De Boumediene à Tebboune, le feuilleton mensonger d’un régime en déliquescence

Par Hassan Alaoui

Depuis juillet 1962, invariablement, obstinément le régime militaire algérien érige le mensonge comme une doctrine d’État. D’abord à l’égard de son propre peuple, ensuite vis-à-vis de la communauté mondiale. Des livres, par centaines, des articles et témoignages par milliers n’ont jamais réussi à avoir raison de l’immense mensonge d’État algérien avéré dans une irréductible détermination à nous fourvoyer, notamment sur cette affaire du Sahara inventée par Boumediene et ses sycophantes dans le but d’empêcher le Maroc de parachever son intégrité territoriale et, dispendieux pétro-dollars à l’appui, à imposer l’hégémonisme algérien…Mensonge et vanité…

Passe encore que l’Algérie est le pays qui a inventé la démocratie dans le monde comme les Chinois la poudre. Passe encore qu’elle est la première puissance en Afrique ! Qu’elle est la seule à soutenir la cause palestinienne et en mesure de produire chaque jour désormais – promesse solennelle et farfelue de Tebboune devant la 78ème Assemblée générale des Nations unies – 1,3 Milliard de mètres cubes d’eau de mer dessalés, de quoi faire pâmer d’envie toutes les puissances du monde…De quoi susciter moqueries et stupéfaction ou l’ire de son propre peuple. Il n’y manquait, à coup sûr, que les sifflets des rares auditeurs présents dans une salle au cérémonial vidé de sa vocation et de sa dimension habituelle. Mais encore, oui pendant que l’on y est : le délire incandescent, l’ignorance absolue, la falsification des chiffres vrais, leur maquillage, et le mensonge d’État livré à un peuple désabusé.

De tout temps en effet, l’impudente tradition du mensonge a été la caractéristique essentielle du régime militaire algérien. Boumediene, arrivé au pouvoir un 19 juin 1965, en renversant Ahmed Ben Bella, chassant les leaders de la Révolution, instaurant une chape de plomb, assassinant la quasi-totalité des compagnons du FLN, avait cette exécrable propension  d’insulter le Maroc, dont le soutien à l’Algérie n’a jamais failli pendant la « guerre de libération » et dont les témoignages demeurent une pièce à conviction irrévocable. Si Boumediene et ses « camarades » ont feint d’oublier le précieux soutien du Maroc à leur cause, de Mohammed V et de Hassan II, ses successeurs semblaient s’inscrire dans la triste doctrine du reniement. Boumediene racontait à qui voulait l’entendre que le général Franco lui proposait de reprendre le « Sahara occidental » ! On tombe à la renverse en écoutant ce délire, parce qu’en 1963, Boumediene n’était pas encore à la tête de l’Algérie et son pays n’avait pas encore accompli deux ans d’indépendance –sorti à peine de la guerre des Sables – pour assumer une si lourde responsabilité territoriale, politique et géopolitique. 

Boumediene ne cessait de nous fourvoyer

Ces derniers mois, s’efforçant de nous faire prendre des vessies pour des lanternes, Abdelmajid Tebboune, âgé à cette époque d’à peine dix-huit ans, reprend la même antienne, et réaffirme, à son tour, cette fantasmagorie de Boumediene, chimère absurde. Il convient de souligner qu’à la même époque – à quelques semaines d’intervalle si l’on peut dire – le Roi Hassan II rencontrait dans une réunion au Sommet à l’aéroport de Barajas le général Franco pour, justement, ne parler que de la restitution au Maroc du Sahara occupé par l’Espagne. 

Boumediene et Tebboune, l’un ne connaissant jamais l’autre, ont tour à tour délibérément trompé leur peuple et se révèlent en somme de fieffés menteurs, deux fabulateurs incorrigibles. De la même manière, Boumediene ne cessait de nous fourvoyer en racontant que feu Hassan II lui aurait demandé d’utiliser une base militaire non loin de Tindouf pour lancer les FAR contre la Mauritanie et qu’il lui aurait opposé un « Non » catégorique, soulignant dans un piètre pathétisme que jamais « l’Algérie ne laisserait une puissance utiliser son territoire pour s’attaquer à la Mauritanie sœur ». A vrai dire, le même pathétique Boumediene, rendu furieux à la veille de la Marche verte, en octobre 1975, avait pressé le Président mauritanien Ould Daddah lors d’une entrevue orageuse non loin de Bechar pour exiger de lui, menace à l’appui et sous peine de l’agresser , de se désolidariser du Maroc – et donc du Roi Hassan II. 

Sans doute, dans un souci de vérité et de fidélité à l’histoire et à l’exigence de l’éthique devrions-nous rafraîchir la mémoire du Président Abdelmajid Tebboune et son Establishment politico-militaire que l’affaire du Sahara est d’abord une irrépressible frustration de Boumediene. Déniant, à l’époque, tout engagement de son pays, il l’avait fabriquée de toutes pièces cette affaire et,  sans se déjuger, jeté son dévolu sur un territoire marocain avec cette rage expansionniste dont nous subissons bien évidemment les conséquences. 

