Tension à Jénine : Netanyahu hypothèque-t-il les acquis des accords d’Abraham ?

Les accords d’Abraham, conclus en 2020 pour promouvoir la paix arabo-israélienne, sont-ils menacés ? La question se pose avec acuité auprès de certains experts en relations internationales. En témoigne cette semaine, une nouvelle vague de réprobations des États arabes à la suite du meurtre par Israël d’au moins 10 Palestiniens à Jénine.

Face à l’escalade de la violence, le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, est sous la pression des membres de son gouvernement et de sa base de droite pour adopter des mesures plus sévères contre les Palestiniens. S’il veut réaliser son objectif tant recherché de normalisation avec les pays arabes, dont l’Arabie saoudite, il devra trouver un moyen de mettre un terme à l’effusion de sang et de contenir ses ministres d’extrême droite qui, trop souvent, ne font qu’exacerber les tensions.

Avec l’expansion des colonies et les provocations récurrentes des lieux saints musulmans en Cisjordanie, le cabinet de Netanyahu a suscité les condamnations des partenaires arabes, mettant les accords d’Abraham sur une voie périlleuse qui pourrait compromettre tous les acquis. Cette nouvelle vague de violence est le point d’orgue des tensions qui ne cessent de croître entre Israéliens et Palestiniens depuis l’entrée en fonction du gouvernement de Netanyahu début janvier.

Le 3 janvier, le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, a effectué une visite provocatrice sur le mont du Temple de Jérusalem, également connu sous le nom de mosquée Al-Aqsa, le lieu le plus sacré pour les juifs et le troisième lieu saint pour les musulmans, où un statu quo fragile permet uniquement aux musulmans de prier, Israël assurant la sécurité du site et la Jordanie gérant ses édifices religieux.

L’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, deux pays engagés dans des négociations de normalisation et de paix avec Israël, avaient qualifié la visite d’« agression » contre le lieu saint. Le Maroc, qui a renoué ses relations avec Israël en 2020, n’a pas encore transformé son bureau de liaison en Israël en ambassade dans un contexte marqué par une escalade des assassinats israéliens de Palestiniens et par une remise en cause des perspectives de la solution à deux États en raison de la politique de colonisation.

Le Maroc a également annoncé que le sommet du Néguev serait reporté après l’été. Le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita a fait part de cette décision à la fin du mois dernier après avoir dénoncé les actions d’Israël dans les territoires palestiniens. « Le Royaume considère le Forum du Néguev comme un cadre ultime et pertinent de coopération et de dialogue régional, qui peut apporter des réponses positives à un certain nombre de défis », avait déclaré Bourita, confirmant ainsi que le sommet du Néguev avait été reporté en raison d’une « conjoncture défavorable ».

Netanyahu avait fait pression pour effectuer sa première visite aux Émirats arabes unis dès la semaine prochaine, mais les Émiratis ont différé sa visite, selon le Times of Israël. Netanyahu a aussi été blâmé pour son opération à Jénine par des pays comme l’Arabie saoudite, qu’il espère ajouter à la liste des pays signataires des accords d’Abraham.

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