Une organisation algérienne dénonce une régression des Droits de l’Homme dans le pays en 2020

La Ligue Algérienne de Défense des Droits de l’Homme (LADDH) a dénoncé une régression des droits de l’Homme dans le pays en évoquant une « violation continue » des droits des citoyens et un « recours abusif » à la détention préventive.

« Le pouvoir a profité de la crise, des mesures de confinement et des restrictions en raison de la pandémie de Covid-19 pour procéder à des arrestations ciblées des activistes pensant ainsi briser le Hirak », dénonce la LADDH dans son rapport annuel rendu public à l’occasion de la déclaration universelle des droits de l’Homme.

Elle explique que « cette gestion n’a fait qu’exacerber la méfiance faisant croire même à certains que la Covid-19 est une invention du pouvoir pour casser le Hirak ».

« Si le régime continue de ne pas respecter les droits de l’Homme, il aura ainsi fait le choix du chaos qu’il assumera devant l’histoire », met-elle en garde, relevant que le pouvoir algérien « est entre deux choix : sauver le système ou sauver le pays ».

Elle fait remarquer qu’après un « Hirak pacifique et exemplaire de plus de 20 mois, qui a mis les droits humains au centre du combat pour la dignité et la liberté, la situation a régressé ».

Tout en dressant un constat pour le moins difficile de la situation des droits de l’Homme en Algérie, l’organisation rappelle qu’au début de l’année 2020, au moins 180 manifestants, militants ou journalistes ont été placés en détention provisoire, essentiellement pour « avoir brandi les emblèmes berbères, pour des écrits sur les réseaux sociaux ou pour avoir participé aux marches du Hirak ». Beaucoup ont été condamnés à de lourdes peines d’emprisonnement et à des amendes aux montants exorbitants », regrette-t-elle, précisant que les ex-détenus revendiquent leur réhabilitation, alors qu’il reste actuellement encore dans les geôles 95 prisonniers d’opinion.

Elle note également que plusieurs journalistes ont été poursuivis et emprisonnés alors que le délit de presse a été abrogé par la loi fondamentale de 2016.

Dans ce document, la Ligue considère par ailleurs que la pandémie de coronavirus a eu un impact « violent » sur l’économie et le quotidien des Algériens.

« Si au double plan social et économique, la situation de l’Algérie n’est pas enviable, la situation des femmes n’est pas plus reluisante », estime l’organisation.

Selon la même source, « ces deux dernières années, les violences faites aux femmes se sont multipliées dangereusement, surtout dans le contexte du confinement lié à la Covid-19, avec, notamment, une augmentation des cas de féminicide ».

Tout en faisant état d’une augmentation sensible des violences faites aux femmes, elle relève que les causes de cette violence sont directement liées au statut de la femme et à sa condition politico-juridique.

« Tant que le code de la famille continuera de régir le fonctionnement de la famille en consacrant la discrimination, l’inégalité entre l’homme et la femme, la suprématie et la domination masculine -en totale contradiction avec les textes de la Constitution – (..) les femmes continueront de subir la violence sous toutes ses formes », estime la LAADH.

Face à cette situation critique et au constat de régression établi qui ne manquent pas de susciter des critiques à travers le monde, l’ONG préconise l’organisation d’un débat national sur les droits de l’Homme.

A travers cette démarche, l’organisation de défense des droits humains souhaite « mettre les autorités devant leurs responsabilités face à la multiplication des arrestations d’acteurs politiques du Hirak, de blogueurs, de journalistes ou même de personnes, qui commentent l’actualité nationale sur les réseaux sociaux, la fermeture de sites d’informations (TSA, Maghreb Emergent, Radio M., etc.), de blogs, ainsi que l’interdiction de toutes activités, politiques et associatives, depuis le mois de décembre 2019 ».

Selon elle, en imposant sa feuille de route, notamment à travers la tenue d’un référendum sur la nouvelle Constitution, largement boycotté, « le régime espère que les militants des droits humains, les acteurs sociaux et politiques et globalement la majorité des Algériens seront gagnés par la lassitude, le pessimisme et l’usure ».

« Toutes les options futures, qui ne sont pas à l’écoute des aspirations réelles du peuple algérien pour le changement authentique, qui ne prennent pas en compte les expériences antérieures, notamment celles qui ont déjà échoué et qui ne comptent pas avec le Hirak, comme interlocuteur et partie prenante de la solution, seront, encore une fois, vouées à l’échec », estime-t-elle,

Abordant la programmation d’une cascade de procès d’anciens hauts responsables, la LADDH relève que les audiences ont révélé l’ampleur de la corruption, sans convaincre l’opinion publique.

« Au cours de ces procès, sur lesquels planait l’ombre de Bouteflika, des accusés ont regretté l’absence du président déchu -impotent et reclus- et de son frère Saïd, l’ex-influent conseiller, détenu pour complot contre l’autorité de l’armée et de l’Etat », observe-t-on dans ce rapport.

( Avec MAP )

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