plus ni moins d’une rédhibitoire volonté de désinformation voire d’intoxication. En outre, sauf à se renier, M. Guterres lui-même ne peut pas à ce point se déjuger, ni s’écarter de la teneur du processus que lui-même dirige, à savoir l’esprit des Nations unies dans cette affaire du Sahara marocain et de l’expansionnisme désormais avoué du régime militaire algérien.

L’AFP a pêché non seulement dans l’eau trouble, mais dans le déni professionnel, se laissant glisser dans le macabre jeu d’un correspondant qui obéit à un troublant agenda et tente de nous fourvoyer dans un grave manquement éthique. Le Maroc qui, dans cette affaire et depuis toujours, s’est prêté sans se lasser, aux exigences de l’ONU, ne peut pas accepter de tels agissements qui mettent en péril sa bonne foi, celle de M. Guterres et les acquis obtenus dans le processus de règlement. Non, et encore non, l’issue de ce conflit sur lequel pèse lourdement la mauvaise foi des militaires algériens reste la solution politique , proposée et défendue par le Maroc depuis avril 2007, à travers le Plan d’autonomie qui consacre sa crédibilité, sa sincérité, son sérieux, et son sens du compromis. Faute d’une autre proposition sérieuse, elle reste le socle auquel la communauté apporte son ferme soutien. L’AFP et la chaîne France 24 peuvent la combattre si ça leur chante, elle reste la seule issue possible et, puisque M. Guterres l’exige, l’unique processus…

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