Crise du retail au Maroc : Entre fermetures et pressions fiscales

Au cours des derniers mois, le Maroc a été confronté à des fermetures répétées de magasins, dues à une conjoncture économique morose qui affecte le pouvoir d’achat des ménages. Ces derniers, n’ayant pas les moyens de se rendre dans les centres commerciaux pour y acheter des produits, sont pénalisés. De plus, des loyers excessifs, qui ne tiennent pas compte de l’activité commerciale ni du taux de fréquentation, aggravent la situation.

La recrudescence des fermetures d’enseignes au sein du Royaume est principalement due à des loyers prohibitifs, inadaptés au cœur de l’activité commerciale. Cette situation est exacerbée par une diminution du pouvoir d’achat des ménages et par un système fiscal lourd. En conséquence, les magasins sont contraints de fermer, entraînant une hémorragie du tissu économique et des problèmes sociaux, les employés se retrouvant sans emploi. Les franchises sont souvent les premières touchées.

Les acteurs du secteur préconisent une vision à long terme, avec une stratégie s’étendant sur 30 ans, et l’implication des acteurs du marché. En plus, ils appellent l’État à faire preuve de solidarité et de s’inspirer de modèles réussis dans d’autres pays, tels que la Turquie, la Malaisie ou la Grèce. Une étude à long terme, impliquant les professionnels concernés, est recommandée pour une vision réaliste et durable. Les charges fiscales, notamment la taxe sur les royalties et la taxe professionnelle, exercent une pression considérable sur le chiffre d’affaires des enseignes marocaines, aggravant leur situation.

L’économie nationale est fragilisée par cet effet domino de fermetures de magasins et de franchises. Cet impact significatif nuit gravement à l’économie du Maroc, qui se trouve à un point crucial. Il est impératif d’adopter des mesures appropriées pour endiguer cette hémorragie.

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Prenons l’exemple d’International Retail Morocco, filiale du franchiseur saoudien Al Hokair. Seize magasins de cette filiale sont menacés de fermeture au Maroc. En effet, le franchiseur Al Hokair envisage de se retirer du pays en raison d’une législation peu favorable et de loyers prohibitifs. Cent quarante employés de ces seize magasins sont en sursis, dans l’attente de leur sort. La filiale marocaine est sur le point de déclarer faillite. Ces fermetures successives de franchises au Maroc représentent un problème social majeur : les employés de ces enseignes se retrouvent sans travail, sans ressources, et démunis face à la cherté de la vie. Cette situation dépasse le cadre économique.

Problématiques conjoncturelle et structurelle

Concernant les problématiques conjoncturelle et structurelle dans le commerce de détail, il existe deux enjeux majeurs. La baisse du pouvoir d’achat, résultant de crises successives telles que la pandémie de COVID-19, la guerre russo-ukrainienne et le conflit au Moyen-Orient entre Israël et le Hamas, constitue un défi conjoncturel. Depuis la crise du COVID-19, l’activité commerciale a fortement diminué. Les centres commerciaux, proposant une surabondance d’offres et des bailleurs ne respectant pas leurs engagements en termes de flux, exigent néanmoins des loyers exorbitants, entraînant des fermetures.

Il ressort de ces données que la baisse du pouvoir d’achat des ménages et la non-essentialité des produits commercialisés dans les centres commerciaux (généralement des vêtements, des chaussures, des lunettes, de la restauration) entraînent une diminution de l’activité et, par conséquent, de la fréquentation des malls.

Par ailleurs, on note une inadéquation entre le prix du loyer et le trafic d’une enseigne dans un centre commercial. Lorsqu’un Mall exige un certain niveau de loyer, ce dernier est fixé en fonction d’un flux potentiel de clients. Cependant l’implantation de magasins dans certains Malls qui exigent des niveaux élevés de loyers alors que l’activité ne suit pas, constitue une pierre d’achoppement à la réussite de ces enseignes. Les loyers sont exorbitants au sein de nouveaux malls. Cela constitue une problématique structurelle.

Cette situation inextricable pousse certaines enseignes à fermer boutique. Pour qu’un Mall marche bien, il faudrait que l’ensemble des enseignes marchent. Environ 30% de magasins finissent par fermer dans les nouveaux malls, ce qui entraîne une dégradation des infrastructures et, par prolongement, la baisse des flux et de l’activité. Créant un cycle économique vicieux bloquant ainsi le développement économique du Maroc.

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