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Le gouvernement algérien avait conclu un important accord avec le groupe américain El Paso

Boumediene voulait son accès à l’Atlantique à la fois par besoin « d’espace vital » pour reprendre le vieux et démoniaque vœu d’un Hitler, et par une volonté expansionniste. Autrement dit par un encerclement territorial du Maroc sur ses flancs sud.  Feu Hassan II, qui avait bien compris cette vertigineuse « démesure » d’esprit lui avait pourtant proposé un couloir d’accès dans le but de faciliter le transit de minerai, de gaz et autres produits algériens destinés à traverser l’Atlantique…Mais le défunt président algérien, tout à son orgueil démesuré, rejeta l’offre…Il faut rappeler qu’à l’époque, à l’apogée du pouvoir de Boukharrouba –dixit Boumediene -, le gouvernement algérien avait conclu un important accord avec le groupe américain El Paso pour la fourniture de gaz et, pour ce faire, n’avait d’autre accès sur l’Atlantique que par le biais du Sahara. D’où la tentation de créer une entité fantoche, une pseudo république du Sahara, fantoche et mise sous sa coupe, non sans conséquences géopolitiques. Le Roi Hassan II, dont on connaît la suprême lucidité et la vaste culture comprit alors l’enjeu et crut même faire contre mauvaise fortune bon cœur en offrant à Boumediene l’accès à l’Atlantique par un couloir…

Tant et si bien que son lointain successeur dénommé Tebboune évoque le Sahara comme une revendication propre à l’Algérie, sans pudeur et toute honte bue. Autrement dit, par défaut psychanalytique en se l’appropriant tout simplement, je veux dire par un lapsus freudien qui nous interpelle. Exit le polisario donc qui est tout simplement relayé au dernier rang, devenu un paravent, disons un décor de Potemkine…

En juillet 1961, en pleine guerre d’Algérie, le Roi Hassan II avait reçu à Rabat un certain Ferhat Abbes, président du GPRA ( Gouvernement provisoire de la République algérienne) éliminé brutalement, avec lequel, outre le soutien du Maroc aux combattants du FLN, il avait conclu et signé un accord historique sur les frontières du Royaume que le leader algérien avait entériné, comprenant le Sahara marocain. Or, quelques mois après l’accession à l’indépendance, en octobre 1963, Ahmed Ben Bella, premier Président de la République algérienne, lança ses forces contre Figuig et déclencha ainsi la sinistre « guerre des Sables » à laquelle le Maroc avait vigoureusement riposté.

Cette guerre constituait non seulement une violation des accords signés auparavant, mais coûta à Ben Bella son poste puisque le 19 juin 1965, soit à peine deux ans après, Houari Boukharrouba – alias Boumediene – le destitua par un coup d’État militaire et l’emprisonna pendant deux décennies. Houari Boumediene avait été ensuite, en janvier 1969, invité à un Sommet bilatéral à Ifrane par le Roi Hassan II avec lequel il s’était longuement entretenu et avaient signé un Traité d’amitié, lequel théoriquement mettait fin au contentieux frontalier entre les deux pays. En vérité, un sentiment apocryphe dominait et imprégnait la relation maroco-algérienne, marquée au sceau de la duplicité et de la trahison. Boumediene reniait ses engagements, quand bien même il adoptait cette déplorable posture lors du Sommet arabe, organisé en 1974 à Rabat, où il affirmait son soutien solennel au Maroc devant les chefs d’État de la Ligue arabe, en déclarant que le Sahara était marocain et que son gouvernement le soutiendrait. Cette déclaration est consignée dans les archives du Sommet.

Depuis lors, un contexte nouveau est survenu, marqué par une longue bataille diplomatique, par la Marche verte, l’affrontement en février 1976 entre les FAR et l’armée algérienne à Amgalla, l’emprisonnement du capitaine…Saïd Chengriha – devenu aujourd’hui général caparaçonné dans ses galons et son vert kaki et – envie de revanche oblige – le plus fervent partisan de la guerre. Nous en sommes là, désormais, cette envie d’en découdre avec le voisin de l’ouest, « l’ennemi historique » qu’est le Maroc, ravage l’âme du pouvoir algérien. Chengriha le « va-t-en guerre » pousse à la roue, cherche à acquérir des armes partout, les mêmes ou plus que celles du Maroc, organise des Conseils de guerre, s’efforce de convaincre une opinion publique algérienne indifférente, un peuple peu convaincu du bien-fondé de l’affrontement avec son frère marocain…La junte algérienne s’est épuisée à acquérir des armes, avec un colossal budget de plus de 22 Milliards de dollars, soviétiques pour la plupart, usées même et jetées sous les pavés en affamant son peuple, se nourrissant des logomachies d’un président qui aura à la fois menti à son peuple et dérouté le monde entier. Il a promis l’entrée triomphale au sein des BRICS, payé le prix fort de 1,5 Milliard de dollars, mais essuyé un échec cuisant en retour. Par l’intermédiaire des dirigeants palestiniens – en catimini bien sûr – auxquels il a cru offrir, il y a un an, pas moins de 100 Millions de dollars, il cherche lui aussi la « normalisation » avec l’État d’Israël et entretient le mensonge le plus incurable.

Surenchère, sur fond de trahison devenu le triste blason d’un pouvoir désemparé, ayant perdu toute raison et tout sens de la Raison. La diplomatie suffirait-elle à maîtriser une telle dangereuse escalade ? …Nous en sommes là ! 

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