A Fnideq, des nageurs du combat écologique sur le front sous-marin

Ils se jettent dans l’eau la tête la première et remontent la tête haute. Dans les profondeurs les plus obscures de l’océan, ils partent à la recherche de leurs « trésors » à eux: Les ordures.

Plus ils en collectent, plus ils sont fiers et satisfaits. Il s’agit des « plongeurs-écolos » de Fnideq. Des soldats, sur le « front sous-marin« , de la cause environnementale. Ils n’étaient au départ que de jeunes pêcheurs amateurs pour basculer depuis 2011, date de création de leur association, vers la « pêche des ordures« .

Et ils ont accompli jusqu’ici ce dont ils peuvent être fiers. Ils sont 60 à 80 adhérents à « l’association de plongée sous marine et de protection de l’environnement de Fnideq« , mais lors des opérations de nettoyage et grâce à la mobilisation des citoyens, leur nombre varie entre 150 et 200 personnes. Pneus, bouteilles en plastique, filets de pêche, tissu, fer, zinc… Ils sont preneurs de tout ce qui croise leur quête.

Bilan: Au titre de l’année 2017, les adhérents de l’association ont organisé pas moins de 15 opérations de nettoyage pour extraire près de 19,5 tonnes de déchets marins.

« Lors de nos plongées pour pêcher des poissons et des mollusques, nous nous sommes rendus compte de la quantité des ordures amoncelées. C’est ainsi que nous est venue l’idée de fonder l’association pour dresser une carte des points noirs où déferlent les déchets, puis extraire ces derniers« , déclare à la MAP le jeune Younes Baghdadi, membre de l’association.

Après les opérations de nettoyage, qui durent souvent entre 1 et 2 heures, le « butin dangereux » pour les eaux et la faune marine est trié scrupuleusement et transmis aux délégataires des services de collectes des déchets ménagers de la ville de Fnideq.

Mais, il n’y a pas que les ordures! Ces militants ne tournent jamais le dos aux appels de mère Nature. En collaboration avec l’Institut national de recherche halieutique (INRH), ils sauvent la vie aux dauphins, aux tortures et aux gros poissons échoués sur la plage ou parfois coincés dans les filets abandonnés dans les profondeurs de la Méditerranée. En 2017, ces « héros de l’Environnement » ont plongé pour le secours de 25 dauphins.

Outre l’échouage des cétacés et autres mammifères marins, « nous sommes les premiers à avertir les autorités ou l’Institut de la prolifération ou de la disparition, par exemple, des méduses pélagiques ou encore de La Galère portugaise« , souligne le jeune Baghdadi.

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Et ce n’est pas tout. Érigeant l’éducation à l’environnement en cheval de bataille, les membres de l’association partent régulièrement en visite à des établissements scolaires munis de « boîtes à déchets » ou de filets desquels ils ont libéré des dauphins, à titre d’exemple.

« Nous avons pu sensibiliser plus de 1.000 élèves à l’importance de l’environnement et aux risques que peuvent encourir les animaux marins en jetant des déchets« , précise notre interlocuteur.

Les marins n’échappent pas, eux-aussi, aux campagnes de sensibilisation de l’Association. « De surcroît, l’Association a appelé le secrétariat d’État chargé du Développement durable à munir les chalutiers de poubelles pour plus de propreté dans la mer et les plages« , a indiqué le jeune Baghdadi.

Mieux encore, l’Association a mis des aquariums dans chaque établissement écologique en collaboration avec la Fondation Mohammed VI pour la Protection de l’Environnement.

Tant d’actions fructueuses qui ont valu à « l’Association de plongée sous-marine et de protection de l’environnement de Fnideq » l’un des Trophées Lalla Hasnaa du Littoral Durable, outre une reconnaissance à l’échelle nationale et internationale.

« En effet, nos services en matière de nettoyage des fonds marins sont sollicités à Al Hoceima, Dakhla et Casablanca et une association allemande nous a contacté récemment pour avoir les déchets collectés dans le but de les recycler« , a poursuivi Youness Baghdadi.

Motivés, ambitieux et soucieux de la propreté de leur environnement, les membres de l’Association disent vouloir continuer sur la même lancée.

Au-delà de la ville de Fnideq, ils ambitionnent d’étendre leurs activités à toute la région du Nord pour avoir plus d’impact et plus de rayonnement et pour inciter les citoyens à agir de la meilleure manière envers l’environnement. Et là où ils interviendront, ce sera la tête basse pour plonger et, à chaque fois, pour remonter la tête haute !

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